I Il est une heure à peu près unique, en hiver, six heures du matin, où le faubourg Saint-Honoré est silencieux et désert comme une nécropole. Les équipages qui ont roulé toute la nuit viennent de rentrer, les bals sont finis ; les hôtes aristocratiques du noble quartier soufflent leurs bougies, et le petit monde, comme on dit, ne se lève pas encore. À peine, à un coin de rue, aperçoit-on un boucher ouvrant la grille de son étal, ou un fruitier qui développe, en rentrant de la halle, les volets de sa boutique. Déserte entre les plus désertes est la rue d’Anjou-Saint-Honoré. Il s’y trouve plus d’hôtels que de maisons à locataires ; chaque demeure renferme des habitants aisés qui ne se soucient ni de la froidure du matin, ni de cette pluie fine et serrée que dégage, le matin surtout, le bro