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Cœur D'Amour

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Le 30 mars 1577, vers les six heures du soir, la route qui conduisait alors de l’ermitage de Meudon à Paris, en passant par le village de Vaugirard, était suivie par trois groupes de voyageurs qui semblaient n’avoir entre eux aucun lien.Le premier de ces groupes se composait de quatre personnes à cheval ainsi disposées : en tête un vieil écuyer, au milieu deux dames, en queue une suivante.Comme celles dont il conduisait la marche, l’écuyer Cortansio, – un homme de soixante ans d’âge, pour le moins, – était couvert du haut en bas d’une épaisse couche de poussière, preuve que le voyage, s’il touchait à son terme, avait été commencé depuis de nombreux jours.

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I – LE CHEVALIER D’ESCORTE
I – LE CHEVALIER D’ESCORTELe 30 mars 1577, vers les six heures du soir, la route qui conduisait alors de l’ermitage de Meudon à Paris, en passant par le village de Vaugirard, était suivie par trois groupes de voyageurs qui semblaient n’avoir entre eux aucun lien. Le premier de ces groupes se composait de quatre personnes à cheval ainsi disposées : en tête un vieil écuyer, au milieu deux dames, en queue une suivante. Comme celles dont il conduisait la marche, l’écuyer Cortansio, – un homme de soixante ans d’âge, pour le moins, – était couvert du haut en bas d’une épaisse couche de poussière, preuve que le voyage, s’il touchait à son terme, avait été commencé depuis de nombreux jours. Des deux dames allant côte à côte derrière ce peu redoutable défenseur, l’une se tenait droite et imposante sur sa selle, rehaussant encore, s’il est possible, la majesté d’un buste aux admirables proportions ; l’autre, sans être plus petite, n’avait pas le même port altier. C’était Mme la marquise de Villeneuve-Marsan et sa fille Solange. Quinze jours plus tôt, miss Huming, – la suivante qui formait l’arrière-garde, – s’était présentée au château de Bonaguil, situé près de Villeneuve-d’Agen, et avait communiqué à la marquise un message de la reine-mère. Cet ordre, car tout désir exprimé par Catherine constituait un mandat impératif, levait l’exil de la châtelaine et lui mandait d’avoir à revenir à Paris. Obéissante, Mme de Villeneuve-Marsan avait immédiatement fait ses adieux au triste domaine de Bonaguil, où une injuste animosité de la cour la tenait enfermée depuis dix ans ; puis, accompagnée de Solange et de miss Huming, et sous la garde parfaitement dérisoire du vieux Cortansio, elle avait entrepris ce long et pénible voyage. Certes, si elle se fût doutée de ce qu’était en réalité miss Huming, une des plus célèbres et des plus tapageuses beautés de l’Escadron volant de Catherine de Médicis, elle se fût bien gardée d’autoriser aucun rapprochement entre sa fille et la belle Anglaise messagère de la reine-mère. Peut-être même se fût-elle abstenue de répondre à la faveur royale. Car, expédiée par de telles mains, cette faveur eût semblé friser l’insulte. Mais, au fond de sa retraite de Bonaguil, ses oreilles n’avaient pu percevoir aucun son des bruits scandaleux de la cour. Aussi, était-elle partie le cœur gonflé d’espoir, sa rentrée en grâce, sans qu’elle l’eût sollicitée, lui permettant d’espérer une ère de prospérité nouvelle et surtout, surtout, la libération du marquis de Villeneuve-Marsan, son mari, qui, en même temps qu’elle était exilée dans ses terres, avait été enfermé, lui, au donjon du château de Vincennes. Et il y avait dix ans de cela ! dix ans qu’elle n’avait vu son Jacques… dix ans ! Solange n’avait alors que cinq ou six ans. Maintenant, mise en présence du marquis, reconnaîtrait-elle son père seulement ?… À quatre ou cinq cents pas en arrière de cette petite cavalcade, venait le second groupe, formé de deux cavaliers. L’un, le maître sans aucun doute, était un beau jeune homme de vingt ans au plus. Il était habillé d’un costume où se mariaient le gros drap et le cuir, vêtement solide et admirablement conditionné pour courir les aventures hasardeuses. Une grande rapière, dont la coquille d’acier bruni se terminait en croisette, pendait à son côté et battait sur le flanc de son coursier de race arabe, espèce chevaline alors presque inconnue en Europe. Une toque de feutre coquettement chiffonnée et sur laquelle, en guise de plume, était piquée une branche de gui fleuri, se posait un peu à la diable sur la chevelure soyeuse et bouclée de ce jeune gentilhomme et descendait bas sur le front, sans parvenir pourtant à dissimuler l’éclair de son regard noir. Éclair, il faut bien l’avouer, qui jaillissait toujours en avant, dans la direction des amazones poudreuses portées par les deux dames de Villeneuve-Marsan. — Mort diable ! cria-t-il soudain en se retournant sur sa selle pour voir son compagnon dont la bête, un mulet aux longues oreilles, n’avançait qu’avec une sage lenteur ; as-tu juré de me faire faillir au devoir que je me suis imposé, hé ! Matraque ! Le nommé Matraque, un gros et court paysan gascon à tournure de Sancho Pança et sans doute doué, comme son immortel devancier, d’une forte dose de suffisance et de philosophie, se contenta de riposter, sans chercher le moins du monde à activer la marche de son singulier porteur : — Un devoir ? Ah ! ah ! et lequel donc, monsieur le chevalier ?… — Celui d’escorter ces dames… — Oh ! oh ! une escorte qui semble acceptée avec plus de contrariété que de plaisir ! — … et de les protéger jusqu’au bout, acheva le jeune homme. — Eh bien, m’est avis que ce bout-là n’est pas loin, monsieur le chevalier, puisque voici devant nous, sur la gauche, les murs de la Maladrerie qui est présentement l’hôpital des Petites-Maisons… — Et ces petites maisons ?… — Indiquent le voisinage de Saint-Sulpice et du faubourg qui entoure l’abbaye de Saint-Germain !… « L’hôtel de Villeneuve n’est plus quasi qu’à la distance de ma taupinière agenaise au château de Bonaguil… Ces dames sont autant dire arrivées, monsieur le chevalier… « Et bien contentes, sûrement, ajouta-t-il pour lui seul, d’échapper à un chevalier d’escorte qui, sans leur assentiment, leur impose sa présence continuelle depuis près de quinze grands jours ! Le jeune homme n’avait rien saisi de cet impertinent aparté. — N’importe, dit-il, la nuit tombe ; le moment serait bien choisi pour une attaque… Vois donc ces vignes à gauche… — Les vignes des Chartreux ? — Ne dirait-on pas qu’elles bougent ? Matraque s’arrêta, ébahi, regarda son maître, puis éclata de rire : — Ma parole ! s’écria-t-il, si je ne vous savais pas brave et fendant tout autant qu’un quelqu’un sortant d’une table ronde, comme on dit, je penserais que vous avez la frousse, monsieur le chevalier !… — Et tu n’aurais pas tort, imbécile, fit ce dernier riant aussi. Mais si j’ai peur, ce n’est point pour moi, crois-le bien. — C’est pour mam’zelle Solange, peut-être bien ? — Tais-toi ! ceci ne te regarde en rien. D’ailleurs, sais-je moi-même ? « Quoi qu’il en soit, ajouta le jeune homme sur un ton de commandement, je vais gagner au pied ; fais en sorte de me suivre et de ne plus me retarder, ou je me verrai obligé de revenir te caresser les côtes avec mon fourreau. Ayant dit, il lança son arabe. Matraque haussa les épaules et flatta l’encolure de son âne croisé, se disposant à n’en faire qu’à sa tête, lorsque, soudain, à son tour, il crut voir onduler les échalas plantés le long de l’enclos des Chartreux. Alors, affolé de se trouver seul et peut-être en danger, le pacifique écuyer, qui n’était pas un rodomont, lui, ô dieu non ! se hâta de pousser en avant, moins par obéissance que pour se mettre sous la protection de son maître… Encore enfoncé dans les cultures, du côté de Vaugirard, arrivait sur la route le troisième groupe de voyageurs, le dernier. Celui-là se composait de deux honnêtes et francs lurons pour lesquels la route ne paraissait pas assez large, bien qu’ils allassent à pied en se tenant par le bras. Cette précaution, loin de leur être favorable, diminuait au contraire la stabilité bien précaire de chacun d’eux. L’un était un archer de la prévôté, l’autre une sorte de demi-bourgeois mal dégrossi. Ces dignes marcheurs, amis de fraîche date, s’étaient rencontrés devant un broc d’hypocras dans une taverne de Vaugirard, dont le patron avait convié ses connaissances au baptême de son héritier. Pour montrer tout l’intérêt qu’ils prenaient à cet heureux événement, l’archer et le bourgeois n’avaient pu moins faire que d’ingurgiter un nombre respectable d’écuellées du vin tonique. Si bien que, parfaitement éméchés, ils cherchaient à regagner le quartier de l’Université en zigzaguant sur ce chemin qui aboutissait à la porte Saint-Germain et à celle de Buci. Tout en dessinant des lignes brisées avec leurs épaisses semelles, les folichons buveurs ne s’arrêtaient de caqueter que pour entonner à pleine voix des refrains à la mode. Dans leur louvoyant sillage, mais à une distance de plusieurs pas, pour éviter les heurts possibles de ces outres animées, marchait une jeune fille, une fillette plutôt, qui devait appartenir à leur compagnie, mais ne se mêlait en rien à leur conversation et ne mariait pas sa voix à la leur lorsqu’ils chantaient. De mignons sabots claquetant dans la poussière chaussaient les petons menus de cette enfant, dont le costume bizarre était celui des petites païennes de la Bohême. En effet, son vêtement, drapé à la façon orientale, laissait à nu ses bras aussi bien que le bas de ses jambes et se composait uniquement d’étoffes soyeuses, bien que fatiguées, aux couleurs criardes. On est accoutumé à reconnaître les filles d’Égypte à leur teint bronzé et à la noirceur de leurs cheveux. Eh bien, celle-ci vous eût abusé à première vue. Elle ne possédait en rien ces signes distinctifs de sa race, car au milieu d’une petite figure à peau fine et laiteuse brillaient deux prunelles du plus bel azur, et la richesse opulente de sa chevelure blonde cascadait en liberté tout le long de son dos pour venir battre ses mollets bien plus bas que la bordure de sa jupe. Alors, à quoi reconnaissait-on en elle la bohémienne ? Pardieu ! à son costume, d’abord, puis ensuite à l’amulette qui pendait à son cou, comme à celui de toute fille du diable qui se respecte. Bien singulière, cette amulette ! Elle se composait en tout et pour tout d’un minuscule stylet de plomb relié par un cordonnet à une feuille d’ivoire poli. Comme vous le voyez, ce n’était pas trop méchant. Pourtant, il fallait à notre fillette une certaine dose d’audace pour porter à découvert ces innocents petits objets, car, en l’an de grâce 1577, tout affiquet incompréhensible, pour peu qu’il eût tournure de fétiche païen, pouvait fort bien mener son propriétaire soit au pilori des Halles, soit même à Montfaucon… Donc, nos voyageurs poursuivant leur route dans l’ordre initial, les quatre chevaux de la marquise de Villeneuve-Marsan allaient atteindre les premières maisons voisines de Saint-Sulpice, Matraque et son maître venaient de dépasser le mur de clôture de l’hôpital des Petites-Maisons, et nos trois piétons, menant grand tapage, approchaient de la fourche où s’embranchait le chemin particulier menant de l’ancienne maladrerie à la porte Saint-Michel. — Enfin, disait la marquise, dont le voile restait obstinément baissé, nous approchons du but, ma fille. Dès demain, il nous faudra faire diligence pour obtenir une audience de Sa Majesté. Solange paraissait distraite, et bien des fois, sa mère l’avait surprise faisant une demi-volte sur sa selle pour inspecter du regard la route parcourue. La jeune fille demanda : — Ah ! madame, vous voulez me mener à la cour ? — À la cour, non, bien que vous ayez droit, par votre nom, à un tabouret près de la reine ; mais c’est le roi qu’il nous faut voir. — Le roi ! pourquoi donc ? — Pour nous jeter à ses pieds, Solange, et lui demander justice ! — Justice ? — Oubliez-vous votre père, ma fille ?… Ne songez-vous pas à la torture qu’endure si injustement et depuis si longtemps le noble prisonnier de Vincennes ? — C’est vrai, madame, veuillez me pardonner. À travers son voile, la marquise la considéra longuement. — Celle-là est brune, murmura-t-elle tout bas ; celle-là me ressemble de visage… Aura-t-elle mon cœur ?… « L’autre devait rester blonde ; elle avait déjà le limpide regard de mon Jacques ! C’était une vivante réduction de son père… « Pourquoi faut-il que vous me l’ayez retirée, mon Dieu ?… N’ai-je pas assez souffert ?… Ne la reverrai-je jamais ?… « Ghislaine, ma petite Ghislaine, où es-tu ? Refoulant le sanglot qui voulait monter de sa poitrine à ses lèvres, la courageuse femme reprit au bout d’un instant : — Pourquoi vous retournez-vous sans cesse, ma fille ? Le rouge monta au visage de Solange, avant-coureur du gros mensonge qu’elle allait commettre. Elle dit, en effet : — Je voulais voir si miss Huming continuait à nous suivre. — Ne serait-ce pas plutôt dans l’intention de reconnaître si ce jeune cavalier qui nous poursuit depuis notre départ est toujours proche ? — Oh ! madame ! — Eh ! où serait le mal, je vous le demande ?… Cet obstiné suiveur est de mine avenante et hardie, je dois le reconnaître… Et je ne vous cacherai pas que, si notre voyage s’est passé sans incident fâcheux, nous le devons beaucoup moins à l’escorte du pauvre vieux Cortansio qu’à celle de ce cavalier mystérieux. Solange eut un sourire et la coloration de son visage s’accentua. La marquise n’avait ainsi parlé que par ruse maternelle, aussi continuait-elle à observer sa fille en dessous. Elle remarqua l’incarnat nouveau et pensa : « Je m’en doutais… Ce jeune gentilhomme, qui vient de traverser à notre suite un bon tiers du royaume, doit avoir un autre objectif que celui de contempler la croupe de nos montures… Il n’est mystérieux que pour moi… Solange le connaît !… Au loin, les voix animées des deux piétons psalmodiaient une guisarde qui commençait à être à la mode et allait bientôt devenir le chant de ralliement des ligueurs : Et je n’ai, moi ! Par la sang Dieu ! Ni foi, ni loi, Ni feu, ni lieu, Ni roi, Ni Dieu ! La dernière phrase s’acheva dans un cri de terreur poussé par les deux ivrognes. — À l’aide, bons chrétiens ! — Au rufian !… Au meurtre ! Bien que ces appels vinssent d’assez loin en arrière, Cortansio et les trois dames s’étaient instinctivement repliés les uns sur les autres et, pâles d’épouvante, n’osaient plus ni avancer, ni reculer. De fait, il faisait maintenant nuit noire. On ne pouvait absolument rien distinguer, mais l’oreille percevait distinctement, sur la droite, devers le vignoble des Chartreux, le bruit effrayant de la lutte que l’archer et son ami le bourgeois devaient soutenir contre une b***e de malandrins. Et cette b***e semblait être formidable, si l’on pouvait s’en rapporter au bruit mené par elle et aux nombreux noms de coupeurs de bourse lancés par la voix du capitaine, un certain Courmantel, appelant à la rescousse ses bandits. Comme la marquise, Solange et leurs gens, on doit bien penser que Matraque et son maître s’étaient également arrêtés court aux premiers cris de détresse. — Que t’avais-je dit ? murmura le jeune homme ; j’avais cru voir remuer derrière les échalas ! — Moi aussi, avoua le rustique Matraque, dont les dents s’entrechoquaient. Et, se signant, il ajouta : — C’est Satan qui fait des siennes, les chenapans de Courmantel ont une détestable réputation… J’espère que monsieur le chevalier n’a point l’intention d’aller se fourrer dans cet enfer ? — Je le devrais peut-être… mais il n’y a que des hommes en danger, et je me dois aux dames ! À la bonne heure !… monsieur le chevalier, c’est une sage décision ! D’ailleurs, je m’engage à dire un bout de patenôtre pour les défunts, s’il y en a. Et, se bouchant les oreilles : — Éloignons-nous, monsieur le chevalier. Puisque je leur promets une prière, ils pourraient bien mettre une sourdine à leurs lamentations, ces braillards-là !… Ma parole, faire tant de bruit pour mourir, c’est indécent ! Les appels continuaient, en effet, ainsi que le bruit de lutte. Soudain, le chevalier dressa l’oreille. Une nouvelle voix venait de lancer un cri inarticulé, et, cette fois, c’était une voix de femme. Ce fut comme un coup d’éperon pour notre escorteur, qui, en un instant, sembla transfiguré. — Attends-moi ! commanda-t-il. Je reviens ! Et, piquant des deux, il lança son arabe droit devant lui. La nuit les eut bientôt dévorés tous deux. Matraque, le bon gros écuyer, désolé de la tournure que prenait l’incident, abandonna la bride pour lever ses mains vers le ciel : — Quel enragé ! se lamenta-t-il. C’est un volcan, ce paroissien-là ! Et pas moyen de lui résister, pas même le temps de placer un mot… Il vous donnerait de son estoc dans le gosier ou dans le ventre. Puis, s’apercevant que son mulet broutait l’herbe de la bordure du chemin : — À propos de ventre, reprit-il, voilà qui va diablement retarder l’heure du souper ! Il se tut pour écouter. Les bruits de lutte venaient de s’éteindre, et le coupeur de routes criait justement : — Victoire à Courmantel ! Vous avez bien travaillé, mes petits agneaux ! Je suis content de toi, la Bourrique, de toi aussi, Gingembre ; quant à Cabillot et à Pique-Misère, c’était agréable de les voir besogner… Pas un mot ! Chacun aura sa part de butin ! — Cinq !… Ils sont cinq ! grommela le Gascon après avoir laborieusement compté. Si M. le chevalier les dévore tous… et ma foi je l’en crois capable… quel estomac. Toujours courant, le coursier arabe aux environs du carrefour de la Croix-Rouge, était venu donner du poitrail dans la monture du vieux Cortansio, qui s’était héroïquement porté à l’arrière-garde. Ce heurt aurait infailliblement eu pour immédiat résultat de culbuter les deux cavaliers, sans la présence d’esprit du jeune homme, qui entoura de son bras la taille du vieillard et le retint à temps. — Madame, dit-il ensuite en soulevant son feutre, bien que l’opacité des ténèbres rendît ce geste de politesse parfaitement superflu, il serait peut-être bon de commander un temps de galop jusqu’à votre hôtel. — Qui êtes-vous, monsieur ? interrogea Mme de Villeneuve-Marsan en cherchant, mais bien inutilement, à voir le visage de son interlocuteur. — On me nomme Bernard d’Arma, madame, et l’on me dit chevalier. — Ne seriez-vous point ce cavalier qui nous fait escorte depuis Sauveterre-la-Lémance ? — Si fait, madame la marquise ; sans mauvaise intention, je vous prie d’en être assurée, et je veux ne point regretter mon importunité si ma présence a suffi à vous tranquilliser jusqu’à cette heure. — Elle a du moins eu ce résultat de donner à réfléchir aux gens mal intentionnés, qui se sont tenus à l’écart. — De vous l’entendre dire, ma récompense est supérieure au service rendu. — Quelle affreuse sarabande mène-t-on là-bas, chevalier ? — C’est précisément ce qui me pousse à vous prier de vous hâter madame la marquise… Éloignez-vous du danger… moi j’y vais ! — Vous allez nous quitter ? — C’est mon devoir… On attaque une femme ! Alors s’inclinant sur sa selle, de l’arçon de laquelle il décrocha un morceau de bois résineux, il planta celui-ci dans la main de Cortansio, en même temps qu’un briquet, et dit en faisant volter son arabe : — Voici pour éclairer votre marche… Mes hommages, madame la marquise, je ne suis qu’un pauvre chevalier errant et me dois aux opprimés… C’est l’usage ! Lorsque la résine, enfin allumée, éclaira le petit peloton, Mme de Villeneuve-Marsan ne put que constater l’animation du visage de Solange… Quant au chevalier d’Arma, il était déjà loin.

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