Chapitre 1 : Une nuit sombre
Daniel
La pluie tombait drue sur la ville, créant des flaques d'eau qui se reflétaient dans les néons vacillants des rues désertes. La lumière jaune des réverbères filtrait à peine à travers l’épais manteau de nuages qui recouvrait le ciel. Tout semblait calme, comme si la ville elle-même retenait son souffle, attendant quelque chose de terrible.
Au commissariat, l'atmosphère était lourde, chargée de l'épuisement des enquêtes qui s’accumulaient et du brouhaha incessant des discussions. Je parcourais les dossiers avec un regard fatigué, un sentiment de lassitude qui commençait à peser sur mes épaules. Une enquête récente occupait toutes mes pensées : un meurtre sordide dans le quartier huppé de la ville. La victime, un homme influent et respecté, avait été retrouvée dans son appartement, abattu de plusieurs balles en plein cœur.
Tout le monde avait des théories sur le meurtrier, mais la vérité, jusqu'à présent, restait hors de portée. Le principal suspect, cependant, était une femme. Une jeune femme d'une beauté saisissante, qui semblait tout droit sortie d'un tableau de maître, mais dont les yeux cachaient une profondeur inquiétante.
Son nom était Claire Dufresne.
Elle avait été l'amie intime de la victime. Ils s’étaient rencontrés dans le milieu de l’art, une histoire de rencontres dans des galas et des expositions de luxe, mais personne ne savait vraiment quelle relation ils entretenaient. Claire n’avait pas l’air d’être une meurtrière. Elle paraissait douce, calme, peut-être même innocente. Mais l’évidence était là : elle était la dernière personne à avoir été vue avec la victime avant sa mort. Et ses déclarations étaient étrangement vagues.
Je n’arrivais pas à me défaire de l’image de son visage, une beauté glacée et déroutante. Chaque interrogation avec elle me perturbait davantage. Comment une personne comme Claire pouvait-elle être impliquée dans un crime aussi brutal ? Et pourquoi, malgré mon instinct, mon cœur me criait-il qu'il y avait plus que ce que je voyais ?
Quand on m'avait assigné ce dossier, j'avais immédiatement perçu la complexité de l’affaire. Mon sens de la justice me disait de suivre les faits, d’ignorer mes émotions, de traiter chaque suspect de manière égale, peu importe son apparence. Mais l’attirance que je ressentais pour Claire compliquait les choses. Je n'étais pas sûr de ce que je ressentais, si ce n’était une étrange fascination qui me déstabilisait à chaque rencontre.
Mes pensées furent interrompues par l’entrée brusque de mon collègue, Serge, qui déposa une pile de papiers sur mon bureau.
« Alors, Martin, tu as toujours cette jeune femme en tête ? » me demanda Serge, un sourire en coin sur les lèvres.
Je me tournai vers lui, essayant de cacher mon trouble. « On a des preuves, Serge ? » répondis-je, délibérément centré sur l'enquête.
Serge haussait les épaules. « Pas vraiment. Quelques témoignages et des images floues de caméras de surveillance. Mais rien de concret. Elle a un alibi pour la soirée du meurtre, mais… il y a quelque chose de bizarre avec elle, je t’assure. »
Je me levai, parcourant la pièce d’un pas lent. L’énigme Claire Dufresne me rongeait de l’intérieur. Je ne pouvais pas la laisser s’échapper. Ni mon esprit, ni mes pensées, n’arrivaient à s’en détacher.
« Je vais aller la voir à nouveau, » murmurai-je, plus pour moi-même que pour Serge.
Serge me fixa, quelque peu inquiet. « Fais attention, Martin. Cette histoire va te coûter plus que tu ne le crois. »
Mon regard se fit plus sombre tandis que je m’éloignais. Un seul mot tourmentait mon esprit : est-ce que je poursuivais cette affaire uniquement parce que j’étais inspecteur de police, ou parce qu’il y avait quelque chose en moi, une partie de mon âme, qui refusait d’ignorer la beauté énigmatique de Claire Dufresne ?