Chroniques de Mister Nobody

À chaque fois qu'elle me disait ''je t'aime'', le premier réflexe de la voix dans ma tête était de lui demander "jusqu'à quand m'aimeras-tu" ? Au fond, je n'y croyais pas. Mais évidemment que je taisais toujours cette voix qui a le dont d'affirmer des choses qu'on n'oserait jamais prononcer. Rien n'est plus absurde que de faire la cour à une femme sans avoir de sentiments. Mais elle avait quelque chose de différent comparée aux autres, je ne savais pas trop quoi ni pourquoi j'ai jeté mon dévolu sur elle. Pour moi à la base toutes les femmes se ressemblaient, mais elle était plus belle que les autres et elle avait beaucoup de charme. Elle était très ouverte, très tactile et très gentille aussi malgré toute sa beauté. La plupart des filles de son rang n'étaient que des petites mal élevées et cupides qui se croyaient au-dessus de tout le monde et avec lesquelles je prenais un malin plaisir à jouer. Après tout, je ne suis que le gars ténébreux au fond de la classe qui ne croyait pas en l'amour peut être parce que par le passé on lui avait brisé le cœur. Mon côté un peu obscur, ma façon de m'habiller, mon côté mystérieux et peu bavard avait le don de m'attirer les faveurs des jolies demoiselles. Je n'avais qu'à leur faire croire qu'elles étaient spéciales, qu'elles étaient différentes des autres à mes yeux et tout le tralala qui va avec. Après je n'avais qu'à trouver un quelconque endroit isolé et romantique pour leur balancer mon charabia habituel. Et pour moi il n'y avait pas plus absurde parce qu'au fond je ne ressentais aucun sentiment ?, rien du tout. Après la relation ne durait que quelques mois, le temps de la fin de l'année scolaire ou le temps que je déménage encore. Alors je disparaissais tel que j'étais apparu, c'est-à-dire comme un fantôme. Mais cette année-là il y avait quelque chose de différent. J'étais nouveau dans la classe et comme à mon habitude, au premier jour, je m'étais assis derrière pour observer la classe, capuché, avec mes écouteurs à fond. Et cette fille-là assise devant n'avait pas manqué d'attirer mon attention.