Chapitre19

2503 Words
Tiziana J'étais au Cameroun depuis quelques heures seulement, mais je me sentais heureuse d'y être, même cela s'était décidé sur un coup de tête. Je me sentais sereine loin de tout. La famille de Caro était vraiment chaleureuse. La bonne humeur régnait actuellement dans la voiture. Les blagues fusaient de partout. Il y avait une belle entente entre eux. La maman de Caro était heureuse de retrouver ses deux enfants. Caroline m'avait expliqué que son père était décédé quand sa maman était enceinte d'elle. Sa maman ne s'était plus remariée et avait consacré sa vie à l'éducation de ses enfants. Elle s'était sacrifiée pour leurs études et Liam avait pris le relais dès qu'il avait commencé à travailler. Liam, que penser de lui ? Il était très gentil et accueillant, mais chaque fois que nos yeux se croisaient, exactement comme c’était le cas actuellement à travers le rétroviseur de sa voiture, je ne savais que penser. Je ne savais comment interpréter ce regard, cette lueur qui planait dans ses yeux me faisant me sentir autre chose. Je décidai simplement de détourner le regard. Au même moment, la sonnerie de son téléphone résonna dans l'habitacle de la voiture. - Liam Nganso, tu continues dans la bêtise ? demanda leur maman d'une voix qui me sembla irritée. Liam jeta un regard à sa mère avant de décrocher l'appel. - Bonjour chéri, je suis chez toi actuellement, mais je ne trouve personne, lança Lucile d'une voix gaie. - Bonjour Lucile, je suis actuellement dans la voiture avec les filles et maman. Nous arrivons. - D'accord, répondit Lucile d'une voix qui me sembla moins enthousiaste. - À tout à l'heure chérie, dit Liam avant de mettre un terme à l'appel. Liam gara dans le parking de leur résidence et nous descendîmes tous du véhicule. On déchargea la voiture des emplettes faites en journée et des provisions ramenées par la maman de Caroline. - T'es là depuis longtemps ? demanda Liam en s'approchant de Lucile pour un rapide b****r sur les lèvres. J'eus le temps d'apercevoir une lueur de contrarié, bien que furtive, sur le visage de leur maman. - Bienvenue maman Chantal, dit Lucile en maintenant la distance. Tiziana, Caroline, la journée a été ? - Bonsoir Lucile, nous répondîmes toutes les trois en chœur. Caroline et moi nous mîmes à ranger tout ce que nous avions rapporté. - Que mangeons-nous aujourd’hui ? dit Caroline en s’adressant à sa mère. - J’ai rapporté de l’igname et on pourrait sauter des légumes par exemple, répondit la maman de Caro en se levant de la chaise. - Non maman, tu dois être super fatiguée après le voyage, je vais m’en occuper, protesta Caro. - Je viens te donner un coup de main, dis-je en me levant promptement. Je n’avais pas envie de rester au salon avec les trois autres. L’atmosphère était à couper au couteau. - C’est quoi le problème entre ta mère et la copine de ton frère ? demandai-je à peine la porte de la cuisine refermée. - Je ne sais pas, répondit Caro en haussant les épaules. J’ai remarqué moi aussi qu’il y avait de la froideur entre elles. Je vais interroger maman… Caro dut interrompre sa phrase à cause de la sonnerie de mon téléphone. Je jetai un œil et vis que l’appel provenait de Giorgio. Caro lorgna mon téléphone et fit une drôle de grimace. - Oui, allô ? dis-je en décrochant l’appel. - Bonjour ma chérie, comment vas-tu ? As-tu fait un bon voyage ? demanda Giorgio d’une voix douce. Je sentais le regard scrutateur de Caro peser sur moi. - Je vais bien merci et toi ? Le voyage a été long, mais il a été agréable. - Ça me fait plaisir, répondit Giorgio. Je suis moi aussi en train de préparer mon voyage. Je vais finalement le faire tout seul. Davide n’a pas pu m’accompagner, continua Giorgio d’une voix mi-triste. Un sentiment de culpabilité m’envahit à ces mots. - Dommage que Davide n’ait pas pu se joindre à toi, dis-je d’une voix contrite. Caro fronça les sourcils et s’arrêta carrément pour me regarder. - Chérie, je suis sincèrement désolé pour ce qui nous arrive. À ton retour, on aura le temps de parler librement pour essayer d’aplanir la situation. - D’accord, répondis-je simplement. Nous étions en train de parler quand la porte de la cuisine s’ouvrit sur Liam. Son regard s’attarda un bref moment sur moi avant qu’il ne le reporte sur sa sœur. - Tout va bien ? demanda-t-il en observant sa sœur. - Oui, répondit Caroline. - Je venais prendre des verres et une bouteille d’eau. Il sortit de la cuisine et retourna au salon. - Qui était-ce ? demanda Giorgio d’une voix vive. - Euh, le frère de Caroline. Nous sommes logées chez lui. - Quoi ? Et pourquoi ? s’écria Giorgio d’une voix irritée. - Où se situe le problème Giorgio ? répondis-je sur le même ton. Il sembla prendre une bouffée d’air pour se calmer. - Il n’y a pas de problème ma chérie, parla enfin Giorgio d’une voix douce. Je suis tout simplement nerveux parce que tu me manques énormément, poursuivit-il en soupirant. On parla encore pendant quelques minutes toujours sous le regard inquisiteur de Caroline. - Je t’aime Tiziana, ne l’oublie pas je t’en prie, conclut Giorgio avant de raccrocher. - Bonne soirée Giorgio, répondis-je tout simplement. Je raccrochai et mis le téléphone dans ma poche. - Hum, maugréa Caroline. - C’est quoi Caro ? Je te rappelle que Giorgio n’est pas mon ennemi, lançai-je d’une voix partiellement excédée. - Pardon, pardon, répondit Caroline en riant et en levant les mains en signe de paix, je suppose que tu sais ce que tu fais, mais Tiziana, penses-y deux fois avant de lui accorder une autre chance, poursuivit Caro cette fois d’une voix grave. Son intonation me fit réfléchir un bref moment. - On devrait se mettre aux fourneaux si nous voulons manger ce soir, reprit Caroline d’une voix joyeuse comme si de rien n’était. - Que mangeons-nous ce soir ? demandai-je à Caroline. Carole m'expliqua que nous devrions simplement cuire de l'igname dans de l'eau et ce sera utilisé comme complément pour manger avec des légumes sautés appelés " folong". - C'est hyper bon, je vais tout de même faire un plat de pâtes pour toi, dit-elle en me faisant un sourire. - Mais non Caro, j'ai bien l'intention de manger tous vos plats, tu m'en as tellement parlé pendant le voyage. - T'es sûre ? demanda Caro avec un sourire aux lèvres. - Certaine ma belle, dis-je en lui rendant son sourire. Caroline était vraiment une chic fille. J'avais de la chance d'être son amie. Elle était venue à mon secours spontanément plus d'une fois sans même vraiment me connaître. On prépara le dîner en papotant gaiement. - T'as déjà parlé avec Alessandro ? demandai-je. - Non, répondit Caroline d'un air indécis. - Que se passe-t-il Caro ? demandai-je. Ce n'était pas la première fois que je notais cet air incertain quand on parlait d'Alessandro. - C'est compliqué Tiziana, je ne saurais comment te l'expliquer, répondit Caroline. - Essaie tout de même, l'incitai-je à s'ouvrir à moi. - On en parlera une autre fois, trancha Caroline en faisant mine d'être concentrée sur ce qu'elle faisait. On devrait faire la table, ce sera prêt d'ici peu. Tu pourrais déjà disposer le nécessaire sur la table. Je pris une nappe de table, des couverts et me rendis au salon. Liam conversait avec sa maman et Lucile, mais j'avais l'impression que toutes les deux avaient une posture fermée. Je retournai à la cuisine et avec Caroline, nous disposâmes les mets dans les assiettes. - C'est prêt, hurla Caroline en entrant au salon. Elle n'eut même pas le temps de terminer sa phrase que Lucile s'était déjà levée et installée à table. J'eus l'impression une fois de plus de voir une lueur de contrariété dans le regard de la maman de Caroline. Nous mangeâmes dams une drole d'ambiance. Caro et son frère s'étaient chargés de faire la conversation durant le repas. Liam de temps en temps échangeait avec Lucile. Il m'avait l'air moins tendu par rapport à hier. On dirait que sa colère était descendue. Certainement la nuit qu'ils avaient passée ensemble les avait réconciliés. J'ose imaginer ce qui a pu passer pour qu'il enterre ainsi la hache de guerre. - Chéri, je vais rentrer, dit Lucile en regardant Liam. - D'accord chérie, on va y aller, je te raccompagne. - Bonne soirée maman Chantal, lança Lucile à l'endroit de la maman de Liam. Aurevoir les filles. Liam prit ses clés et sortit avec Lucile. Il rentra des heures plus tard quand nous étions déjà endormies. Il avait laissé sa chambre à sa maman et avait décidé de dormir sur le canapé au salon. Les jours successifs se passèrent bien. Lucile n'était plus passée à la maison. Nous étions maintenant samedi matin. C'était l'euphorie dans la maison. Caroline m'avait fait confectionner une robe en tissu pagne pour la mairie. J'étais simplement émerveillée par mon vêtement, ses couleurs vives. Caroline et sa maman avaient, eux aussi, des vêtements faits dans le même tissu africain que le mien. - Sei troppo brella (t'es trop belle), me lança Caroline avec un large sourire. - Anche tu (toi aussi), lui répondis-je. Liam sortit à cet instant de la chambre. Il portait une chemise en tissu pagne qui lui allait à merveille. Elle épousait parfaitement son buste et ses bras musclés. J'eus de la peine à détacher mon regard du sien, surtout que lui aussi me détaillait ouvertement sans chercher à masquer son appréciation. - Le frère de qui ? hurla Caroline en faisant un petit sifflement joyeux à la vue de son frère. Liam esquissa un petit sourire qui lui donna un air extrêmement séduisant. Caroline m'avait expliqué que les mariages étaient généralement des journées marathon. On courait toute la journée. Le matin, la mairie. L'après-midi l'église pour ceux qui étaient croyants et la soirée dansante dans la nuit, et cela, jusqu'au petit matin. J'étais impatiente de vivre tout cela. - On y va ? demanda Liam en jetant un regard circulaire sur nous. Êtes-vous prêtes ? - Oui, nous répondîmes en chœur. Nous nous mîmes en chemin pour les festivités. - Lucile ne sera pas là ? demanda Caroline en regardant les invités. - Non, elle devait bosser. Elle viendra pour la soirée. Je me rendis compte à la mairie que la majeure partie des invités avaient des vêtements confectionnés avec le même tissu que le nôtre. Après la mairie, un saut dans la famille de la mariée. Il fallait ensuite se changer pour assister à l'église, après l'église, un vin d'honneur dans la famille du marié. Nous rentrâmes à la maison aux environs de 18 heures. J'étais simplement éreintée. Heureusement que Caroline m'avait prévenu d'apporter plus d'une robe pour l'occasion. - Mince, je suis déjà fatiguée pourtant nous en avons encore pour toute la nuit, s'exclama Caroline. - Haha, à qui le dis-tu ? repondis-je à Caroline en riant. On décida de se reposer un petit moment le temps pour nous de charger les batteries. - Les filles, soyez prêtes pour 20 heures je vous en prie, lança Liam en s'affaissant sur le divan au moment où nous disparaissions vers la chambre. Je m'endormis dès que je posai la tête sur l'oreiller. - Tiziana, Tiziana, lève-toi, me secoua gentiment Caroline. Je me frottai les yeux un long moment avant de les ouvrir totalement. Je fis une longue douche et fus immédiatement remplacée par Caroline. On se prépara ensemble pour la soirée. - Wouah, j'adore ta robe, me complimenta Caroline. - La tienne est super belle aussi, lui répondis-je. On se maquilla rapidement et à 20 heures tapantes, nous étions prêtes. Nous étions maintenant au salon et attendions Liam et sa maman. Liam sortit des toilettes à ce moment et mon regard croisa le sien. Nous restâmes à nous fixer dans les yeux pendant qu'il s'approchait à pas lents. Il était simplement magnifique dans ce costume qui avait l'air cousu directement sur lui. Il arriva à ma hauteur pendant que Caroline se levait du fauteuil où elle était installée. - Wouah, vous êtes simplement sensationnelles, dit Liam en souriant. - Merci, répondis-je en même temps que Caroline. Mon regard croisa le sien à cet instant et nous restâmes accrochés l'un à l'autre pendant de longues secondes. - Je vais vérifier si maman est prête, lança Caroline en s'éloignant vers la chambre de Liam. Je restai avec Liam à nous regarder un long moment, un certain embarras régnait entre nous. - J'espère que maman est prête, lâcha-t-il pour détendre l'atmosphère. Je ne savais que répondre sincèrement. Caroline et sa maman nous rejoignirent à cet instant, mettant ainsi un terme à cette situation assez gênante. Nous nous installâmes rapidement dans la voiture. - Nous allons faire un saut chez Lucile pour la prendre. Nous roulâmes pendant près d'une demi-heure et Liam gara enfin au pied d'un immeuble qui me sembla moderne et chic. - Elle habite ici ? demanda la maman de Caroline d'un air hébété. - Oui, répondit simplement Liam en prenant son téléphone. Il lança visiblement l'appel vers le numéro de Lucile car la sonnerie retentit dans l'habitacle de la voiture. - Nous sommes en bas chérie, dit Liam. - J'arrive bébé, je suis presque prête. Nous restâmes dans la voiture à l'attendre près d'une demi-heure. - Ne lui as-tu pas dit à quelle heure nous allions passer la prendre ? demanda la maman de Liam d'une voix excédée. - Je vais aller vérifier, lança Liam d'une voix embarrassée en détachant sa ceinture. Il descendit ensuite de voiture et se dirigea vers l'entrée de l'immeuble. La maman de Liam parla à Caroline en dialecte. Elles discutèrent de brèves minutes. Liam se présenta avec Lucile près de vingt minutes plus tard. - Désolée, lança Lucile négligemment en s'installa dans la voiture. Nous reprîmes le chemin pour nous rendre à la salle de fête. Nous arrivâmes qu'il était plus de 22 h, mais étrangement, la salle n'était pleine qu'à moitié. Nous présentâmes nos différents billets et des hôtesses nous menèrent vers nos tables respectives. J'étais assise avec Liam, Lucile et Caroline tandis que la maman de Caroline rejoignait certains membres de leur famille. La soirée se déroula assez bien. Les mariés arrivèrent aux environs de 23 h. Le buffet fut rapidement ouvert. Les mariés firent le tour d'honneur déclarant ainsi la piste de danse libre. Caroline insista pour que nous dansions ensemble. Je me levai et la suivis un peu à contrecœur. Je me sentais tellement gauche quand je voyais tous ces danseurs qui se trémoussaient au rythme de leurs musiques. Le premier moment de gêne passé, je me laissai moi aussi aller et m'éclatai comme une folle. - Je vais m'asseoir, j'ai déjà mal aux jambes, chuchotai-je à l'oreille de Caroline. - Je viens avec toi, répondit Caroline. Nous retournâmes à notre table et la place près de Liam était vide.
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