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Le Grillon du foyer

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"Le Grillon du foyer" est un conte court de Charles Dickens parue en 1845, un conte très émouvant, tant pour les enfants que pour les grands. C'est le troisième des cinq contes de Noël de Dickens, les deux premiers étant : "Un chant de Noël" (1843) et "The Chimes" (1844).Petite divinité domestique, tour à tour silencieuse et volubile, le grillon est l'âme de la maison. Symbole du bonheur et de la sérénité, il apaise les cœurs rongés par le doute, la colère et l'aigreur.Extraordinaire conteur, Dickens dénonce la misère de la société industrielle tout en évoquant la vie quotidienne avec humour et s'impose comme l'un des plus grands écrivains anglais du XXe siècle.,  

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Chapitre 1 - Premier cri-1
Chapitre 1 - Premier cri La Bouilloire fit entendre son premier cri ! Ne me dites pas ce que mistress Peerybingle disait. Je le sais mieux qu'elle. Mistress Peerybingle peut laisser croire jusqu'à la fin des temps qu'elle ne saurait dire lequel des deux commença à crier ; mais moi je dis que c'est la Bouilloire. Je dois le savoir, j'espère ! La Bouilloire commença cinq bonnes minutes, à la petite horloge de Hollande qui était dans un coin, avant que le grillon poussât le premier cri. Comme si, vraiment, le petit faucheur placé en haut de l'horloge n'avait pas fauché au moins un demi arpent de pré, abattant une herbe imaginaire avec sa faux lancée de droite à gauche, avant que le Grillon fît chorus avec la Bouilloire ! Je ne suis pas d'un caractère absolu ; tout le monde le sait. Je ne voudrais pas mettre mon opinion en opposition avec celle de mistress Peerybingle, si je n'étais pas sûr, positivement sûr de ce que je dis. Mais ceci est une question de fait. Et le fait est que la Bouilloire se mit à chanter au moins cinq minutes avant que le Grillon donnât signe de vie. Contredisez-moi, et je le dirai dix fois. Laissez-moi narrer exactement ce qui se passa. C'est ce que j'aurais fait tout d'abord, si ce n'était pas par cette simple considération que, si j'ai une histoire à raconter, il faut que je commence par le commencement, et comment est-il possible de commencer par le commencement, sans commencer par la Bouilloire ? Il paraît qu'il y avait une sorte de défi, un assaut de talent, vous comprenez, entre la Bouilloire et le Grillon. Et voici quelle en fut l'occasion. Mistress Peerybingle était sortie un peu avant la nuit close, et les talons cerclés en fer de ses patins laissaient sur le pavé humide de la cour de nombreuses figures dont la première proposition d'Euclide donne la démonstration. Elle était sortie pour aller remplir la Bouilloire au réservoir. Elle rentra, sans ses patins ; c'était facile à voir, car ses patins étaient très hauts, et elle était fort petite. Elle mit la Bouilloire au feu, et en la mettant, elle perdit patience ; car il lui tomba de l'eau sur les pieds et l'eau était froide, et puis elle tenait à la propreté de ses bas. De plus cette Bouilloire était obstinée et impatiente ; elle ne se laissait pas aisément arranger au feu. Elle chancelait, comme si elle était ivre, elle s'y tenait de travers, une vraie idiote de bouilloire. Elle était d'humeur querelleuse ; elle sifflait et crachait sur le feu d'un air morose. Pour comble de mésaventure, le couvercle, résistant aux doigts engourdis de mistress Peerybingle, se plaça dessus dessous, et ensuite, avec une ingénieuse opiniâtreté digne d'une meilleure cause, il se mit de côté et tomba au fond de la bouilloire. Un vaisseau à trois ponts coulé bas n'aurait pas fait la moitié autant de résistance pour être remis à flot que ce couvercle pour se laisser repêcher. Même avec son couvercle, la bouilloire conservait un air sombre et entêté, présentant sa poignée comme par défi, et éclaboussant par moquerie la main de mistress Peerybingle, comme si elle lui eût dit : – je ne veux pas bouillir. Rien ne m'y forcera. Mais mistress Peerybingle, à qui la bonne humeur était revenue, frotta ses petites mains l'une contre l'autre, et s'assit devant la Bouilloire en riant. En même temps, la flamme brilla et éclaira de ses clartés vacillantes le petit faucheur, qui semblait immobile devant son palais mauresque, comme si la flamme seule était en mouvement. Et pourtant il se mouvait, deux fois par seconde, avec la plus grande régularité. Mais ses efforts étaient effrayants à voir quand l'heure allait sonner, et lorsqu'un coucou, paraissant à la porte du palais, poussa six fois un cri semblable à celui d'un spectre, le faucheur s'agita en frémissant et ses jambes flageolaient comme si un fil de fer les lui eût tiraillées. Ce ne fut que lorsqu'un mouvement v*****t et un grand bruit de poids et de cordages se fut tout à fait calmé, que le faucheur effrayé revint à lui-même. Il ne s'était pas épouvanté sans raison car tout ce remue-ménage, tous ces os de squelettes qui s'agitaient n'étaient pas rassurants, et je m'étonne que les Hollandais, gens d'humeur flegmatique, soient les auteurs d'une pareille invention. Ce fut en ce moment, remarquez le bien que la Bouilloire commença sa soirée. Ce fut en ce moment que la Bouilloire, s'adoucissant jusqu'à devenir musicale, laissa échapper de son gosier des gazouillements qu'elle semblait vouloir retenir, de courtes notes interrompues, comme si elle n'avait pas encore tout à fait mis de côté sa mauvaise humeur. Ce fut en ce moment qu'après quelques vains efforts pour réprimer sa gaîté, elle se débarrassa enfin de son air morose, perdit toute réserve et se mit à chanter une chanson joyeuse, telle que le rossignol le plus tendre n'en a jamais eu l'idée. Elle était si simple, cette chanson, que vous l'auriez comprise comme un livre, mieux peut-être que quelques livres que je pourrais nommer. Avec sa chaude haleine qui s'élevait en gracieux et légers nuages qui montaient dans la cheminée comme vers un ciel domestique, la Bouilloire accentuait son chant joyeux avec énergie, et le couvercle, le couvercle naguère rebelle, – telle est l'influence du bon exemple, – dansait une espèce de gigue, et tintait comme une jeune cymbale sourde et muette qui n'a jamais connu de sœur. Ce chant de la Bouilloire était une invitation et un souhait de bienvenue pour quelqu'un qui n'était pas dans la maison, pour quelqu’un qui allait arriver, qui approchait de cette petite maison et de ce feu pétillant ; cela n'était pas douteux. Mistress Peerybingle le savait bien, elle qui était assise pensive devant le foyer. « La nuit est sombre, chantait la Bouilloire, et les feuilles mortes jonchent le chemin ; tout est brouillard et ténèbres ; en bas, tout est boue et flaques d'eau ; on ne voit dans l'air qu'un point moins triste ; c'est cette teinte rougeâtre à l'horizon, où le soleil et le vent semblent lutter pour se reprocher le vilain temps qu'il fait. Tout est obscur dans la campagne ; le poteau indicateur de la route se perd dans l'ombre ; la glace n'est pas fondue, mais l'eau est encore emprisonnée ; et vous ne sauriez dire s'il gèle ou s'il ne gèle pas. Ah ! le voilà qui vient, le voilà, le voici ! » En ce moment, s'il vous plaît, le Grillon poussa son cri ; coui, coui, coui, fit-il en chorus, et sa voix était si forte en proportion de sa taille – on ne pouvait pas en juger, car on ne le voyait pas, – qu'il semblait prêt à crever comme un canon trop chargé ; et vous auriez dit qu'il allait éclater en cinquante morceaux, tant il faisait d'efforts pour grésillonner. Le solo de la Bouilloire était fini ; le Grillon avait pris la partie de premier violon, et il ne la quittait pas. Bon Dieu ! comme il criait ! Sa voix aiguë et perçante résonnait dans toute la maison ; il semblait qu'elle allait percer les ténèbres… comme une étoile perce les nuages. Il y avait de petites trilles et un tremolo indescriptible dans le cri le plus aigu du Grillon, lorsque, dans l'excès de son enthousiasme il faisait des sauts et des bonds. Cependant ils s'accordaient fort bien, le Grillon et la Bouilloire. Le refrain était toujours le même, mais, dans leur émulation, ils le chantaient de plus en plus crescendo. La jolie petite femme qui les écoutait, – car elle était jolie et jeune quoique un peu forte, – alluma une chandelle, se tourna vers le faucheur de la pendule, qui avait fait une bonne provision de minutes, puis elle alla regarder à la fenêtre, par laquelle elle ne vit rien à cause de l'obscurité, mais elle vit son charmant visage se réfléchir dans les vitres, et mon opinion – qui serait aussi la vôtre – est qu'elle aurait pu regarder longtemps sans voir rien de moitié aussi agréable. Lorsqu'elle revint s'asseoir sur son siège, le Grillon et la Bouilloire continuaient leur duo avec le même entrain. C'était entr’eux comme une course au clocher. Cri ! cri ! cri ! Le Grillon l'emporte ! Hum ! hum ! hum ! La Bouilloire prend de l'avance. Cri ! cri ! cri ! Le Grillon gagne du terrain au retour. Mais la Bouilloire reprend encore : Hum ! hum ! Hum ! Enfin ils s'essoufflaient, ils s'épanouissaient tant l'un et l'autre, le Cri ! cri ! se confondait tellement avec le Hum ! hum ! qu'il aurait fallu une oreille plus exercée que la vôtre ou la mienne pour savoir qui l'emporterait. Mais ce qui ne fut pas douteux, c'est que la bouilloire et le Grillon, tout deux au même instant, et par un accord secret connu d'eux seuls, lancèrent leur chant joyeux avec un rayon de lumière qui traversant la fenêtre alla éclairer jusqu'au fond de la cour. Cette lumière, tombant tout à coup sur une certaine personne, qui arrivait dans l'obscurité, lui exprima à la lettre, et avec la rapidité de l'éclair, cette pensée : – Sois le bienvenu à la maison, mon ami ! sois le bienvenu, mon garçon. Ce but atteint, la Bouilloire, cessant de chanter, versa parce qu'elle bouillait trop fort, et fut enlevée de devant le feu. Mistress Peerybingle courut à la porte, où elle ne put d'abord se reconnaître au milieu du bruit des roues d'une voiture, du trépignement d'un cheval, de la voix d'un homme, des allées et venues d'un chien surexcité, et de la surprenante et mystérieuse apparition d'un baby. D’où venait ce baby, et comment mistress Peerybingle s'en empara-t-elle en un clin d’œil, je ne sais. Mais c'était un enfant vivant dans les bras de mistress Peerybingle ; et elle semblait en être fière, pendant qu'elle était doucement attirée vers le feu par un homme grand et robuste, beaucoup plus grand et plus âgé qu'elle, qui se baissa pour l'embrasser. – Oh ! mon Dieu, John ! dit mistress Peerybingle. Dans quel état vous êtes avec ce mauvais temps ! Il était vraiment dans un état pitoyable. L'épais brouillard avait déposé sur ses cils un chapelet de gouttes d'eau congelées ; et ses favoris imprégnés d'humidité brillaient à la clarté du foyer des couleurs de l'arc-en-ciel. – En effet, Dot, répondit John lentement, en déroulant le fichu qui lui entourait le cou et en se chauffant les mains, ce n'est pas un temps d'été. Il n'y a rien d'étonnant que je sois ainsi fait. – Je ne voudrais pas m'entendre appeler Dot, John. Je n'aime pas ce nom. Et la moue de Mistress Peerybingle semblait dire qu’elle l'aimait beaucoup. – Qu'êtes-vous donc ? répondit John en la regardant de son haut avec un sourire, et en l'étreignant avec autant de délicatesse que pouvaient le faire sa large main et son robuste bras. Ce brave John était si lourd mais si doux, si grossier à la surface et si sensible au fond du cœur, si massif en dehors, mais si vif au dedans ; si borné, mais si bon ! Ô mère Nature, donne à tes enfants cette poésie de cœur qui se cachait dans le sein de ce pauvre voiturier, ce n'était qu'un voiturier, et quoiqu'ils parlent en prose, quoiqu'ils vivent en prose, nous te remercions de nous faire vivre dans leur compagnie. On aurait eu plaisir à voir Dot avec sa petite figure et son baby dans ses bras, une vraie poupée que ce baby ; elle regardait le feu d'un air pensif, et inclinait sa petite tête délicate sur le côté du grand et robuste voiturier, avec une grâce demi naturelle, demi affectée. On aurait eu plaisir à voir celui-ci la soutenir avec une tendre gaucherie, et faisant de son âge mûr un soutien pour la jeunesse de sa femme. On aurait eu plaisir à voir la servante Tilly Slowbody, attendant qu'on la chargeât du soin du baby, regarder ce groupe d'un air d'intérêt, les yeux et la bouche ouverts, et la tête en avant. Ce n'était pas moins agréable de voir John le voiturier, sur une observation de Dot, retenir sa main qui était sur le point de toucher l'enfant, comme s'il craignait de le briser, et se contentant de le regarder à distance avec orgueil ; tel qu'un gros chien ferait vis-à-vis d'un canari, s'il arrivait qu'il en fût le père.

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