IV La téléga de poste roule depuis huit jours. En Russie, la voiture fermée est inconnue. Tout véhicule est découvert. Et malgré le froid, malgré le vent qui fouette le visage, souvent chargé de cette poussière humide qu’il arrache à la neige, le voyageur continue sa route, les pieds et le corps enveloppés de chaudes fourrures. Madeleine et la vieille dame qui l’accompagne ne se sont arrêtées que pour prendre un peu de repos et de nourriture. Elles ont continué, changeant de moujik et de chevaux à chaque poste, ce voyage à travers les neiges et une nature si triste, que l’homme qui la contemple songe involontairement à la mort. La vieille dame est occupée de son chien ; elle ne pense qu’à lui et ne s’occupe que de lui. Ce chien – un roquet affreux –, engourdi par le froid, repose sur ses