Chapitre2

2157 Words
Tiziana J'étais maintenant installée dans la voiture de Giorgio et ce dernier était concentré à conduire. Je jetai de temps en temps des coups d’œil à son profil. Il tourna la tête vers moi et me fit un large sourire. Je lui répondis de manière assez crispée avant de tourner la tête vers la vitre. Je ne me sentais pas tellement à l'aise dans cette robe que j'avais enfilée. J'avais eu envie ce soir de me sentir sexy, mais malheureusement Giorgio s'y était opposé. Ce n'était pas la première fois que je vivais ce genre de scène avec lui. - Ça va bébé ? demanda Giorgio en me prenant la main et en y faisant un baisemain. - Ça va, répondis-je en forçant le sourire. - T'es fâchée ? demanda Giorgio en attardant le regard sur moi. - Non, dis-je en tournant la tête vers la vitre. Le reste du trajet se fit dans un silence assez lourd. Giorgio gara la voiture devant le restaurant " La fenice". Nous avons déjà eu l'occasion d'y dîner à plusieurs reprises et les prix étaient abordables. - Abbiamo prenotato un tavolo per otto al nome di Braga (nous avons réservé une table de huit personnes sous le nom de Braga), dit Giorgio au serveur qui vint à notre rencontre. Braga était le nom de famille de Giorgio. - D'accord, veuillez me suivre je vous prie. Nous suivîmes le serveur qui nous conduisit vers une table déjà dressée pour huit personnes. - Vous voulez que je vous apporte à boire ou vous préférez attendre vos amis avant de commander ? - Que faisons-nous ? demanda Giorgio en me regardant. J'haussais simplement les épaules. Cette soiréee que j'avais tant attendue n'avait plus de valeur à mes yeux. - Nous préférons attendre, dit Giorgio en se tournant vers le serveur. Ce dernier s'éloigna et un léger embarras s'installa à notre table. Je regardai partout autour de moi en évitant de croiser le regard de Giorgio. - Ehi Giorgio, Tiziana, vous êtes déjà là ? s’écria Rebecca en venant à notre rencontre. - Buongiorno cari miei, s'exclama Giorgio avec un large sourire. Il fit ensuite une bise à Rebecca et échangea une franche poignée de main avec Davide, le copain de Rebecca. Je me levai à mon tour pour saluer nos amis quand mon regard tomba sur la silhouette de Rebecca. Un petit malaise prit forme en moi. Elle était sexy sans être vulgaire, exactement comme j'avais pensé m'habiller tout à l'heure. - Salut ma belle, dit Rebecca avec un sourire, en attardant tout de même le regard sur mes vêtements. - Salut Rebecca, répondis-je en échangeant une bise avec elle. Je fis de même avec Davide avant de retourner à ma place. Quelques minutes plus tard, nous rejoignirent Carmela et Andrea, Isabella et Stéfano. L'élégance et la classe de ces filles accentuèrent mon malaise. J'en voulais un peu à Giorgio d'être aussi retro. Je me sentais vraiment comme un poisson hors de l'eau. Ils étaient tous des amis, anciens camarades de fac de Giorgio ou simplement copines des amis de Giorgio. Je les connaissais depuis que j'étais en couple avec Giorgio et je devais admettre que le courant passait assez bien entre nous, même s'il fallait reconnaitre que je me sentais parfois de trop quand ils abordaient des sujets qui avaient eu lieu avant que je ne fasse leur connaissance. La dîner au restaurant se déroula dans une ambiance bon enfant. Les blagues et les rires fusaient de partout. - C'est l'accent de toute une région, s'écria Giorgio d'un air hilaire en mimant mon accent. - Haha bébé, tu t'en souviens encore? lançai-je en éclatant de rire. - Comment l'oublier mon amour ? rétorqua Giorgio en riant. Giorgio narrait à nos amis une anecdote me concernant. Provenant du Sud de l'Italie, j'avais un accent assez prononcé, bien diffèrent de celui des habitants du nord du pays. J'étais très souvent objet de railleries et je devais parfois répéter une phrase plusieurs fois avant de réussir à me faire comprendre. - Madame, quel drôle d'accent vous avez là, m'avait dit la caissière du supermarché d'un air légèrement dédaigneux. - C'est l'accent de toute une région, lui avais-je répondu orgueilleusement. Giorgio qui m’accompagnait ce jour-là avait éclaté de rire mettant ainsi la caissière dans l'embarras. Eh oui, mes chères, il faut toujours être fiers de ses origines. Cette petite narration de ma "mésaventure" contribua à dissiper la tension qui s'était créée entre Giorgio et moi. Après le repas, nous étions restés à papoter pendant près d'une heure avant de nous décider enfin à libérer les lieux. J'étais actuellement assise dans la voiture avec Giorgio et nous nous dirigions en file indienne vers la discothèque. L'atmosphère dans la voiture était maintenant complètement différente de celle de l'aller. Nous étions de bonne humeur, l'amour et la quiétude avaient repris leurs droits. Je sentis la vibration de mon téléphone qui se trouvait à l'intérieur de mon sac. J’étais heureuse que cette douce musique qui se jouait à l’intérieur de la voiture masque le bruit de la sonnerie. - Je pense que ton téléphone est un train de sonner, lança Giorgio en se tournant vers moi. Son visage jovial de tout à l'heure était immédiatement remplacé par une mine austère. - Euh, je sais, je vais répondre plus tard, répondis-je en essayant de prendre une expression sereine. - Pourquoi ne réponds-tu pas maintenant ? As-tu quelque chose à cacher ? continua Giorgio sans se départir de sa mine sévère. - Mais non, qu'est-ce que tu racontes ? m'exclamai-je d'une voix choquée. J'avais déjà eu l'occasion au préalable de jeter un œil à ma smartwatch qui était connectée à mon téléphone et je m'étais aperçue que l'appel provenait de mon cousin Matteo. Mais connaissant Giorgio, j'avais préféré ne pas répondre à l'appel pour éviter un motif ultérieur de dispute. - Bah répond donc ? s'exclama Giorgio d'un air soupçonneux. Je me décidai donc à répondre à l'appel. - Coucou Matteo, ça va ? - Salut Tiziana, je vais bien et toi cugina (cousine) ? demanda Matteo d'un ton jovial. Matteo était le fils du grand frère de mon père. Comme beaucoup de familles italiennes, nous avons grandi dans l'immeuble appartenant à mon grand-père. Ma famille occupait le rez-de-chaussée tandis que celle de Matteo occupait le premier étage. Nous avions une relation quasi fusionnelle, car nous étions nés la même année. Nous avons fréquenté la même école au primaire et au secondaire. J'avais continué ensuite avec les études universitaires tandis que Matteo avait préféré se jeter immédiatement dans le monde du travail. - Je vais bien, lui répondis-je d'une voix assez crispée. - Je te dérange ? demanda Matteo. - Euh, pas du tout, rétorquai-je. - T'es avec ton taré de copain, c'est ça ? demanda Matteo d'une voix moqueuse. - Matte ! m'écriai-je d'un air faussement offusqué pendant que ce dernier éclatait de rire. Matteo n'avait jamais eu l'occasion de rencontrer Giorgio, mais il avait remarqué mon malaise chaque fois qu'il appelait et que j'étais en compagnie de Giorgio. - C'est quoi son problème à ce mec ? demanda Matteo d'une voix légèrement irritée cette fois. - Matte, on se parle demain, nous sommes presque arrivés en discothèque. Ce qui était totalement vrai, car Giorgio était en train de manœuvrer pour garer la voiture. - Que voulait-il ? demanda Giorgio après avoir immobilisé la voiture. - Je ne sais pas, nous n'avons pas eu l'occasion de parler, je le rappellerai demain, répondis-je en essayant d'ouvrir la portière de la voiture. - Pourquoi ne pas l'avoir fait maintenant ? demanda Giorgio en posant une main ferme sur la mienne. - Giorgio, ça suffit. Tu ne vas pas plomber l'ambiance ! Essayons de nous amuser ce soir, bref, dans la mesure du possible, répondis-je d'une voix excédée en me dégageant de son emprise et en sortant de la voiture. Il sortit à son tour du véhicule et le contourna rapidement. - Désolée d'être parfois aussi chiant bébé, tu sais que je t'aime n'est-ce pas ? Et je ne veux en aucun cas te perdre, murmura Giorgio d'une voix douce en me serrant contre lui. Je me laissai simplement aller à son étreinte et il me relacha enfin. - Nous devrions y aller, nos amis nous attendent, répondis-je simplement en me tournant vers les autres qui étaient tous positionnés devant l'entrée de la discothèque et qui visiblement, nous attendaient. "Nos amis nous attendent" avais-je dit. "Tes amis nous attendent" aurais-je dû dire. Car effectivement, ils étaient tous des amis de Giorgio. Je n'avais pas d'amis dans cette ville où je m'étais installée il y'a plus de trois ans. - Tout va bien ? demanda Davide en nous observant attentivement. - Oui, tout va bien, répondit Giorgio d'une voix joyeuse. Nous nous dirigeâmes vers l'entrée de la discothèque. Les garçons se rapprochèrent des caisses pour régler l'entrée pendant que nous attendions. Ils nous rejoignirent par la suite et nous pûmes enfin rentrer dans la discothèque. Les lumières étaient aveuglantes tandis que la musique était assourdissante. Nous nous installâmes et commandâmes rapidement quelque chose à boire. - Les filles, on se bouge, hurla Rebecca d'une voix joyeuse. Les autres filles se levèrent en flèche et je fis de même. On rejoignit la piste de danse en nous trémoussant. Quelques minutes plus tard, je sentis des bras vigoureux m'encercler la taille et le parfum de Giorgio envahit mes narines. Le reste de la soirée se déroula ainsi. Je m'étais tout de même divertie, bien que j'avais ce sentiment mitigé de frustration en moi. Je n'avais pratiquement dansé qu'avec Giorgio, tandis que les autres filles qui nous accompagnaient avaient dansé de temps en temps entre elles et parfois avec leurs copains respectifs. J'aurais aimé moi aussi me joindre à elles quelques fois. Nous nous séparâmes avec nos amis devant la discothèque. - Merci les amis, nous avons passé une bonne soirée, dit Giorgio. Après les embrassades d'usage, chaque couple regagna son véhicule. J'étais à présent assise dans la voiture de Giorgio. J'avais le regard tourné vers la fenêtre et observais le paysage qui défilait devant moi. Je sentais de temps en temps le regard de Giorgio peser sur moi. - Ça va poussin ? demanda-t-il. - Ça va, répondis-je d'une voix neutre. Le reste du trajet se fit dans le silence. J'entrai dans l'appartement de Giorgio toujours sans piper mot. Je me rendis aux toilettes pour me démaquiller et enfiler mon pyjama. Je me mis immédiatement sous les couvertures et fus rejointe quelques minutes plus tard par Giorgio. Je lui tournai obstinément le dos. - Chérie, j'ai l'impression que tu es fâchée, dit Giorgio d'une voix douce. S'il te plaît, dis quelque chose. - Giorgio, que voudrais-tu que je te dise ? répondis-je d'une voix désabusée. - Chérie, je sais que tu es colère. Tu sais que je suis ainsi parce que je t'aime n'est-ce pas ? Je n'aime pas quand tu t'habilles de manière légère. - De manière légère tu dis ? Comment étaient habillées les copines de tes amis ? Mon habillement était parfaitement adéquat pour la circonstance ! m'exclamai-je. En plus, tu étais pratiquement une seconde peau pendant toute la soirée, j'avais parfois l'impression d'étouffer. - Je sais bébé, je sais. Tu as parfaitement raison, pardonne-moi, mais c'est plus fort que moi. Je promets de faire des efforts chérie, dit Giorgio d'une voix contrite. - Tu dis toujours la même chose Giorgio, m'exclamai-je d'un ton dépité. - Je sais bébé, pardonne-moi, murmura Giorgio d'un air suppliant. Je soupirai simplement et ne répondis pas à sa supplication. Giorgio m'attira vers lui et me serra très fort dans ses bras. - Bébé, je te promets que j'ai compris, pardonne-moi. Il me fit ensuite un b****r sur le front et resserra son étreinte. Je me laissai finalement aller et on s'endormit ainsi dans les bras l'un de l'autre. La journée de dimanche se déroula dans la quiétude. J'étais encore un peu remontée contre Giorgio en début de matinée, mais il sut me dérider avec ses blagues idiotes. Il avait maintenu un regard implorant toute la matinée. Je lâchai finalement prise et on passa une belle journée. - Bébé, je vais y aller, je commence très tôt demain matin, dis-je en regardant ma montre. - T'as raison, il est déjà 20 h là, rétorqua Giorgio. Il prit ma valise et me raccompagna à ma voiture. Il me prit dans ses bras et on échangea un b****r fougueux. - Je t'aime chérie, murmura Giorgio contre mes lèvres. - Je t'aime aussi, marmonnai-je. Je montai finalement dans la voiture et m'éloignai après lui avoir lancé un b****r lointain de la main. Je roulai tranquillement dans les rues désertes de Brescia à cette heure de la nuit et rejoignis rapidement mon quartier. J'arrivai au pied de mon immeuble et remarquai que la pancarte "Appartement à louer" avait été enlevée. L'agence immobilière avait apparemment trouvé un locataire pour l'appartement en face du mien.
Free reading for new users
Scan code to download app
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Writer
  • chap_listContents
  • likeADD