Quoique militaire, quoique abandonné à ses passions, il préférait sa sœur aux plaisirs, aux distinctions et aux honneurs. Son jeune frère, à un âge où son esprit n’était encore occupé que de bagatelles, la prenait pour confidente de tous ses désirs, de toutes ses inquiétudes, de ses succès dans ses querelles avec son précepteur et avec ses maîtres. Lucie écoutait avec patience et non sans intérêt tous ces détails, quelque insignifiants qu’ils fussent. Elle savait que sa complaisance faisait plaisir à Henry, et c’en était assez pour lui en inspirer. Sa mère seule n’avait pas pour Lucie cette prédilection du reste de la famille. Elle regardait ce qu’elle appelait le manque d’énergie de sa fille comme une preuve que le sang plébéien de son père dominait dans les veines de Lucie, et elle avai