10. Manhattan - Coney Island - Bensonhurst, 1910-2

2531 Words
Deux filles – Frida l’Allemande, blonde, grande et solide, et Sadie la Comtesse, qu’on appelait ainsi parce qu’on racontait qu’elle venait d’une famille de nobles européens – s’esclaffaient bruyamment dans un coin. «Alors, comment ça s’est passé, avec Sal?» demanda l’Allemande. La Comtesse ferma les yeux et soupira. Elles rirent de plus belle. Puis elles s’aperçurent que Cetta les fixait. «Tu sais pas c’que tu rates! s’exclama la Comtesse, mimant l’extase. — Il l’a jamais goûtée?» demanda l’Allemande, stupéfaite. Puis elle porta une main à sa poitrine et fit mine de rester bouche bée, en regardant Cetta. «Grâce à Sal, tu ne regrettes pas… ce qui te manque» ajouta une autre fille, Jennie Bla-Bla, appelée ainsi parce qu’elle parlait toujours trop. «Toi, tu s’rais capable de dire c’qu’y faut pas même avec la bite d’un n***e dans la bouche! intervint Madame, recoiffant une mèche rousse échappée d’une épingle. Et un d’ces jours, ce défaut va t’attirer des ennuis!» Toutes les filles se mirent à rire. «J’voulais juste dire que…, tenta de se justifier Jennie. Allez, bordel, vous voyez c’que j’veux dire! — Allez, bordel!… l’imita la Comtesse.» Et les autres s’esclaffèrent de plus belle. «Essaie de faire attention à c’que tu dis!» répliqua Madame. Jennie se renfrogna. Puis elle éclata de rire à son tour. Cetta ne comprenait pas ce qu’il y avait d’amusant. Elle s’efforça de sourire. Cependant, elle savait qu’elle avait rougi et espérait que personne ne l’avait remarqué. Ses compagnes parlaient toujours de Sal, mais avec des phrases mystérieuses ou qui, en tout cas, lui paraissaient telles. Elle avait tenté de l’observer et de comprendre pourquoi elles étaient toutes folles amoureuses de cet homme laid et mal dégrossi, aux mains toujours noires. Et à chaque fois qu’elle leur demandait quelque explication, ses collègues ne répondaient que de manière évasive: «Il faut qu’il te goûte, alors tu comprendras tout de suite!» répliquaient-elles. Rien d’autre. Mais sa curiosité n’allait guère au-delà. Le s**e ne l’intéressait pas. Elle faisait la p****n, ça n’avait rien à voir. La seule chose que Cetta regrettait vraiment, c’était de ne pas habiter avec les autres filles: partager le quotidien créait une intimité qu’elle n’avait avec aucune d’entre elles. Avant le coucher et au réveil, il n’y avait pas de prostituées, mais simplement des jeunes femmes. Et elles se liaient d’amitié. Cetta, en revanche, n’avait pas d’amie. Ses seuls amis, c’étaient Tonia et Vito Fraina. Mais elle, elle avait Christmas – ainsi se consolait-elle, lorsque la mélancolie la gagnait –, alors qu’un médecin anonyme venait racler le ventre de toutes ces filles avec une tige de fer pour faire passer leurs bébés. Quant aux hommes, Cetta n’y pensait jamais. Elle les accueillait sans peine. C’était juste quelque chose qu’il fallait faire. «C’est une fillette!» disait Madame en l’indiquant à certains clients. Alors leur visage s’illuminait, ils venaient dans la chambre avec des bonbons et lui en offraient comme si elle était leur petite nièce, puis ils l’allongeaient en travers de leurs jambes, soulevaient sa jupe et lui donnaient une fessée. Ils lui disaient qu’elle avait été méchante et qu’il ne fallait jamais plus recommencer. Ils le lui faisaient jurer, mais ensuite ils sortaient leur membre et le lui fourraient dans la bouche encore pleine du sucre des bonbons. «C’est une vraie s****e!» disait au contraire Madame à d’autres. Ceux-là ne lui adressaient même pas la parole en l’entraînant dans la chambre, ni ne la déshabillaient. Ils la faisaient se tenir de dos, le derrière dénudé, et elle les entendait faire leurs petits préparatifs jusqu’à ce qu’ils soient prêts. Certains utilisaient un lubrifiant (que la maison de passe était attentive à toujours mettre à disposition, sur une table de chevet) mais la plupart de ce genre de clients crachaient droit entre les fesses de Cetta, étalaient la salive avec un doigt et puis la pénétraient. «C’est une fille très sensible!» disait Madame à d’autres encore. Après avoir fait l’amour avec elle, ceux-là pleuraient parce qu’ils l’avaient contrainte à s’humilier en se prostituant, et parce que leurs bas instincts l’avaient souillée. Ou bien ils s’allongeaient, la tête sur ses fesses, et lui parlaient de leur femme, qui était autrefois exactement comme elle, jeune et docile. Ou bien ils voulaient la prendre dans le noir et l’appelaient avec des noms qui, pour Cetta, ne voulaient rien dire, mais qui pour eux avaient été chargés de sens, qui sait combien de temps auparavant. «C’est ton esclave!» disait Madame à d’autres clients, avant d’ajouter à voix basse «…mais ne me l’abîme pas!» Ceux-là l’attachaient au lit, passaient la pointe d’un couteau entre ses seins et le long de ses cuisses, serraient ses mamelons avec des pinces à linge, lui donnaient des ordres ou lui faisaient l****r leurs chaussures. «C’est ta patronne!» disait encore Madame à certains. Alors Cetta les attachait au lit, passait la pointe d’un couteau sur leur poitrine et à la base de leurs testicules, serrait leurs mamelons avec des pinces à linge, leur donnait des ordres, leur faisaient l****r ses chaussures ou leur enfilait ses talons dans la bouche. Madame devinait ce que voulaient les clients. Et Cetta devenait ce que voulait Madame. Simplement parce que c’était ce qu’une prostituée devait faire. Mais elle n’y pensait jamais avant d’arriver au bordel. Et elle l’oubliait aussitôt après, lorsque Sal la raccompagnait chez elle. Parce que Cetta avait un monde intérieur qui la tenait éloignée de tout – qui ne la protégeait pas, mais la tenait éloignée. Elle ne demandait jamais pourquoi. Elle n’avait demandé aucune explication à sa mère lorsque celle-ci l’avait estropiée, ni à l’homme à la jambe de bois qui l’avait violée, ni à celui qui s’était fait payer le prix du voyage en abusant d’elle. Les explications ne l’intéressaient pas. Les choses étaient ce qu’elles étaient. Et pourtant, rien ni personne ne pourrait la soumettre. Cetta, tout simplement, ne leur appartenait pas. Elle n’appartenait à personne. Le lendemain à onze heures, Sal, ponctuel, gara sa voiture le long du trottoir, obligeant un vendeur ambulant à déplacer sa misérable marchandise en catastrophe. Cetta, qui l’attendait sur les marches, passa près du marchand, lui sourit et posa une main sur son épaule. Puis elle monta en voiture. Sal démarra en écrasant sous ses roues la valise en carton dans laquelle le vendeur transportait les lacets de chaussures qu’il tentait de vendre. «Pourquoi t’as fait ça? demanda Cetta, se retournant pour regarder le pauvre homme avec sa valise déglinguée. — Parce que tu lui as souri, répondit Sal. — Tu es jaloux? — Dis pas de conneries! — Alors pourquoi? — Parce que tu lui as souri. — Je comprends pas… — Si tu lui souris alors que je l’ai obligé à se déplacer, c’est comme si tu lui disais qu’il a raison. Et tu lui dis ça sous mon nez. Donc, c’est comme si tu me disais, devant lui, que j’ai tort. Alors si ça s’trouve, un jour, ce type ou n’importe quel autre c*****d va se mettre en tête qu’il n’a qu’à me le dire directement. C’est pour ça que j’ai dû lui faire comprendre que le chef, c’est moi.» Cetta demeura silencieuse un moment, avant d’éclater de rire: «Sal, j’aurais jamais imaginé que tu pouvais faire une phrase aussi longue!» Sal continua à conduire. Mais il n’allait pas vers la maison close. «On va où? interrogea Cetta. — À Coney Island» répondit Sal. Il se gara sur le quai, tira de sa poche deux billets identiques à celui que Cetta gardait dans son sac de cuir verni, et descendit de voiture. «Dépêche-toi! lui lança-t-il rudement. Le ferry va pas t’attendre!» Puis il la prit par le bras et l’entraîna vers l’embarcadère. Il bouscula les personnes qui faisaient la queue, passa devant tout le monde, foudroya du regard un marin qui s’était hasardé à protester et poussa Cetta dans le ventre de la baleine de fer. Quand la sirène du ferry annonça le départ, Cetta sursauta, comme si elle se réveillait d’un rêve. Et elle fut obligée de se mordre les lèvres pour ne pas pleurer des larmes de joie, semblables à celles qu’elle avait versées la première fois qu’elle avait endossé ses vêtements de prostituée. Mais dès que le ferry quitta le quai, elle replongea dans le rêve et l’irréel. Elle ne pensait à rien, ne voyait rien ou presque. Agrippée à la rambarde, à la proue, elle fixait l’eau qui se fendait en deux en écumant, et elle serrait les poings car elle craignait de s’envoler, de se transformer en mouette, alors qu’elle désirait rester ici, debout sur toute cette ferraille qui vibrait. C’était le premier cadeau qu’elle ait jamais reçu. Elle ne parvenait même pas à penser à Sal. Elle ne lui était même pas reconnaissante. Elle se tenait là, dans le vent qui ébouriffait ses cheveux épais et noirs, et tentait de sourire. Elle ne se retourna qu’une fois, très vite, comme dans un sursaut, pour vérifier que Manhattan n’avait pas disparu. Et puis elle regarda à nouveau devant elle, la côte de Brooklyn filait sur sa gauche, en face c’était la haute mer. Et soudain elle se mit à rire, en espérant que personne ne l’entendait, car elle voulait que cette joie ne soit que pour elle: c’était une forme d’avarice, comme si la partager aurait signifié la perdre. Et puis, enfin, l’arrivée à Coney Island! «Lance!» lui dit Sal en lui passant des balles de chiffon qu’il fallait jeter sur une pyramide de boîtes de conserve. «Vas-y!» fit-il en la poussant vers un wagon du train fantôme. «C’est une connerie pour que les gens s’embrassent dans le noir» expliqua-t-il en l’éloignant d’un rideau sur lequel était écrit: «Tunnel de l’amour». «Mange!» ordonna-t-il en lui tendant une montagne de barbe à papa. «Tu t’es amusée?» lui demanda-t-il au bout d’une heure. Cetta était comme enivrée. Le trajet en ferry, à la proue, agrippée à la rambarde au lieu d’être enfermée dans la cale, la plage que l’on voyait dès qu’on était au large, la foule qui se pressait sur le bord de mer pour écouter des orchestres, les établissements de bain, les trams électriques de toutes couleurs, la musique qui sortait des cafés sur la plage, les magasins qui vendaient des maillots de bain rayés, l’entrée de la fête foraine… Elle tenait à la main un ours en peluche que Sal avait gagné au tir. Elle avait les poches pleines de bonbons, guimauve, rouleaux de réglisses, sucettes, sucres d’orge et fruits confits. «Eh, tu t’es amusée?» répéta Sal. Cetta le regarda, un peu hébétée, puis tourna la tête vers les montagnes russes et les indiqua, sans mot dire. Sal resta immobile un instant, puis la prit par le bras, alla à la caisse, acheta un billet et le lui donna. Sur le ticket, il était écrit: «Les plus hautes du monde». Dans les wagons, les gens hurlaient. «J’ai peur d’y aller toute seule!» s’exclama Cetta. Sal leva les yeux vers les montagnes russes. Il flanqua un coup de pied furieux dans un réverbère, fit volte face, retourna à la caisse, poussa un couple d’amoureux et acheta un autre billet. Puis il s’assit dans le wagon près de Cetta. Tant qu’ils montèrent, Cetta fut tout sourire. Mais lorsqu’elle se retrouva au bord de la première descente vertigineuse, elle regretta d’avoir voulu essayer les montagnes russes. Elle écarquilla les yeux, sentit le souffle lui manquer, agrippa le bras de Sal et puis hurla à pleins poumons. Sal demeura immobile. Il n’émit pas un son. Il porta une main à son chapeau pour éviter qu’il ne s’envole. Quand le tour fut finit, Sal lui lança: «Tu m’as explosé les tympans, imbécile!» Cetta eut l’impression qu’il était très pâle. «On y va!» commanda Sal, après quoi il ne lui adressa plus la parole. Et même lorsqu’il la vit frissonner pendant le voyage du retour, il ne lui dit pas un mot, ni ne lui offrit sa veste pour la protéger. Ensuite, une fois la voiture récupérée, Sal les conduisit de l’autre côté de Manhattan, traversa l’East River, rejoignit Brooklyn et l’emmena dans une rue plantée d’arbrisseaux qui avaient du mal à pousser, dans le quartier de Bensonhurst. Les immeubles n’avaient que deux ou trois étages. Tout était différent du Lower East Side. On aurait dit un village. Sal fit descendre Cetta et, toujours en la tenant par le bras, la fit entrer dans un des immeubles. Ils montèrent au deuxième étage. Sal sortit des clefs de sa poche et ouvrit une porte. «J’habite ici» expliqua-t-il. Il la poussa sur un divan marron, ôta sa veste ainsi que l’étui contenant son pistolet. Il retroussa ses manches. «Enlève ta culotte!» ordonna-t-il. Cetta ôta sa culotte, qu’elle laissa tomber à terre. Puis elle tendit la main et toucha le s**e de Sal. «Non!» s’écria Sal. Il s’agenouilla devant elle, lui écarta les jambes et souleva sa jupe. Puis il plongea la tête dans la touffe noire de ses poils. Il renifla. «Des épices…» fit-il sans bouger la tête – et la vibration sourde de sa voix provoqua en Cetta un étrange frisson. «Du romarin… du poivre…» continua-t-il à dire doucement, déplaçant son nez écrasé par les coups de poings, en faisant de petits cercles. Cetta s’aperçut qu’elle avait envie de fermer les yeux. «Un sous-bois épais… chauffé par le soleil… mais humide…» Quand elle était avec un client, Cetta gardait toujours les yeux ouverts. Même lorsqu’il faisait noir et que nul ne pouvait la voir. Elle ne savait pas pourquoi. Elle n’avait pas envie de fermer les yeux, c’était tout. «Oui, c’est ça… romarin et poivre sauvage…» fit Sal, écartant les poils avec son nez. À présent, Cetta n’arrivait plus à garder les yeux ouverts. La voix chaude et profonde de Sal résonnait entre ses jambes, comme dans une grotte, et des vibrations semblaient monter dans son ventre, qui se contractait. Et elle écoutait cette voix qui pénétrait son corps avant même de parvenir à ses oreilles. «Des arbustes sauvages…» et, glissant son nez entre les poils noirs, Sal le pressa contre la peau «… dans une terre humide…» Les yeux clos, Cetta ouvrit la bouche, mais sans dire un mot et en retenant son souffle. «Et dans cette terre…» Cetta sentit le nez remonter et quitter sa peau qui devenait humide, comme le disait la voix de Sal. «… et dans cette terre, le miel…» Et Cetta sentit la langue de Sal qui, lentement, se glissait en elle, comme pour chercher ce miel qu’elle découvrait, émerveillée, dans son propre ventre, en train de couler à la recherche d’une sortie. «Du miel de châtaignier…» poursuivait Sal, continuant à parler dans son corps, en la faisant trembler. «Âpre et amer… et pourtant sucré…» Cetta avait le souffle coupé. Sa bouche s’ouvrait et se fermait, au rythme des bouffées de chaleur qui enflammaient son ventre. Elle tenait maintenant les bras écartés. Ses mains s’ouvraient et se fermaient en même temps que sa bouche, tandis qu’elle entendait – et sentait – la voix de Sal, qui ne cessait de parler et de vibrer à l’intérieur d’elle, dans les profondeurs. «Et dans ce miel…» la langue de Sal écarta la peau et puis monta «… un bourgeon tendre… délicat… sucré… de la pâte d’amande…» «Non…» chuchota Cetta, dans un long souffle. Et elle ne savait pas pourquoi elle avait dit ce mot, qu’elle n’avait jamais prononcé lorsqu’elle avait été violée. «Non…» répéta-t-elle plus doucement encore, pour que Sal ne l’entende pas. «Non…» dit-elle encore, en proie à un supplice qu’elle ne connaissait pas, qui ne faisait pas mal et ne déchirait rien. Elle avait l’impression qu’une espèce de mélasse, quelque chose de visqueux et poisseux, sortait d’elle. «Un bourgeon clair…» continuait Sal, enroulant le bout de sa langue et puis l’élargissant, comme pour montrer à Cetta ce qu’elle avait sans le savoir, lui enseignant ce qu’elle ignorait être capable d’éprouver «… un bourgeon clair dans une coquille sombre… comme une huître, comme la perle d’une huître…» Sal fit entendre un bruit sourd, satisfait, et poussa plus fort sa tête et sa langue entre les jambes de Cetta, accélérant le rythme de ses baisers. «Oui… c’est ça, c’est ça…» Les bras de Cetta agrippèrent la grosse et puissante tête de Sal, ses doigts se glissèrent dans ses cheveux gominés et poussèrent cette tête tout au fond d’elle, presque jusqu’à ce qu’il étouffe, parce qu’elle-même étouffait. «Voilà… maintenant, je le sens… Le sel, le sel du miel… vas-y, petite, ça vient, ça vient…» Cetta écarquilla les yeux lorsqu’elle sentit le sel, comme l’appelait la voix profonde de Sal, jaillir d’elle, irrésistible, contracter son ventre et lui couper le souffle. Alors que jusqu’ici elle gémissait, elle comprit que c’était uniquement en criant qu’elle pourrait atténuer ce supplice de la chair: «Sal!» hurla-t-elle, vaincue. Et Sal releva la tête. Il la regarda. Souriant. Cetta vit qu’il avait des dents très blanches. Droites. Parfaites. Elles détonaient dans la laideur de son visage. Pleine de gratitude, encore secouée par le troublant vertige que la langue épaisse de Sal avait provoqué, elle se précipita sur son pantalon et se mit à le déboutonner. Sal repoussa ses mains: «Non, je t’ai dit!» fit sa voix profonde et brusque. Cetta fixa ses lèvres, brillantes du plaisir qu’il venait de lui donner. Elle s’abandonna sur le divan, releva sa jupe, écarta les jambes, ferma les yeux et lança: «Parle-moi encore, Sal!»
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