X Journal d’Antoinette À monsieur Agénor de Morlux. Monsieur et ami, Ces lignes vous parviendront-elles jamais ? Hélas ! je l’ignore et n’ose l’espérer ; mais ma situation est si affreuse, si horrible, que je veux retracer, la plume à la main, les tortures que je viens de subir et que je subis encore. Je vous ai quitté, il y a trois jours, à six heures du soir, à la porte de la maison que j’habitais, et vous m’avez dit : « À demain. » Une heure plus tard, on m’a apporté une lettre de votre père qui voulait me voir. À dix heures, on m’enlevait ; à minuit, j’étais mélangée à une b***e de voleurs ; à six heures du matin j’avais passé la nuit au dépôt de la préfecture de police ; avant midi, le même jour, j’étais à Saint-Lazare. Saint-Lazare ! Non, mon ami, vous ne pouvez pas comprendr