12 Pasca dormit peu cette nuit-là. Son âme était partagée entre le bonheur et la crainte : le bonheur de penser que Gilles l’aimait, qu’elle aimait Gilles et qu’ils s’en iraient tous deux dans la vie sous la bénédiction divine, unis dans les afflictions comme dans les joies ; la crainte de cet avenir tout nouveau qui s’ouvrait tout à coup devant elle sans qu’elle y eût jamais songé, puisqu’elle avait toujours repoussé l’idée du mariage. Elle aurait peut-être dû réfléchir davantage, demander conseil... Mais elle connaissait si bien Gilles, maintenant ! Pour elle, le sphinx s’était dépouillé de son voile d’énigme, il lui avait révélé le secret de son âme ardente, avide de vérité et de bien sous son apparence froide et sceptique. Seule, cette certitude de sa loyauté, de sa bonne volonté et