III Or, la scène que nous venons d’esquisser à grands traits avait eu lieu, on le devine, la veille même du jour où Madeleine devait écrire à sa sœur Antoinette et lui raconter ce grand déchirement de son âme. Lorsque le comte Potenieff était revenu à Moscou, Madeleine était encore en proie à mille rêves de bonheur et d’avenir. Yvan l’aimait. Il le lui avait dit à genoux ; il lui avait juré qu’il n’épouserait pas la comtesse Vasilika, et qu’il n’aurait d’autre femme qu’elle. Et Yvan lui avait dit vrai : Yvan l’aimait ardemment, et, quand il paraissait certain du consentement de sa famille, il ne croyait pas mentir, car jusque-là, sa famille avait fait de lui son idole. Or, en apprenant l’arrivée de son père, Yvan qui passait une grande partie de ses journées hors de l’hôtel, en compagnie