Éléa arriva chez ses parents, le cœur lourd et les traits tirés, sous le ciel gris d’une petite ville tranquille de Normandie, nommée **Beaucourt-sur-Mer**. Cette petite ville en bord de mer, cachée entre des collines verdoyantes, n’avait rien perdu de son charme paisible, un véritable écrin de calme, loin du tumulte de la vie parisienne. Les rues pavées, les maisons aux volets colorés, et l’odeur saline de la mer qui imprégnait l’air créaient un cadre serein où elle avait grandi, entourée de l’amour inconditionnel de ses parents, **Hélène et Marc**.
Ses parents vivaient dans une maison ancienne, aux murs en pierre claire et aux volets d’un bleu pastel, sur une petite rue bordée d’arbres, où chaque habitant semblait connaître le prénom de chacun. Le quartier de **La Côte Fleurie**, bien que modeste, regorgeait de jardins fleuris, où les glycines et les rosiers grimpants s’enlaçaient sur les murs. Hélène et Marc avaient toujours aimé ce quartier calme, où les enfants pouvaient jouer librement et où les voisins partageaient un sourire bienveillant en se croisant.
Elle entra dans la maison d’un pas lourd. Le parquet craquait sous ses pieds, un son familier qui lui réchauffa brièvement le cœur. En entendant la porte, Hélène et Marc se levèrent du canapé, un sourire doux mais inquiet sur leurs visages. Ils la regardèrent avec une infinie tendresse, l’ayant déjà pressentie au téléphone, comprenant qu’Éléa revenait pour quelque chose de bien plus profond qu’une simple pause.
« Ma chérie… » murmura Hélène en lui ouvrant grand les bras. Éléa, les yeux fatigués, se laissa aller dans l’étreinte réconfortante de sa mère, respirant l’odeur apaisante du parfum floral familier. Marc, de son côté, posa une main sur l’épaule de sa fille, lui offrant un sourire empli de compassion et de soutien silencieux. Ils l’entouraient de toute leur chaleur, sans poser de questions. Ils savaient, d’un regard, qu’elle traversait une période difficile.
Éléa se sentit submergée par une vague d’émotions. Cette maison, qui avait été témoin de ses joies et de ses peines, lui apparaissait comme un refuge immuable, un endroit où elle pourrait panser ses blessures sans être jugée. Elle savait que ses parents n’étaient pas d’accord avec les choix qu’elle avait faits, surtout concernant cette liaison avec son patron, mais ils n’avaient jamais cessé de l’aimer. Ils avaient su lui faire comprendre leur point de vue avec douceur, sans la condamner, et avaient toujours été là pour elle, peu importe ses erreurs.
Voyant la fatigue marquée sur son visage, Marc, d’une voix douce, lui dit : « On ne va pas te presser, Éléa. Repose-toi d’abord, prends le temps dont tu as besoin. » Elle lui répondit par un hochement de tête, sentant un profond soulagement de ne pas avoir à affronter immédiatement les questions qu’elle savait inévitables. Elle se sentait comprise, soutenue, sans qu’il soit nécessaire de prononcer un seul mot.
Elle monta lentement l’escalier, chaque marche résonnant comme un rappel de son enfance, de cette maison où elle n’avait jamais ressenti de jugement, seulement une bienveillance infinie. En arrivant dans sa chambre, elle constata que tout était resté inchangé. Les murs peints dans des tons doux, les étagères où se trouvaient encore ses vieux livres, et le lit recouvert d’un couvre-lit fleuri. Hélène, comme à son habitude, avait même placé un bouquet de lavande sur la commode, dont le parfum embaumait la pièce.
Éléa s’assit sur le lit, le regard perdu dans le vide, puis se laissa tomber en arrière, fixant le plafond, envahie par une fatigue écrasante. Elle se sentait comme une coquille vide, ayant épuisé toutes ses forces dans cette relation sans avenir avec Alexandre. Elle se rappelait des promesses murmurées, des moments volés dans l’ombre, et cette douleur lancinante à chaque fois qu’elle pensait à lui. Mais ici, chez ses parents, ce fardeau semblait un peu plus léger.
Après quelques instants, elle se redressa pour aller prendre une douche. L’eau chaude coula sur elle, apaisant quelque peu les tensions accumulées. En sortant, elle enfila un peignoir, se sécha les cheveux et descendit pour embrasser ses parents avant de regagner sa chambre. « Bonne nuit, papa, maman », murmura-t-elle avec un léger sourire fatigué. Hélène et Marc la regardèrent s’éloigner avec bienveillance, sachant qu’il lui fallait du temps pour se retrouver, et qu’elle viendrait leur parler lorsqu’elle serait prête.
Éléa ferma la porte de sa chambre, se glissa sous les draps et éteignit la lumière, plongeant la pièce dans une obscurité bienfaisante. Elle ferma les yeux, mais le sommeil ne venait pas. Les pensées se bousculaient dans sa tête, les souvenirs, les regrets, et cette douleur sourde qui la rongeait depuis son départ de Paris. Elle savait que le chemin serait long pour retrouver une paix intérieure, mais la chaleur de ce foyer et l’amour de ses parents lui donnaient la force d’espérer un avenir différent.
En silence, dans l’obscurité, Éléa trouva enfin un semblant de répit, sachant qu’au lever du jour, elle pourrait commencer à reconstruire ce qu’elle avait perdu.