VIII UN MOT. Une actrice venait de perdre sa mère qu’elle « adorait. » On lui envoie du théâtre l’ordre de paraître à une répétition. Elle écrit une lettre « touchante, » pour obtenir quelques jours qu’elle voudrait donner à sa douleur. Le directeur, furieux, la fait mettre à l’amende. – Est-ce qu’elle ne compte pas jouer, dit-il, tant que sa mère sera morte ? C’est ce que l’on appelle un « mot. » Le journal qui rapporte celui-ci est sujet à en fabriquer. Il y a des gens dont c’est le métier de faire des mots. On les paie jusqu’à trois et quatre sous la ligne, et plusieurs en font qui ne sont pas mauvais. Mais, pour le mot de ce directeur, je ne le crois pas fabriqué, mais tombé des vraies lèvres de la nature.