Le Naufragé La tempête s’engouffrait si violemment dans l’étroite et longue rue qui aboutit à la mer, que Stéphane Argueil et sa fiancée Madeleine n’avançaient qu’avec la plus grande difficulté. Il dut lui prendre le bras. Elle riait, suffoquée et les cheveux en désordre. — Vous êtes adorable ainsi, Madeleine, lui dit-il. Ils s’aimaient infiniment. Orpheline et pauvre, la jeune fille avait été acceptée à contre-cœur par les parents de Stéphane. Mais son charme les avait conquis pendant ces trois mois d’intimité au bord de la mer. Le mariage devait avoir lieu dès la rentrée à Paris. En arrivant sur la plage, Madeleine s’enthousiasma : — Oh ! les vagues sont splendides ; je n’en ai jamais vu de si belles. Mais ils furent surpris. Une grande agitation régnait près du petit môle où les m