Chapitre 7

1933 Words
Caroline J’étais rentrée à la maison toute chamboulée après le b****r que j'avais échangé avec Alessandro. J'avais noté son intérêt dès les premiers jours de classe. J'étais fraichement arrivée du Cameroun et j'avais de la peine à m'exprimer en italien. Il est certes vrai que j'avais eu à faire des cours d'italien au Cameroun avant de venir en Italie, mais j'avais eu l'impression les premiers jours que c’était du chinois qu'ils parlaient. Alessandro s'était rapproché de moi dès le premier jour et s'était présenté à moi. J'avais fait de même. Il s'était montré disponible à m'aider en cas de besoin. En effet, je m'étais beaucoup appuyée sur lui pendant les premiers mois et par la suite était née une belle amitié. Alessandro avait quelques mois plus tard manifesté son intérêt vis-à-vis de moi. Il m'avait dit avoir été attiré par moi dès le premier jour. Je l'avais gentiment repoussé en lui faisant comprendre que je n'étais pas intéressée à une quelconque relation avec lui. Il avait semblé l'accepter sans faire trop de problèmes, mais je savais au fond de moi qu'il n'y avait pas totalement renoncé. Durant ces cinq années qu'avait duré notre cycle scolaire, il avait eu quelques petites amies qui m'avaient pour la majeure partie prise en grippe. De mon côté, j'avais commencé une relation avec Thomas, un étudiant camerounais qui avait duré près de deux ans et nous avions rompu il y a de cela quelques mois. J'avais par la suite décidé de me concentrer sur mes études, car je commençais la cinquième année de médecine. L'année prochaine, c'étaient les derniers examens et la thèse. Je n'avais pas envie de me disperser; d'ailleurs, aucun homme ne me plaisait vraiment... à part Alessandro... Je roulais en pensant à ces cinq dernières années que j'avais passé à éviter de me retrouver dans ce genre de situation avec Alessandro. J'avais su rester proche de lui tout en évitant les situations inconfortables. Je garai la voiture et en descendis. Je montai les marches qui menaient à mon appartement quand je me sentis bousculée. Je levai la tête quand mon regard croisa celui de Tiziana. - Désolée, dis-je en essayant de poursuivre mon chemin. J'avais eu l'occasion de la croiser quelques fois et j'avais toujours évité de la saluer, à moins de n'avoir pas vraiment le choix. Je ne digérais toujours pas le fait qu'elle m'ait pratiquement mise à la porte de son appartement. Toutes les fois que nous nous étions croisées, j'avais cru lire de l'embarras dans son regard, mais j'avais préféré l'ignorer. - Bonjour Caroline, dit Tiziana en me retenant par le regard. Tu vas bien ? Tu ne m'as pas l'air dans ton assiette. - Je vais bien merci, répondis-je simplement en poursuivant mon chemin. J'étais venue dans ce pays pour des études et je n'avais pas envie de me lier aux personnes étranges. J'avais espéré que l'on puisse être amies, mais ce n'était apparemment pas le cas. Je rentrai à la maison et m'étendis sur mon lit. Mon téléphone me signala l'arrivée d'un message. Je jetai un coup d’œil et vis qu'il était d’Alessandro. Je décidai de ne pas répondre, mais la curiosité fut la plus forte. Je ne voulais pas l'ouvrir sachant qu'il était encore en ligne. " Salut Caro, j'espère ne pas te déranger. Je voudrais que tu saches que j'ai été heureux de passer ce moment avec toi et j'espère qu'il en est de même pour toi". Je lus et relus le message à plusieurs reprises et décidai finalement de ne pas y répondre. Que pouvais-je lui répondre ? Que j'avais apprécié les moments passés en sa compagnie ? Que je les appréciais un peu trop d'ailleurs, et cela, contre ma volonté ? Comment allais-je faire pour maintenir ce masque d'indifférence que j'avais toujours su lui présenter après l'avoir laissé m'embrasser ? Que dis-je ? Après avoir répondu et apprécié son baiser... Mon téléphone me signala l'arrivée d'un autre message, j'osai jeter un œil et vis qu'il provenait de Thomas, mon ex. Je le jetai carrément loin de moi. Tiziana J'étais actuellement au volant de ma voiture et je me rendais au boulot. J'avais croisé Caroline au moment de sortir de mon appartement et comme toutes les autres fois que je l'avais croisée après l'incident dans mon appartement, un sentiment de honte m'envahissait. La pauvre, elle avait simplement essayé de me retourner ma gentillesse et je l'avais pratiquement mise à la porte. Elle m'avait regardée d'un air hagard quand je l'avais saluée tout à l'heure, elle m'avait répondu sèchement avant de poursuivre son chemin. J'étais arrivée au boulot et je m'étais précipitée vers les vestiaires pour me changer. Je devais commencer à 14 heures et il était déjà 13 h 45. J'étais sortie de la maison vraiment à la limite de l'heure. Je troquai rapidement mes vêtements de ville contre mon uniforme de travail et montai rapidement vers le service. Je trouvai Maura, ma collègue de travail et "amie" à m'attendre. - Ah, te voilà ma belle, dit Maura avec un sourire en venant vers moi. Je tenais à préciser que Maura était une amie simplement parce que nous avions une forte affinité, mais malheureusement, avec nos horaires de travail et pour des raisons que vous connaissez déjà, nous ne réussissions jamais à nous voir hors des murs de la clinique. - Scusami cara mia (excuse-moi ma chère), mais je suis sortie de la maison à la dernière minute, je ne saurais te dire que ce que j'ai fait de toute la matinée. - Haha, c'est toujours ainsi, on pense toujours avec tout le temps du monde et on se retrouve toujours à courir à la dernière minute, rétorqua Maura avec bienveillance. En fait, c'est juste que je dois amener la petite chez le pédiatre. - Tu as raison, dis-je en me frappant légèrement le front, j'ai complètement oublié. Maura m'avait demandé d'arriver quelques minutes avant le début de mon tour de service afin qu'elle puisse se libérer juste à temps, car parfois les consignes entre collègues pouvaient prendre de longues minutes. Maura était mariée et maman d'une fillette de cinq ans. - Ce n'est pas grave, je réussis encore à arriver à temps à notre rendez-vous, dit Maura en souriant. Elle me passa rapidement les consignes sur le tour de service et nous nous séparâmes finalement. Je travaillai l'après-midi sans relâche et 21 h arriva très rapidement et je pus enfin rentrer chez moi. Je sortis de l’hôpital avec soulagement, car même si j'adorais ce que je faisais, travailler ainsi des heures d'affilées sans relâche était épuisant psychologiquement. Je rentrai à la maison et eus l'agréable surprise de trouver la voiture de Giorgio garée devant la maison. Je sortis de la voiture au pas de course et ne trouvai aucune trace de Giorgio devant la maison. Je pris mon téléphone et l'appelai immédiatement. - T'es où bébé ? - T'as vu la voiture ? Je suis au bar juste au coin de la rue, je te rejoins tout de suite. J'ouvris la porte d'entrée et montai à mon appartement. J'étais sur le point d’insérer la clé dans la serrure quand j'entendis la sonnette retentir de l’intérieur de l’appartement. Giorgio avait apparemment fini. Je me précipitai à l’intérieur de l'appartement et appuyai le bouton qui permettait le déverrouillage de la porte d’entrée de l'immeuble. Giorgio se présenta à moi quelques minutes plus tard avec un large sourire aux lèvres. - Bonsoir bébé, dit-il après avoir dévoré mes lèvres pendant de longues secondes. - Bonsoir mon amour, répondis-je avec un large sourire. La relation avec Giorgio était au beau fixe depuis quelques semaines. Il avait promis d'essayer de contenir sa colère et sa jalousie et tout se passait au mieux. Depuis le fameux épisode durant lequel il m'avait brutalisée au niveau du poignet, mon bébé s'était excusé et il était désormais tout sucre tout miel, et cela, pour mon plus grand bonheur. Il était rare qu'on se voit en semaine, mais il lui arrivait parfois de débarquer ainsi à mon appartement pour me faire la surprise. - Tu as mangé ? demanda Giorgio. - Oui, j'ai grignoté quelque chose vers la fin de mon tour de travail, et toi ? - Oui, j'ai mangé avant de venir, répondit Giorgio avec un sourire. - Je pensais faire du thé, t'en veux ? dis-je en me dirigeant vers la cuisine. - Volontiers bébé, répondit Giorgio. Je me rendis à la cuisine et mis de l'eau à bouillir. J'y mis quelques sachets de thé vert et je rejoignis Giorgio au salon. Je posai le plateau sur la table et nous servis du thé accompagné de quelques biscuits. Je m'installai ensuite confortablement contre mon bébé. On papota pendant qu'un film passait en fond sonore. - Je suis crevé bébé, je suis passé simplement parce que je mourrais d'envie de te voir, dit Giorgio en me donnant un b****r. - T'as bien fait chéri, répondis-je avec un large sourire. Tu pourrais dormir ici et partir d'ici pour le boulot. C'est un peu égoïste de ma part, car demain, pendant que tu devras te lever tôt, je serai encore en train de dormir comme une marmotte. - Haha, t'inquiète bébé, j'essayerai de ne pas trop te maudire, rétorqua Giorgio en riant. Nous nous rendîmes par la suite dans la chambre et nous débarbouillâmes rapidement, la minute d'après, nous étions installés au lit, lovés l'un contre l'autre. - Bonne nuit amour, dit Giorgio en bâillant. - Bonne nuit bébé, répondis-je en lui donnant un b****r sur le menton. La respiration de Giorgio devint rapidement régulière pendant que je peinais à trouver le sommeil. J'étais profondément endormie quand la vibration insistante de mon téléphone me tira rapidement de mon sommeil. Je me redressai du lit en me frottant les yeux. Ma main se posa sur la place qu'avait occupé Giorgio et je me rendis compte qu'elle était vide. - Allô, dis-je d'une voix encore partiellement endormie en décrochant le téléphone. - Hé cousine, que fais-tu au lit à cette heure ? entendis-je voix joyeuse de mon cousin à l'autre bout de la ligne. Ne sais-tu pas que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt ? - Haha, je me lève souvent tôt les autres jours, permets-moi de faire tranquillement ma grasse matinée de temps en temps, répondis-je en éclatant de rire. - Haha, t'es une grosse paresseuse, avoue-le ! s'exclama mon cousin Matteo en riant à son tour. - QUI EST-CE ? entendis-je une voix glaciale dans mon dos. Une sensation désagréable envahit mon être entier. Je me retournai lentement et fis face à un Giorgio dont les traits étaient déformés par la colère. Je décidai de raccrocher immédiatement le téléphone, car je voulais épargner à Matteo la scène qui m'attendait. - Euh, euh, c'est mon cousin Matteo, répondis-je. - ET POURQUOI T'APPELLE-T-IL À CETTE HEURE ? tonna Giorgio. - Giorgio, je ne vois pas pourq... Je n'eus pas le temps de finir ma phrase que je me sentis projetée vers le lit par une gifle monumentale. - Aie, Giorgio, que fais-tu ? hurlai-je en essayant de me redresser sur le lit. - Je t'ai posé une question, pourquoi t'appelle-t-il à cette heure ? dit Giorgio hors de lui. - Giorgio, ça suffit ! dis-je d'une voix ferme. - Tu la fermes, tu la fermes, hurla Giorgio en se rapprochant dangereusement de moi. Je poussai un cri strident quand mon regard rencontra celui vitreux de Giorgio. Il continuait à se rapprocher de moi avec le regard vide. Je poussai un autre cri et j'entendis quelques secondes plus tard tambouriner à la porte d'entrée de l'appartement.
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