Quatre Semaines

– Euh... vous êtes sûre que c'est ici ? demanda Kyla en considérant le cottage devant lequel la voiture venait de la déposer. Question bête puisque c'était la même que sur les photos. La nervosité lui faisait dire tout et n'importe quoi. – Vous avez bien dit West-Sosa, la maison prêt du lac non ? Est ce que vous voyez une autre maison autour de ce satané lac ? – Inutile d'être aussi grossier, elle ronchonna en redressant une de ses valises qui s'était renversée. Le chauffeur grincheux ne répondit rien et se contenta de déposa le dernier bagage sur le sol. Une fois fait, il referma bruyamment le coffre et grippa à l'avant de son taxi. – Hey mais attendez ! s'indignant la jeune femme bras écartées. Vous allez où ? Revenez, ne me laissez pas comme ça ! – Vous pensez que j'ai que ça à foutre sérieusement ? J'ai eu l'amabilité de vous conduire jusque dans ce trou perdu. – L'amabilité ? Je vous signale que je vous ai payé. C'est tout simplement votre devoir. – Croyez-moi vous avez eu de la chance d'être tombée sur moi. Très peu de conducteurs auraient accepté de vous amener ici. – Mais je vous ai généreusement payé ! elle répéta. – Oui mais à cause de vous je vais rentrer très tard chez moi alors foutez-moi la paix. Sur ce, la voiture s'éloignait sous une couche de poussière en la laissant seule. "Eh bien vous n'êtes pas né avec la politesse dans la cervelle en tout cas", elle marmonna tout bas avant de tirer la langue en direction du taxi qui disparaissait au loin. Avec tout l'argent qu'elle avait payé à ce gros con, il aurait pu avoir l'amabilité d'attendre cinq petites minutes, le temps de voir si tout allait bien se passer pour elle. Kyla regrettait amèrement de lui avoir dit de garder la monnaie. Avait-elle bien fait de venir ici ? De toute façon elle ne pouvait plus faire marche arrière, du moins pas ce soir. Il était plus de vingt heures. La nuit allait tomber dans peu d'heures, il fallait qu'elle s'abrite. – Tu as voulu changer d'air, eh bien tu es servie ma cocotte, fit-elle en se moquant d'elle-même. Lorsque qu'elle avait contacté le maire de ma ville et que celui-ci lui avait dit que le propriétaire d'un cottage situé au bord de leur lac serait sans doute ravi de l'avoir pour colocataire, elle avait été un peu sceptique. En fait elle aurait préféré avoir son propre chez-elle. Mais construire sur un terrain libre allait lui pomper toutes ses économies. Or le propriétaire de la maison ne lui demandait pas grand-chose comme loyer. Et puis les images du paysage de la ville qu'elle avait trouvé en fouillant sur Google étaient si belles qu'elle n'avait pas rechigné longtemps. Elle avait discuté avec le propriétaire par le biais du maire puis on lui avait fait parvenir des papiers à signer ainsi que l'image des pièces de la maison qui lui avait paru fort belles. Bien évidemment et ne voulant pas se retrouver piéger dans une ville de psychopathes, elle avait effectué quelques recherches sur West-Sosa et son maire. Tout lui avait paru normal. Oh et puis merde, il fallait qu'elle arrête de se poser autant de questions. Elle était là, elle allait y rester. Cependant elle espérait que le propriétaire soit présent. Dans sa réponse, elle avait dit qu'elle serait là le matin mais au vu du retard qu'avait pris son vol, elle n'avait pu atterrir que ce soir. Elle tira ses trois bagages jusqu'au perron en pierre et sonna. Il n'y avait pas de lumière à l'étage dans la maison et elle eut peur que le propriétaire ne soit pas là. Peut-être qu'il avait cru qu'elle ne viendrait plus. "Génial, je vais passer la nuit dehors", elle se dit dans un pitoyable soupir. Au moment où elle allait cogner désespérément pour la énième fois, la porte s'ouvrit enfin. Un homme assez grand et musclé se tint devant elle et Kyla ne pu que déglutir devant sa carrure. Et que dire de son accoutrement ? Un simple peignoir en éponge cachait sa nudité. Ses cheveux dégoulinaient, signe qu'il venait de prendre une douche. Malgré elle, ses yeux devièrent vers l'entrebâillement du vêtement. Malgré la semi-pénombre, elle crut discerner un torse légèrement velu et taillé comme de la pierre. Un désir insensé naquit au fond de la jeune femme. Surprise par son trouble, elle recula de deux pas, prête à prendre la fuite. L'homme remarqua son léger recul et haussa un sourcil avec amusement. Il la reluqua brièvement de la tête aux pieds puis planta ses prunelles dans les siens. Cet homme était vraiment magnifique, elle pensa en rougissant comme un adolescente. Y en avait-il d'autres dans le coin semblables àce spécimen-ci ? Elle qui s'attendait à un vieux tout dégueulasse, elle allait vivre aux côtés d'un dieu vivant. Bonté divine, la voilà qui parlait comme une gourgandine alors qu'en réalité, elle n'était qu'une p****n de pucelle. – Monsieur Mc...Kay ? elle tâtonna alors qu'il la regardait sans sourciller. – Oui. – Je suis Kyla Cunningham... votre colocataire..., elle bafouilla en papillonnant des yeux. Il appuya nonchalamment l'épaule contre l'encadrement de la porte et croisa les bras en la jaugeant de façon intimidante. – Je sais, mais vous étiez sensée arriver ce matin il me semble. – Oh... C'est parce que mon vol a pris du retard, désolée pour... ça. Son dernier mot fit prononcé avec tremblement car il s'était soudainement rapproché. Elle crut que c'était pour la toucher mais il se pencha pour prendre ses bagages sans aucun effort. Pourtant elles étaient lourdes. – Entrez pendant que je ramène vos autres effets. Elle obéit en le remerciant. La maison était exactement comme sur les photos. Au moins ce n'était pas une arnaque. Le style était rustique mais n'en demeurait pas moins moderne. Alors qu'elle faisait un tour sur elle-même, ses yeux tombèrent sur la porte-fenêtre restée entrouverte et donnant sur le fameux lac. Le couché de soleil était renversant. – Magnifique n'est-ce-pas ? Elle sursauta en se tournant vers le propriétaire. – En... en effet monsieur McKay. – Je vous en prie appelez-moi Chase. Désolée de ne vous avoir pas ouvert plus tôt. J'étais entrain de nager. L'imaginer entrain de crawler dans l'eau lui donna l'eau à la bouche. – Ne vous en faites pas, je comprends tout à fait. Et puis l'eau à l'air bonne. – Vous pouvez vous y détendre si vous le souhaitez, lui proposa-t-il d'une voix légèrement rauque. – Je... Pas ce soir. Je suis un peu fatiguée et j'aimerais me reposer. – Dans ce cas venez, je vais vous montrer votre chambre. Il reprit les valises et se dirigea vers l'escalier en bois. Kyla le suivit tandis qu'il gravissait les marches. Elle fit un effort surhumain pour ne pas lorgner ses fesses. Et Dieu seul sait que les mater les fesses musclés des hommes était sa passion, surtout quand elle se rendait en salle de sport. C'était son péché mignon. L'étage ne comportait que deux chambres mais elles étaient spacieuses. Il y avait également une salle de bain mais elle était commune. Celle que Chase avait attribué à la jeune Newyorkaise était peinte en blanc. Les meubles étaient en bois clair de même que les rares objets décoratifs. Une grande fenêtre donnait sur la forêt avoisinante. Il devait y faire bon vivre quelque soit le temps. – Vous êtes libre de modifier la déco. Je pourrai également repeindre les murs en une couleur de votre choix si celle-ci n'est pas à votre goût. – Non c'est parfait merci. – Bien dans ce cas. Comme vous l'aurez deviné ma chambre est celle d'en face alors si vous avez besoin de quoi que ce soit... Je serai en bas pour préparer le dîner. Rejoignez-moi quand vous aurez fini. – Oh mais je n'ai pas... faim. Il était déjà parti. Kyla soupira en sentant l'embarras la gagner. Elle s'assit sur le lit, enleva ses chaussures puis se massa ensuite ses pieds douloureux à force d'avoir été enfermés durant des heures dans des Louboutins. Elle aurait mieux fait de mettre des tennis ou des sandales. Elle fit craquer sa nuque en s'étirant et souffla d'épuisement. Manger en compagnie de Chase allait être éprouvant car elle ne le connaissait pas encore assez bien pour être à l'aise en sa présence. Tout ce qu'elle savait de lui, elle le savait grâce aux informations que le maire lui avait envoyé en contrepartie de celle qu'elle leur avait fourni sur elle-même. Chase avait la trentaine, soit une dizaine d'années de plus qu'elle, il était programmeur travaillant la plus part du temps à domicile. Il était également préparateur de voitures et de motos à ses heures perdus. Elle avait oublié quelque chose ? Ah oui, il était beau à damner une sainte. Il devait en faire mouiller des culottes par ici. Kyla se gifla mentalement pour avoir osé penser de telles choses. Heureusement que Chase ne lisait pas dans les pensées en tout cas... Du moins elle l'espérait. Pour occuper son esprit étrangement devenu tordu dès qu'elle avait rencontré Chase McKay, elle décida de ranger ses vêtements dans le dressing. Ça lui prit une heure environ et elle descendit sans s'être changée. Elle le trouva dans la cuisine après avoir fouillé le rez de chaussée. Il était toujours en peignoir mais ses cheveux étaient secs à présent. Elle se demanda s'il était nu en dessous alors même qu'il faisait à manger. Loin de trouver ça répugnant, elle fût excitée par la situation. Il fallait vraiment qu'elle arrête d'agir comme une timbrée. Si ça se trouvait, cet homme avait une copine. Il n'allait sans doute jamais s'intéresser à une gamine comme elle, une enfant à peine sortie de l'adolescence. Chase avait entendu les pas de sa délicieuse colocataire mais ne se tourna pas pour autant. Le parfum de la jeune femme se fit sentir au-delà de celui de la viande qui cuisant dans la poêle. Depuis qu'il avait croisé les yeux marrons de la jeune femme, il ne rêvait que d'une chose : la faire sienne. La photo d'identité qu'il avait reçu d'elle ne lui faisait pas honneur. Elle avait un visage angélique aux traits fins, une bouche à la lèvre inférieure un peu plus charnue que celle du dessus et un nez assez particulier. Ses yeux de biche étaient ornés de cils naturels mais assez longs. Ses cheveux de jais lui arrivant à la taille et légèrement ondulés. Elle portait un chemisier blanc sans manches rentré dans un short en toile et pas du tout moulant. Ça lui allait bien mais il aurait bien aimé la voir dans une robe moulante, rien que pour imaginer son corps. Au moins il pouvait admirer ses petites jambes. Sans les talons, elle faisait à peine un mètre soixante. Il retira la nourriture du feu tout en l'invitant à s'installer à la table prévue pour deux. Il avait préparé une côtelette de veau avec du riz comme accompagnement et ça sentait super bon. Après la nourriture dégueulasse qu'on lui avait servit dans l'avion, ce plat bien dosé était le bienvenu. Elle prit sa fourchette et attaqua avec le riz blanc saucé. – Dîtes... – Hm? – Est-ce-qu'il y a des règles ? – Des règles ? il répéta en reposant son verre d'eau. – En ce qui concerne la maison je veux dire. – Pas vraiment. Vous pouvez disposer du lieu comme vous l'entendez et aller où bon vous semble, sauf dans ma chambre et mon bureau bien sûr. Vous pouvez également recevoir de la visite. Tout ce que je vous demande c'est de respecter ma présence si jamais votre... petit ami débarquait. – Je n'ai pas de petit ami alors vous n'avez pas à vous en faire pour l'instant. Elle ne comprit pas l'air satisfait et le sourire fugace qui avait étiré ses lèvres. De son côté, Chase était plus que ravi de savoir que sa petite Newyorkaise était seule. Il allait pouvoir atteindre son objectif sans qu'un petit merdeux vienne lui demander des comptes. Quoi que même si elle avait été en couple, il n'aurait eu aucun scrupule à la séduire et à la mettre dans son lit. Et vu la façon dont elle se trémoussait sur son siège avec gêne et en rougissant sous son regard, elle était sous son charme. Elles l'étaient toutes. Cependant il n'allait pas non plus sauter sur elle comme si elle n'était qu'un bout de viande. Il allait lui laisser du temps pour qu'elle s'habitue à sa présence. – Vous comptez faire quoi demain ? – Je ne sais pas encore. Peut-être faire un peu de tourisme. – Je compte sortir, je pourrai peut-être vous emmener en ballade. – Non merci, ça va aller, Kyla refusa poliment sa proposition en ayant la tête baissée. Elle fit semblant de découper sa viande tendre. Elle apporta le morceau à sa bouche et mâcha doucement sans daigner relever la tête. – Je vous fais peur ? – Qu-quoi ? fit la brune en s'étouffant presque avec sa nourriture. – Est-ce-que je vous fait peur Kyla, Chase répéta d'une voix doucereuse en avançant son buste et en croisant les bras par-dessus la table. – Non, absolument pas. – Vous n'êtes pas très convaincante. Ses yeux verts la scrutaient comme s'il voulait lire jusqu'au tréfonds de son âme de vierge. – Merci pour ce repas, c'était très bon, dit-elle précipitamment pour changer de sujet. Calé contre le dossier de son siège, il lui répondit avec un simple sourire qui la fit chavirer. Ses lèvres étaient si pleines, si captivantes. Elles appelaient aux baisers. Pour une fille qui n'avait embrassé qu'une dizaine de fois, elle voulait tenter l'expérience dans les bras de cet homme plus mûr qu'elle et certainement plus expérimenté aussi. – Je vais faire la vaisselle. – Laissez et allez vous reposer. Sans demander son reste, se précipita hors de la pièce en courant presque tellement l'air lui manquait. Elle crut entendre Chase lâcher un rire mais elle n'en était pas certaine. Mais une chose était sûre, sa nuit allait être agitée. Kyla se réveilla le lendemain avec la mine fatiguée. La raison : Chase, vous l'aurez deviné. Elle s'extirpe hors du lit en bâillant. Il n'était que six heures du matin. Elle aurait bien aimé rester au lit mais à quoi bon si c'était pour repenser inlassablement aux visages divin de son beau ténébreux. Il avait fallut qu'elle se retienne de se m*******r en pensant à lui. Oui, elle se masturbait même si elle n'avait encore jamais fait l'expérience du sexe avec un partenaire. Elle n'était pas fier de ces rares moments qu'elle s'octroyait en solo mais ça lui permettait de se défouler. Ce n'était pas les prétendants qui manquaient mais elle voulait juste trouver un partenaire qui puisse réellement la combler. Bon nombre de ses amies avaient vécu des expériences désastreuses. C'était à croire qu'en ce vingt-et-unième siècle, les hommes ne savaient plus faire l'amour. Mais elle s'interdisait de se donner du plaisir en pensant à lui parce que même si ça serait loin d'être désagréable, elle trouvait ça pervers et irrespectueux de faire ce genre de choses derrière le dos d'une personne qu'on connaissait à peine. C'était malsain. D'un air somnolent, Kyla quitta silencieusement sa chambre en traînant des pieds. Sa destination : la salle de bain. Mais lorsqu'elle ouvrit la porte de cette dernière, elle fut clouée sur place. Droit devant elle, Chase qui était de profil se tenait debout nu comme un ver.