Je M'En Vais

1088 Words
En sortant des toilettes, je fis une pause devant le miroir. Face à moi, trois jeunes femmes perdues, abandonnées à elles-mêmes. Chantal me tint par la main, susurrant, « Ça va aller. » Et une étoile scintilla dans mes yeux, écoutant enfin une phrase que jamais ma sœur de sang n'avait pu me dire. Béatrice ajouta, « Tu n'as rien à craindre. Tu nous as nous maintenant. » Avant d'allonger son bras vers la sortie, signe qu'il était temps pour nous d'aller travailler. En silence, nous sortîmes de la pièce et découvrîmes une salle, autrefois sombre, désormais légèrement éclairée et presque vide. Les épaules relevées, je prononçai, « Nous sommes là ! » à un groupe d'hommes qui nous attendaient patiemment. Cependant, la fille aux formes pulpeuses sur les genoux du chef piaffa avant de bouder, « Moi je veux déjà rentrer me coucher. » Et Charles se leva, déclarant, « C'est d'accord, allons-y. » Menant les cinq autres hommes à le suivre. En marchant vers l'extérieur, Charles continuait à discourir, « Vu que nous sommes bourrés, nous ne conduirons pas, chef. J'ai dit au patron de la boîte de veiller sur les véhicules et il sera bien payé par toi. On prendra deux taxis. Un partira avec quatre personnes et le suivant avec cinq. » « Bien sûr... » murmura Chantal en embrassant la tête de celui qui la tenait fermement par la fesse. Au même moment, Béatrice me fit un clin d'œil, un sourire illuminant ses lèvres. Or, il faisait à peine aube. Les travailleurs de la boîte appelèrent des taxis et nous montâmes dans les véhicules. Le conducteur, semblant se soumettre aux croyances strictes émanant de la radio, baissa les vitres. J'aspirai donc profondément, me sentant mieux grâce au vent qui défilait entre nos corps pressés les uns contre les autres. Quelques minutes plus tard, nous étions arrivés à destination. Les voitures s'étaient garées devant un grand portail noir avant que les hommes ne paient et que le gardien ne nous ouvre. Il y avait une grande cour donnant vue à une vaste terrasse. De l'herbe verte s'étendait sur le sol et une piste en béton, en zigzag, menait à la terrasse. Sur ce périmètre, une table en bois et six chaises étaient exposées, avec des pots de fleurs décorant les coins. Le chef ouvrit la porte en annonçant, « Les mecs... gardez les trois filles. Je veux simplement Angélique. » Comme si je n'étais qu'un vulgaire objet. À peine mes yeux avaient eu le temps d'apercevoir le salon en cuir et la salle à manger assortie, que le chef me tira par la main, « Viens par ici, petit ange. Je vais être très gentil avec toi. » Sous les rires des hommes que nous laissions derrière, nous prîmes les escaliers menant à l'étage. Mes sandales résonnaient fort sur les carreaux, tant je marchais à pas de cheval. Le chef ouvrit ensuite la porte au fond du couloir et je découvris un grand lit ovale, couvert de draps rouges. Une douce odeur de bois de santal cajolait mes narines lorsque j'entendis un bruit qui me fit sursauter. Je me retournai, constatant que le chef venait de fermer la porte. « N'aie pas peur, » dit-il, la voix échappée dans une respiration fougueuse. « On va s'amuser tous les deux. » Il détachait sa ceinture. À ce moment, je me rappelai qu'il était hors de question pour moi de laisser la naïveté ou même le goût du luxe me faire perdre ma dignité devant un être vivant. Je déclarai donc, « Mon argent, d'abord. » Alors qu'il venait de s'allonger sur le lit, la tête relevée vers moi. « Écoute, finissons d'abord ce que nous avons à faire et je te paierai. » « Non ! » m'exclamai-je. Il souffla grossièrement, puis marmonna, « Tu es folle... » essayant ensuite de courir pour m'attraper avec force. Cependant, je l'évitai et sortis de mon soutien-gorge le couteau suisse marron que m'avait remis Chantal. Devant ses yeux arrondis, je déclarai, « Maintenant, tu ne vas pas oser appeler tes amis, n'est-ce pas ? Tu ne peux pas leur dire qu'une jeune femme te menace avec une arme. Quelle image auront-ils de toi ? Donne-moi mon argent. » « Tu sais quoi ? Prends l'argent et pars ! Je ne veux même plus aller plus loin avec toi. » « C'est parfait ! » dis-je en souriant. « De toute façon, vous les hommes me répugnez. » « Il y a quinze mille dans mon sac... » « Quinze ? Tu as dépensé des centaines de mille dans cette boîte. Je veux quinze fois trois, parce que je suis certaine que tes amis ne vont rien donner à mes copines. » « Tes copines ? Tu les connais depuis quand ? » « Qu'importe. » Je roulai des yeux. « Ok... ouvre le coffre posé sur le chevet du lit et prends ce que tu veux. » Je pris une liasse d'argent sans la compter, ne quittant pas Chef des yeux en sortant de la chambre. Je m'en allai fouiller les pièces de la maison, guidée par des gémissements. Le couteau de retour au chaud, ma main poussa une porte derrière laquelle Chantal, Béatrice et la troisième fille étaient prises par les hommes en même temps. « Oh... tu es venue nous rejoindre, » s'exclama l'homme ayant tenu Chantal par la fesse plus tôt. « Même pas en rêve ! » m'offusquai-je, avant de dire aux filles, « Levez-vous, le train arrive dans une heure. On s'en va. » « Quoi ? » « Qu'y a-t-il, Béatrice ? » répondis-je à son étonnement. Cependant, un homme très court appelé Gilbert bouda, « Non, non, vous n'allez nulle part. » Tenant un appareil photo en main qui filmait les courbes de ses conquêtes. « Et qui va nous en empêcher ? » Secouai-je la tête agressivement. « Si tu ne veux pas que je te traite comme j'ai traité ton ami, tu ferais mieux de te calmer. » « Que lui as-tu fait ? » demanda Chantal en se levant. J'esquivai sa question, tournant plutôt mon regard vers la troisième fille. « Tu viens?» « Avec vous ? » Elle déforma son visage, l'air dégoûtée. « Oh que non ! » Ainsi, les filles et moi courûmes vers la sortie, Chantal s'exclamant, « Oh non ! On n'a pas réclamé notre paye. » « Ne t'inquiète pas. J'en ai pris assez pour nos billets à toutes les trois. »
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