Chapitre 5

1901 Words
Caroline J’avais passé une belle soirée avec Tiziana. Elle me semblait assez sympathique. Je devais admettre que sa réaction quand son téléphone avait sonné m’avait laissée un peu perplexe. J’avais eu l’impression qu’elle était au bord de la panique et elle était ensuite sortie précipitamment de mon appartement. Nous nous étions croisées par la suite et elle m’avait saluée un peu froidement, mais je lui avais répondu chaleureusement. Notre immeuble contenait six appartements, certains de ses occupants m’ignoraient carrément, d’autres me saluaient poliment, mais Tiziana avait été la seule à se comporter de manière chaleureuse vis-à-vis de moi. Déjà dès le premier jour, elle m’avait proposé de l’aide pour monter mes cartons, elle avait ensuite été la seule à me souhaiter la bienvenue et de surcroît avec un gâteau ! Nous étions samedi après-midi, je l’avais vue rentrer dans son appartement il y’a près deux heures. Je devais commencer mon service au fast-food dans trois heures, j’avais tout de même le temps pour lui faire un coucou. J’étais sur le point de sortir de mon appartement quand je reçus un coup de fil. - Hello grand-frère, comment vas-tu ? C'était Liam, mon grand-frère qui m'appelait depuis le Cameroun. - Je vais bien et toi ? Tu as pu trouver un billet ? - Toujours pas, lui répondis-je d'une voix désabusée. Les prix me donnent le mal de tête. - Haha, je t'ai déjà dit que je pourrais te donner un coup de main, je ne sais pas pourquoi tu t'obstines autant. - C'est non Liam. C'est non ! Je vais me débrouiller toute seule, tu es as déjà fait assez. - C'est bon madame l'indépendante, je te laisse te débrouiller toute seule. - Haha, madame l'indépendante, haha. On resta encore à papoter quelques minutes avant de raccrocher. Cela faisait exactement un mois que je cherchais un vol à prix abordable pour le Cameroun et les prix proposés avaient tous été hors portée. Ma cousine et meilleure amie Gabrielle se mariait dans deux mois et je désespérais de pouvoir y assister. Le comble était que ma cousine avait décidé de se marier pendant la semaine de l'assomption, c'est-à-dire, la semaine du 15 août, du coup, les billets d'avion étaient extrêmement chers. Liam me proposait de m'aider financièrement, mais je voulais y arriver par moi-même. Il avait tellement fait pour moi Liam ! Je pensais qu'il était temps qu'il pense un peu à lui, qu'il mette de l'argent de côté pour construire sa propre vie. Je regardai ma montre et m'aperçus que j'avais encore un peu de temps pour faire un saut rapide chez Tiziana. Je pris une boite d'arachides grillées qui m'avait été ramenée du Cameroun par mon ex-colocataire. Je cognai à la porte et attendis patiemment. - Coucou Tiziana, j’espère ne pas te déranger ? demandai-je avec un sourire quand elle m’ouvrit la porte après quelques minutes d'attente. - Bonjour Carole, répondit Tiziana avec un sourire hésitant aux lèvres. On resta un bref moment à se regarder, c'était un peu embarrassant. On dirait qu'elle était indécise si me laisser entrer ou pas. - Je peux revenir un autre moment, dis-je en faisant un pas en arrière. - Mais non, pas du tout, répondit Tiziana en souriant faiblement. Je devais admettre que j'avais l'impression que son sourire ne lui arrivait pas aux yeux. Je n'y comprenais rien. Elle avait été la première à faire le pas vers moi et m'avait même apporté un gâteau comme signe de bienvenue, mais là, j'avais vraiment l'impression d'être de trop. Elle s'effaça enfin, me permettant ainsi d’accéder au salon. J'entrai en jetant un bref regard circulaire autour de moi. L'appartement était un peu plus grand que le mien et me semblait bien accueillant. - C'est joli chez toi, la complimentai-je avec un sourire. - Merci bien, répondit Tiziana avec un sourire qui me sembla crispé. - Tiens, c'est à toi, dis-je en lui présentant la petite bouteille contenant les arachides grillées. - Merci ma belle, dit Tiziana en me prenant la bouteille des mains. Installe-toi, Puis-je t'apporter quelque chose à boire ? demanda-t-elle par la suite. - Juste de l'eau, merci. Je devrais commencer à bosser d'ici peu. C'était juste pour un coucou. - C'est vraiment gentil de ta part, Rétorqua Tiziana en s'éloignant vers la cuisine. Elle en sortit quelques minutes plus tard avec une bouteille d'eau et des amuse-gueules. - Je vois que tu as une vie assez frénétique, dit Tiziana cette fois d'une voix un peu plus chaleureuse. T'es toujours au pas de course. - Haha, je peux dire exactement la même chose de toi. Tu as toujours l'air très pressée. Que fais-tu dans la vie ? - Je suis sage-femme, je travaille à la clinique XX, répondit Tiziana. Et toi ? - En fait, je suis étudiante en médecine et caissière au Mac Donald à mes heures perdues, répondis-je. - Wow wow wow, tu es bien courageuse là... rétorqua Tiziana d'un air admiratif. - Haha, disons que je n'ai pas vraiment le ... Je dus interrompre ma phrase quand le téléphone de Tiziana se mit à sonner. Cette dernière bondit quasiment de sa chaise et s'empara de son téléphone les mains tremblantes. J'eus l'impression d'y voir un éclair de panique traverser son regard pendant qu'elle manipulait son téléphone. J'avais l'impression de revivre la même scène de la dernière fois dans mon appartement quand son téléphone s'était mis à sonner. Elle le reposa sur la table et leva le regard vers moi. J'eus l'impression que sa lèvre inférieure tremblait légèrement. - Ça va Tiziana ? demandai-je d'une voix préoccupée. - Euh oui, bien sûr, répondit-elle d'une voix tremblante. Tu disais ? reprit Tiziana avec un sourire forcé aux lèvres. - Je disais donc que je n'avais pas vrai... Je dus m'interrompre une fois de plus, car je vis l'écran de son téléphone s'illuminer à plusieurs reprises. Tiziana surprit mon regard sur son téléphone et eut un air embarrassé. - Euh, tu peux répondre tu sais, dis-je avec un sourire empoté. - D'accord, répondit Tiziana en se levant précipitamment de sa chaise et se rendit dans une pièce que je supposais être sa chambre. Je commençais à me demander si c'était vraiment une bonne idée d'essayer de me lier d'amitié avec elle. Elle me semblait de plus en plus étrange cette fille. Elle ressortit de la chambre après près de dix minutes. Elle s'assit en face de moi et se serra fortement les mains. - Euh, euh, j'étais sur le point de sortir quand tu es arrivée, dit-elle d'une voix tremblante. - Je comprends, lui répondis-je avec un faible sourire. Je devais m'en aller de toute façon, je dois commencer le boulot d'ici peu, continuai-je en me frottant les mains d'embarras contre mon jean. - D'accord, répondit Tiziana. Merci encore pour les arachides, nous n'avons pas eu l'occasion de les manger ensemble, ce sera certainement pour la prochaine fois. - Bien sûr, répliquai-je avec un faux sourire aux lèvres. Je ne pensais vraiment pas qu'il y aurait de prochaine fois. Cette fille était trop déconcertante. Je me levai et me dirigeai vers la porte quand la sonnette de la porte d'entrée de l'immeuble retentit. Tiziana leva un regard au bord de la panique vers moi. - Aurevoir Caroline, dit Tiziana en m'accompagnant vers la porte. Je sortis enfin de son appartement et me rendis dans le mien. La curiosité eut raison de moi et je ne pus m'empêcher de jeter un œil par le judas de la porte. Je vis un homme brun, grand de taille qui sonna à la porte de l'appartement de Tiziana. Cette dernière l'ouvrit, mais je n'eus pas la possibilité de voir l'expression de son visage, car la carrure imposante de l'homme m'empêchait de lire ses traits. Je m'éloignai du judas de la porte et mon regard tomba sur mon horloge murale. J'avais exactement 45 minutes pour être au boulot. Je me précipitai aux toilettes et me débarbouillai rapidement et sortis de mon appartement au pas de course pour mon boulot. Tiziana J'avais dû décrocher le téléphone sous le regard inquisiteur de Caroline. J'y avais clairement lu de la méfiance. - Allô, avais-je parlé d'une voix tremblante. - Que fais-tu ? Et avec qui es-tu ? avait hurlé Giorgio d'une voix altérée. - Euh, j'étais aux toilettes, je n'avais pas entendu le téléphone sonner. - Tu te fous de ma gueule ? hurla Giorgio, tu te fous de ma gueule ? - Mais que racontes-tu Giorgio ? - Tu veux te moquer de moi ? De toute façon, ne réponds rien, j'arrive ! s'écria Giorgio avant de me raccrocher le téléphone au nez. Je posai le téléphone sur le lit et m'y assis le cœur battant la chamade. Il fallait que je fasse sortir Caroline de mon appartement le plus tôt possible. Giorgio s'énervera encore plus en disant que je lui ai menti. Je me rappelle encore de sa réaction quand il m'avait appelée quand je me trouvais dans l'appartement de Caroline. J'avais décidé par la suite de prendre mes distances avec elle. Flash-back - Où étais-tu ? hurla Giorgio au téléphone, ça fait près de dix minutes que je t'appelle. - Euh Giorgio, euh, euh, en fait... - Parles bon sang, s'exclama Giorgio d'une voix étouffée par la colère. - Euh, en fait, j'étais chez la voisine d'en face, la nouvelle, tu te souviens que je t'ai parlé d'elle, marmonnai-je d'une voix tremblante. - Quelle voisine ? Pourquoi lui rendre visite ? D'où la connais-tu ? s'écria Giorgio. - Euh, justement, c'était pour faire connaissance avec elle, rétorquai-je. - Mais pourquoi donc ? Pour quoi en faire ? Elle pourrait être dotée de mauvaises intentions, s'exclama Giorgio. - Mais Giorgio, tu ne l'as jamais vue, tu ne peux pas la juger sans la connaitre, m'exclamai-je. - Tu n'as pas besoin d'elle de toute façon, nos amis nous suffisent, affirma Giorgio. Tes amis, eus-je envie de répliquer. - Je ne veux plus que tu ailles chez elle, ordonna Giorgio d'un ton ferme. Il faut éviter de te lier aux inconnus. Un petit silence embarrassant s'installa sur la ligne pendant un bref moment. - Alors, ta journée a été ? demanda Giorgio d'une voix douce cette fois. - Oui, tout s'est bien passé, répondis-je d'une voix morne. - S'il te plaît bébé, ne te fâche pas, tu sais que je suis aussi protecteur parce que je t'aime, dit Giorgio d'une voix amoureuse. - Oui, je le sais, mais je trouve tout de même que tu exagères, tu ne la connais même pas, elle m'a vraiment l'air sympa, répondis-je d'une petite voix. - Justement l'air sympa, tu ne sais rien d'elle Tiziana, répliqua Giorgio d'une voix forte cette fois, complètement en contradiction avec le ton amoureux qu'il avait adopté il y a peu. Il faut toujours se méfier des inconnus. Je ne veux pas te voir avec elle. - D'accord, répondis-je d'une voix désabusée. - Je vais te laisser bébé, je t'aime bébé, dit Giorgio. - Bonne nuit Giorgio. Fin de Flash-back Je sortis enfin de la chambre avec un sourire forcé aux lèvres et mis pratiquement Caroline à la porte. Je débarrassai rapidement la table et lavai le verre que Caroline avait utilisé et jetai les amuse-gueules qu'elle n'avait pas eu le temps de consommer. Je me précipitai par la suite à l'interphone pour ouvrir la porte. J'entendis toquer à ma porte quelques minutes plus tard et j'ouvris le cœur battant.
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