L’Indien Neluto avait sagement fait de donner à la manière normande ses prévisions du temps. Au commencement de l’après-midi, un brusque changement se produisit dans l’état atmosphérique. Le vent passa franchement au Sud, et le thermomètre remonta à 0° centigrade. C’étaient là des symptômes auxquels on ne pouvait se méprendre. Il y avait lieu de croire que la saison froide touchait à sa fin, et que la débâcle rendrait bientôt libre la surface des cours d’eau et des lacs. Déjà, le lac Bennet n’était plus pris sur toute son étendue. Entre les icefields ou champs de glace sinuaient des passes praticables pour un bateau à la condition d’allonger le parcours. Vers la fin du jour, la température remonta encore ; le dégel s’accentua ; quelques glaçons commencèrent à se détacher des rives et à