XIV La mère Philippe était devenue toute pâle. – Milon ! Milon ! répétait-elle, comme si ce nom eût éveillé en elle tout un passé douloureux. – Mais vous l’avez donc connu ? Et Antoinette tremblait comme une feuille jaunie que le vent d’automne secoue à la cime d’un arbre. – C’était mon cousin... – Votre cousin !... – Oui, mademoiselle. – Ah ! fit Antoinette toute pâmée ; mais il est donc mort ? La mère Philippe courba le front. – Mieux vaudrait ! dit-elle. Mais Antoinette lui prit le bras et le lui secoua avec une singulière énergie. – Oh ! parlez ! dit-elle, parlez, je le veux ! La mère Philippe n’y tint plus ; elle prit Antoinette dans ses bras comme si Antoinette eût été son enfant, et lui dit : – Ah ! chère demoiselle, je vous ai vue toute petite, et j’ai vu votre mère..