STRIVE - MILLENIAL T.2

2010 Nathalie, Sam, Stan et moi sommes assis au Starbucks, discutant de notre nouveau projet. Nous nous sommes organisés en collectif et nous travaillons les uns pour les autres depuis maintenant un an. Sam a déjà obtenu son diplôme en économie mais il nous prête main forte lors de nos tournages. Il s'est révélés être un chef-opérateur hors-pair, quand celui que nous avions, nous à fait faux-bon... À présent, hors de question de faire un film sans lui! C'est comme un porte-bonheur. Nathalie nous a rejoint il y a quelques mois, quand nous nous sommes rendu compte qu'elle partageait les mêmes cours que Stan et moi. Elle s'occupe essentiellement du son. Elle a aussi été d'une grande aide lorsque... quand je suis revenu sur le campus, il y a un an et demi... son écoute et sa bienveillance m'ont été salutaire. Je n'avais jamais expérimenter l'amitié avec une fille, et je dois reconnaitre que ça me surprends toujours de lui confier des choses sur moi, comme je le ferais avec Stan, mais au final, ça fonctionne assez bien entre nous.  Nathalie : " Normalement pour tourner au lac Tahoe, il faut une autorisation. Je me suis renseignée, ça peut durer des plombes, sans nous garantir un résultat positif. " dit-elle dépitée.  Stan : " On pourrait contourner les autorisations, en tournant très tôt le matin? Mais nous n'aurons que quelques heures, avant que les touristes n'arrivent, ainsi que les autorités par la même occasion... " Nathan : " Quand tu dis quelques heures, tu veux dire combien? " demandais-je intrigué.  Stan : " Entre cinq heures et sept heures du matin. " Nathan : " p****n! Rien que ça?! Il faudrait au moins une demi-journée pour cette séquence. " dis-je, ne cachant pas ma frustration.  Nathalie : " Et si au lieu de morceler les plans, on faisait un long plan séquence? " Stan : " Il faudrait qu'on ai répété à l'avance, et on a pas droit à l'erreur avec ce genre de plan. Si on rate, on recommence à zéro... c'est pas forcément une bonne idée si on veut gagner du temps..." Nathan : " On peut toujours y réfléchir... si on répète assez avec les acteurs et que nous aussi, on répète nos déplacements... arrivé sur place, on saura quoi faire et on pourra profiter des deux heures qui nous sont à partie... C'est une hypothèse qu'on ne peut pas mettre de côté. " J'ose la réflexion, car faire de longs plans séquences apporteraient une poésie supplémentaire à l'histoire. En réalité, d'un point de vue esthétique, ce serait brillant! Nous ne l'avions jamais fait, et cela m'intrigue beaucoup de l'expérimenter.  Sam : " À ces heures de la matinée, la lumière naturelle est parfaite. Il faudrait que je regarde la météo, mais je pense qu'on pourra se passer de lampe. " dit-il avec un sérieux qui nous surprend tous. Nous nous retournons dans sa direction pour être sûr de ce qu'il vient de dire. "Quoi? " dit-il, décontenancé.  Stan : " C'est juste que... t'entendre prononcer des mots, autres que : bite, nichon et fête...Je crois que je ne m'y habituerai jamais... " Sam : " Allez vous faire foutre. " dit-il prenant une gorgée de son latte, tout en s'enfonçant dans son siège.  Nous rions de bon coeur, avant de finir nos boissons. Je me sépare d'eux devant le café, et marche jusqu'à la fraternité. Dans quatre mois, je serais diplômé, et je commencerais une nouvelle étape dans la réalisation de mes objectifs. J'ai refusé, après mon échec au concours, de m'y représenté, malgré l'insistance de Matthew. Je n'avais plus envie de m'infliger ça... et surtout, je ne voulais pas avoir à croiser Rose... Depuis notre séparation, nous nous évitons. J'ai essayé de prendre contact avec elle, à mon retour de la Nouvelle Orléans, mais elle n'était plus à New Haven, et quand je suis revenu à L.A, elle était très occupée avec ses nouvelles fonctions à Dimmension Production. J'ai vite compris que je n'avais plus ma place dans son univers, malgré ce qu'elle m'avait promis. C'est à ce moment là, que Nathalie a été pour moi une véritable amie. J'étais dévasté, et en colère de n'avoir pu m'expliquer clairement. Quel gâchis! Toutes ses promesses que nous nous étions faites l'un à l'autre, tombées dans l'oublie en une fraction de seconde... L'installation de Timothy m'a permis d'avoir une échappatoire, lorsque je veux changer d'air et que les fêtes à la fraternité deviennent trop oppressantes, je m'évade chez lui et Éléonore. Ils se sont mariés l'été dernier, et maintenant ils vivent et travaillent à Pasadena. C'est à quelque kilomètre d'ici... ... Quand j'arrive dans la maison, certains étudiants regarde la télé dans le salon, pendant que la cuisine est prise d'assaut par des membres de l'équipe de foot qui test des sangria... Je m'apprête à monter dans ma chambre, quand un de mes camarades m'informe qu'une personne m'attend dans ma chambre. Je suis surpris car je n'attendais pas de visite, et je n'aime pas qu'on ouvre ma porte à la première personne qui dit avoir rendez-vous avec moi. Je me dirige sur le pallier, fébrile, inquiet de savoir ce que je vais trouver derrière ma porte, mais quand je l'ouvre, je suis soulagé.  Nathan : " p****n! " dis-je, expirant fortement. " Qu'est-que tu fais là? " Julian : " On avait rendez-vous. Tu avais oublié? J'ai demandé à t'attendre ici, car les autres faisait trop de bruit et ils commençaient à être un peu trop imbibés... et puis, je ne veux pas de témoin. " Nathan: " Personne ne sait qui tu es ici... commence pas à faire ta rock star! "  Julian : " Tu sais que je peux me barrer aussi! Non, parce-que j'ai plus à perdre que toi! Ni Lucy, ni Rose ne savent que je suis là, donc, garde tes sarcasmes pour toi. " Nathan : " Ok, ok... Comment tu as fais pour te libérer? " Julian : " Je leur ai dit que j'avais une répétition en dehors de la ville, pour que Rose me passe sa voiture et ne se doute de rien. Donc dépêche-toi de me dire ce pourquoi tu m'as laissé un message. Afin que je sache si ça valait le coup d'un mensonge. " Nathan : " Je suis sur un projet. Qui est très important, voir déterminant pour moi, c'est mon dernier film avant mon diplôme et il doit être parfait... " Julian : " Je suis ravi que tu t'ouvres à moi avec autant de liberté, mais je ne vois pas en quoi ça me regarde... " dit-il avec ironie.  Nathan : "J'aimerais que tu fasses la musique. " dis-je, sans tergiverser. Julian : " Tu veux qu'on collabore, toi et moi? " dit-il surpris.  Nathan : " Oui. " Julian : " Pourquoi? " Nathan : " Parce-que j'ai besoin d'un compositeur pour faire quelques chose de bien particulier et je ne connais que toi... je me suis souvenu de ce que tu avais fait pour la pièce, au lycée... " Julian : " Justement, tu m'avais dit si je me souviens bien que: c'était de la m***e et qu'entendre des chats miauler pour de la bouffe était plus mélodieux... si j'ai bien retranscrit." dit-il, avec incompréhension.  Nathan : " Décidément, tu as très bonne mémoire... Oui, j'ai dit ça, mais je ne le pensais pas. En tout cas, je ne le pense plus. J'ai vraiment besoin de ta musique pour ce film. Tu as tout le matériel et..." Julian : " ... et? " me coupe-t-il, avec espièglerie.  Nathan : " Tu es talentueux... " dis-je, entre mes dents.  Julian : " Quoi? Je n'ai pas entendu. " dit-il, avec un petit sourire. Passant sa main près de son oreille.  Nathan : " Tu es talentueux! Voilà! "  Julian : " Merci, Nathan, j'en suis profondément ému... mais c'est non. " dit-il, abruptement.  Nathan : " Pourquoi? " Julian : " Tu demande vraiment pourquoi? Rose Finley, ça te dit quelque chose? Si elle sait que je travaille avec toi, elle ne me le pardonnera jamais! " Nathan : " Tu n'es pas obligé de lui dire. " Julian : " Elle le saura, si tu comptes me mettre dans les crédits de ton film..." Nathan : " Ce n'est pas un problème, je ne te créditerai pas! " Il me regarde avec un air de dédain, n'appréciant pas cette perspective. "Non, c'est vrai, tu as raison, c'est stupide... " Julian : " Écoute, pour être honnête le projet que tu me propose, est très alléchant. J'ai toujours rêvé de faire la musique pour un film... " Nathan : " Tu vois, tu admets que le projet t'intéresse! " le coupais-je, pour le convaincre. Julian : " Oui, mais ce que ça engendrait comme complications... je ne sais pas si ça vaut le coup? " Nathan : " Écoute, je vais te donner une copie du scénario, tu vas le lire, et si tu ne veux toujours pas travailler dessus, je comprendrai... je ne veux pas interférer dans ta relation avec Rose. Tu es son meilleur ami et je respect ça. " dis-je, avec déférence.  Il me regarde avec une pointe de méfiance, quand je lui tend un exemplaire du scénario, mais il le met dans son sac, avant de se lever de mon lit, où il s'était assis.  Julian : " Je le lirai ce soir. Je t'enverrai un message pour te tenir au courant. " dit-il se dirigeant vers la porte.  Nathan : " Ok. Le tournage commence dans trois semaines. Avec la post-production, on a trois semaines de plus, tu aurais environ six semaines, si tu acceptais de te joindre à nous... voir un petit délai supplémentaire. Je ne le présenterai qu'en fin de semestre... " Julian : " Ok... " dit-il, évasif.  Alors qu'il est sur le bas de ma porte, je ne peux m'empêcher de lui poser la question. Nathan : " Comment elle va? Rose. Comment va-t-elle? " demande-ai-je peu assuré. Julian : " Tu as vraiment envie de rentrer dans ce genre de chose? " dit-il, d'un air désabusé. Je comprends qu'il a raison, que ça ne sert à rien de retourner le couteau dans la plaie, je dois tourner la page, et arrêter de m'intéresser à elle, pour penser au futur. Voyant ma déception, il se radoucit. " Tu la connais, elle fait comme-ci tout allait bien... mais toi et moi savons." répond-t-il, avant de fermer la porte derrière lui.  Je reste débout dans ma chambre. Assimilant toutes les informations que j'ai réussi à obtenir malgré tout, à son propos. Je ne voulais pas l'interroger sur elle, mais ça a été plus fort que moi... Je veux juste savoir si elle va bien. Je marche jusqu'à la fenêtre et observe au travers. Je vois Julian monter dans la voiture de Rose, démarrer, et rouler dans la rue opposée. La lune est cachée par les nuages et il fait si sombres, que je peine à déchiffrer les buissons qui se trouvent devant la fraternité. On dit que le temps résorbe les blessures, mais je ne sais pas. Il les rends moins vivaces, plus supportables mais il ne les guérit pas complètement. Il me reste quatre mois, après, je n'aurais plus d'espoir de la revoir, de la croiser... nous débuterons une nouvelle vie, où ni l'un ni l'autre n'aurons lieu d'y être...