IParmi les hôtes qui, en 1904, fréquentaient le plus assidûment ma maison d’Addis-Ababâ, j’avais distingué un lettré tigréen. Il se nommait Hailé-Mariam. Son type, tout de finesse, était d’un sujet de race sémitique dont la face a été bronzée, comme celle des Hindous, par la vie de plein air et par l’ardeur du soleil. Très rapprochés du nez, ses yeux donnaient à son expression définitive quelque chose d’un peu embusqué. La toge romaine, blanche à b****s de pourpre, qui, d’ordinaire, confère aux Éthiopiens une allure martiale, prenait ici, avec les mêmes plis, l’aspect d’un vêtement ecclésiastique. Cela tenait à la tournure générale du personnage, à son geste rare, très surveillé, à une certaine gaucherie de démarche, qui, d’une lieue, sentait son lettré. J’ai connu dans Hailé-Mariam un t