Cauchemar

1154 Words
En ouvrant les yeux, je sais que je ne suis pas dans mon corps et que ce n’est pas la réalité.  Je perçois immédiatement que je rêve.  Je veux bouger mais des chaînes me maintiennent au sol grâce à des bracelets métalliques que l’on m’a mis aux poignets et aux chevilles.  Je n’ai pas la force nécessaire pour les briser.  Mon horloge interne me crie que le soleil va se lever et que je dois absolument me mettre à l’abri.  Je me tortille, je me débats, la panique grandissant en moi.  Je vois le ciel qui s’éclaircit au loin.  Ma bête s’affole.  Je ne veux pas mourir.  Je crie de plus belle, voyant les premiers rayons illuminer les gratte-ciel du centre-ville, frappant de plein fouet la rotonde où je suis prisonnière.  Mon corps brûle. Je me réveille en hurlant, assise dans mon lit.  Julian me prend immédiatement dans ses bras pour me rassurer.  Je le sens totalement confus mais sa présence physique me réconforte, m’apaise.   -          Ça réveille mal, grommelle-t-il en me flattant le dos.  Je suis là.  Tout va bien Sweety.   Je frissonne d’horreur en me remémorant mon cauchemar.   -          Quelqu’un brûlait, s’étonne Julian.  Je le sens dans tes pensées.   C’est la première fois que je fais ce type de rêve depuis notre rencontre.  J’ai bien eu quelques images floues inexplicables au début de ma punition mais rien comme cette horrible vision.  Je suis soulagée qu’il ne l’ait pas vécu avec moi.  J’ai encore l’impression que mon corps se consume.  Julian n’aurait vraiment pas apprécié la sensation, lui qui a de la difficulté à regarder le soleil ou une flamme en image sans frémir.  Je tremble tellement que je suis incapable de parler.  La peur que cette Immortelle a ressentie ainsi que sa douleur me hantera l’esprit pendant des nuits entières.  Je suis persuadée qu’il s’agit d’une femme de descendance Skugga, son alarme interne étant mon principal indice.   -          J’étais dans sa tête.  C’est moi qui aie pris feu, juste avant de me réveiller, murmuré-je d’une petite voix lorsque les tremblements ont enfin diminué.  C’était horrible.  J’étais attachée au sol, au sommet de la rotonde qui surplombe le Munitum.  J’ai reconnu la vue que l’on y a.  Tu te souviens, nous y avons fait un tour ensemble lorsque que je t’ai fait visiter tous les recoins du Vieux-Montréal.    Les images qui défilent dans son esprit m’indiquent qu’il en a gardé un fort agréable souvenir.  Oubliant ce que je lui racontais, il m’embrasse dans le cou, me distrayant à mon tour de cet affreux cauchemar.  Les lèvres de Julian papillonnent sur mes épaules, remontent dans mon cou, redescendent vers ma poitrine et, alors qu’il allait prendre mon sein dans sa bouche, une sonnerie de cellulaire se fait entendre.    -          Laisse sonner, lui intimé-je, plaçant mes mains sur ses joues.  On s’amuse bien.   -          C’est Myriam, déclare Julian en se levant d’un bond.   Son inquiétude me gagne immédiatement.  Notre Fille ne nous appelle jamais pour rien.  Julian répond en mettant son téléphone sur haut-parleur.  Je comprends que quelque chose ne va pas dès que j’entends la voix paniquée de Myriam.    -          C’est Jessica qui brûlait.  Et Mère ne répond toujours pas à son fichu téléphone, rage-t-elle.   -          Jessica ? Comment peux-tu dire que c’est elle.  Rébecca m’a dit qu’elle était dans la peau de l’Immortelle.   -          Quand Mère a ce genre de vision, tout comme lors de ses voyages avec le don, je suis spectatrice.  Je l’ai vue.  J’ai vu Jessica se débattre, avoir peur et brûler.  C’était affreux Père, pleure-t-elle.   Nous sommes encore connectées Myriam et moi pour les rêves de jour. À l’exception qu’elle est déjà éveillée, contrairement à moi.  Nous le savions déjà pour les voyages-visions du don depuis plusieurs années.  Mais cette fois, elle se sent encore plus impliquée.  J’ai eu peur pour Julian en lien avec le soleil mais je n’ai pas pensé à elle.  Son sang se rapproche tellement de celui de son Père que je me demande parfois si c’est vraiment moi qui lui ai donné l’immortalité.  Julian me tire la langue.  Ça le fait rigoler que je puisse parfois croire que Myriam ne soit pas ma Fille.    -          Myriam, ma chérie, tu sais bien que ça ne signifie pas que ça se soit déjà produit, lui rappelé-je.  Nous pouvons probablement l’empêcher.   -          Mère, elle n’est pas chez-elle, me réplique-t-elle, hystérique.  Gaspard et Milady disent qu’elle n’est pas rentré depuis trois nuits, si j’ai bien compris.    -          On arrive, conclut Julian avant de raccrocher.  Désolée, Sweet-cubus.  Ton plaisir va devoir attendre encore un peu, me dit-il avant de m’embrasser.   -          Comme si j’avais encore la tête à ça, Skugga dépravé, lui rétorqué-je après avoir profité de ses lèvres un court instant.   Nous nous habillons rapidement.  Je suis vraiment inquiète pour Jessica.  Elle a été la première citoyenne de la cité à me redonner sa confiance après ma chute sociale il y a de cela plus de 9 ans.  Déjà !  Toujours en cachette, elle utilisait notre langage codé pour me donner rendez-vous à l’extérieur du Munitum lorsqu’elle sentait le besoin de se confier ou simplement discuter.  Au fil des ans, j’ai construit avec elle une relation de confiance qui l’a aidé à traverser son immortalité, devenant une personne importante à ses yeux.  Avec l’Ambassadrice Fraser, je suis un point de repère principal pour cette jeune Immortelle souffrant de dépression majeure depuis des décennies.  Jessica est une vassale d’ASARA et elle s’occupe si bien de mes capucins.  Je ne veux pas croire qu’il lui soit arrivé malheur.   -          On va la retrouver, me dit Julian en conduisant.   J’essaie de la rejoindre sur son cellulaire, sans succès.  Je revis mon cauchemar en boucle.  C’est insupportable.   -          Est-ce que tu peux arrêter de penser au soleil qui brûle stp ? me demande sèchement ma moitié.  Je commence à trouver ça sérieusement paniquant.   Je m’excuse, penaude.  Je sais que son sang n’apprécie vraiment pas cet astre.  Dans le but de penser à autre chose, j’envoie un message texte aux membres de la Coterie pour savoir s’ils ont des nouvelles récentes de notre vassale Jessica.  Jörg se souvient l’avoir vu en compagnie de Vince Shapiro, un Sakyu de la Smala, quelques jours auparavant.  Leur conversation semblait houleuse.  Je sais à quoi il fait référence.  J’ai dû consoler Jessica après cette dispute avec le beau Vince.  Ils se sont ensuite donné rendez-vous au Festin Nu pour un souper d’amoureux. Lydia ne l’a pas croisée depuis un bon moment.  Il faut dire qu’elle est plutôt occupée à étudier de nouvelles compétences au Conservatoire ces derniers temps.  Même nous, nous la voyons peu.  Kat l’a croisée trois nuits plus tôt à la sortie du Munitum.  Elle l’a remarquée puisqu’elle discutait avec le nouveau Prêtre, Marcel Lormier.  Je ne peux retenir un grognement en lisant le nom sur mon écran.  Julian me lance un regard inquiet.  Il comprend tout lorsque je lui montre l’objet de ma frustration.  
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