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Tout à Clochegourde portait le cachet d’une propreté vraiment anglaise. Le salon où restait la comtesse était entièrement boisé, peint en gris de deux nuances. La cheminée avait pour ornement une pendule contenue dans un bloc d’acajou surmonté d’une coupe, et deux grands vases en porcelaine blanche à filets d’or, d’où s’élevaient des bruyères du Cap. Une lampe était sur la console. Il y avait un trictrac en face de la cheminée. Deux larges embrasses en coton retenaient les rideaux de percale blanche, sans franges. Des housses grises, bordées d’un galon vert, recouvraient les sièges, et la tapisserie tendue sur le métier de la comtesse disait assez pourquoi son meuble était ainsi caché. Cette simplicité arrivait à la grandeur. Aucun appartement, parmi ceux que j’ai vus depuis, ne m’a causé des impressions aussi fertiles, aussi touffues que celles dont j’étais saisi dans ce salon de Clochegourde, calme et recueilli comme la vie de la comtesse, et où l’on devinait la régularité conventuelle de ses occupations. La plupart de mes idées, et même les plus audacieuses en science ou en politique, sont nées là, comme les parfums émanent des fleurs ; mais là verdoyait la plante inconnue qui jeta sur mon âme sa féconde poussière, là brillait la chaleur solaire qui développa mes bonnes et dessécha mes mauvaises qualités. De la fenêtre, l’œil embrassait la vallée depuis la colline où s’étale Pont-de-Ruan, jusqu’au château d’Azay, en suivant les sinuosités de la côte opposée que varient les tours de Frapesle, puis l’église, le bourg et le vieux manoir de Saché dont les masses dominent la prairie. En harmonie avec cette vie reposée et sans autres émotions que celles données par la famille, ces lieux communiquaient à l’âme leur sérénité. Si je l’avais rencontrée là pour la première fois, entre le comte et ses deux enfants, au lieu de la trouver splendide dans sa robe de bal, je ne lui aurais pas ravi ce délirant b****r dont j’eus alors des remords en croyant qu’il détruirait l’avenir de mon amour ! Non, dans les noires dispositions où me mettait le malheur, j’aurais plié le genou, j’aurais baisé ses brodequins, j’y aurais laissé quelques larmes, et je serais allé me jeter dans l’Indre. Mais après avoir effleuré le frais jasmin de sa peau et bu le lait de cette coupe pleine d’amour, j’avais dans l’âme le goût et l’espérance de voluptés surhumaines ; je voulais vivre et attendre l’heure du plaisir comme le sauvage épie l’heure de la vengeance ; je voulais me suspendre aux arbres, ramper dans les vignes, me tapir dans l’Indre ; je voulais avoir pour complices le silence de la nuit, la lassitude de la vie, la chaleur du soleil, afin d’achever la pomme délicieuse où j’avais déjà mordu. M’eût-elle demandé la fleur qui chante ou les richesses enfouies par les compagnons de Morgan l’exterminateur, je les lui aurais apportées afin d’obtenir les richesses certaines et la fleur muette que je souhaitais ! Quand cessa le rêve où m’avait plongé la longue contemplation de mon idole, et pendant lequel un domestique vint et lui parla, je l’entendis causant du comte. Je pensai seulement alors qu’une femme devait appartenir à son mari. Cette pensée me donna des vertiges. Puis j’eus une rageuse et sombre curiosité de voir le possesseur de ce trésor. Deux sentiments me dominèrent, la haine et la peur ; une haine qui ne connaissait aucun obstacle et les mesurait tous sans les craindre ; une peur vague, mais réelle du combat, de son issue, et d’ELLE surtout. En proie à d’indicibles pressentiments, je redoutais ces poignées de main qui déshonorent, j’entrevoyais déjà ces difficultés élastiques où se heurtent les plus rudes volontés et où elles s’émoussent ; je craignais cette force d’inertie qui dépouille aujourd’hui la vie sociale des dénouements que recherchent les âmes passionnées. – Voici monsieur de Mortsauf, dit-elle. Je me dressai sur mes jambes comme un cheval effrayé. Quoique ce mouvement n’échappât ni à monsieur de Chessel ni à la comtesse, il ne me valut aucune observation muette, car il y eut une diversion faite par une jeune fille à qui je donnai six ans, et qui entra disant : – Voilà mon père. – Eh ! bien, Madeleine ? fit sa mère. L’enfant tendit à monsieur de Chessel la main qu’il demandait, et me regarda fort attentivement après m’avoir adressé son petit salut plein d’étonnement. – Êtes-vous contente de sa santé ? dit monsieur de Chessel à la comtesse. – Elle va mieux, répondit-elle en caressant la chevelure de la petite déjà blottie dans son giron. Une interrogation de monsieur de Chessel m’apprit que Madeleine avait neuf ans ; je marquai quelque surprise de mon erreur, et mon étonnement amassa des nuages sur le front de la mère. Mon introducteur me jeta l’un de ces regards significatifs par lesquels les gens du monde nous font une seconde éducation. Là, sans doute était une blessure maternelle dont l’appareil devait être respecté. Enfant malingre dont les yeux étaient pâles, dont la peau était blanche comme une porcelaine éclairée par une lueur, Madeleine n’aurait sans doute pas vécu dans l’atmosphère d’une ville. L’air de la campagne, les soins de sa mère qui semblait la couver, entretenaient la vie dans ce corps aussi délicat que l’est une plante venue en serre malgré les rigueurs d’un climat étranger. Quoiqu’elle ne rappelât en : rien sa mère, Madeleine paraissait en avoir l’âme, et cette âme la soutenait. Ses cheveux rares et noirs, ses yeux caves, ses joues creuses, ses bras amaigris, sa poitrine étroite annonçaient un débat entre la vie et la mort, duel sans trêve où jusqu’alors la comtesse était victorieuse. Elle se faisait vive, sans doute pour éviter des chagrins à sa mère ; car, en certains moments où elle ne s’observait plus, elle prenait l’attitude d’un saule-pleureur. Vous eussiez dit d’une petite Bohémienne souffrant la faim, venue de son pays en mendiant, épuisée, mais courageuse et parée pour son public. – Où donc avez-vous laissé Jacques ? lui demanda sa mère en la baisant sur la raie blanche qui partageait ses cheveux en deux bandeaux semblables aux ailes d’un corbeau. – Il vient avec mon père. En ce moment le comte entra suivi de son fils qu’il tenait par la main. Jacques, vrai portrait de sa sœur, offrait les mêmes symptômes de faiblesse. En voyant ces deux enfants frêles aux côtés d’une mère si magnifiquement belle, il était impossible de ne pas deviner les sources du chagrin qui attendrissait les tempes de la comtesse et lui faisait taire une de ces pensées qui n’ont que Dieu pour confident, mais qui donnent au front de terribles signifiances. En me saluant, monsieur de Mortsauf me jeta le coup d’œil moins observateur que maladroitement inquiet d’un homme dont la défiance provient de son peu d’habitude à manier l’analyse. Après l’avoir mis au courant et m’avoir nommé, sa femme lui céda sa place, et nous quitta. Les enfants dont les yeux s’attachaient à ceux de leur mère, comme s’ils en tiraient leur lumière, voulurent l’accompagner, elle leur dit : – Restez, chers anges ! et mit son doigt sur ses lèvres. Ils obéirent, mais leurs regards se voilèrent. Ah ! pour s’entendre dire ce mot chers, quelles tâches n’aurait-on pas entreprises ? Comme les enfants, j’eus moins chaud quand elle ne fut plus là. Mon nom changea les dispositions du comte à mon égard. De froid et sourcilleux il devint, sinon affectueux, du moins poliment empressé, me donna des marques de considération et parut heureux de me recevoir. Jadis mon père s’était dévoué pour nos maîtres à jouer un rôle grand mais obscur, dangereux mais qui pouvait être efficace. Quand tout fut perdu par l’accès de Napoléon au sommet des affaires, comme beaucoup de conspirateurs secrets, il s’était réfugié dans les douceurs de la province et de la vie privée, en acceptant des accusations aussi dures qu’imméritées ; salaire inévitable des joueurs qui jouent le tout pour le tout, et succombent après avoir servi de pivot à la machine politique. Ne sachant rien de la fortune, rien des antécédents ni de l’avenir de ma famille, j’ignorais également les particularités de cette destinée perdue dont se souvenait le comte de Mortsauf. Cependant, si l’antiquité du nom, la plus précieuse qualité d’un homme à ses yeux, pouvait justifier l’accueil qui me rendit confus, je n’en appris la raison véritable que plus tard. Pour le moment, cette transition subite me mit à l’aise. Quand les deux enfants virent la conversation reprise entre nous trois, Madeleine dégagea sa tête des mains de son père, regarda la porte ouverte, se glissa dehors comme une anguille, et Jacques la suivit. Tous deux rejoignirent leur mère, car j’entendis leurs voix et leurs mouvements, semblables, dans le lointain, aux bourdonnements des abeilles autour de la ruche aimée. Je contemplai le comte en tâchant de deviner son caractère, mais je fus assez intéressé par quelques traits principaux pour en rester à l’examen superficiel de sa physionomie. Âgé seulement de quarante-cinq ans, il paraissait approcher de la soixantaine, tant il avait promptement vieilli dans le grand naufrage qui termina le dix-huitième siècle. La demi-couronne, qui ceignait monastiquement l’arrière de sa tête dégarnie de cheveux, venait mourir aux oreilles en caressant les tempes par des touffes grises mélangées de noir. Son visage ressemblait vaguement à celui d’un loup blanc qui a du sang au museau, car son nez était enflammé comme celui d’un homme dont la vie est altérée dans ses principes, dont l’estomac est affaibli, dont les humeurs sont viciées par d’anciennes maladies. Son front plat, trop large pour sa figure qui finissait en pointe, ridé transversalement par marches inégales, annonçait les habitudes de la vie en plein air et non les fatigues de l’esprit, le poids d’une constante infortune et non les efforts faits pour la dominer. Ses pommettes, saillantes et brunes au milieu des tons blafards de son teint, indiquaient une charpente assez forte pour lui assurer une longue vie. Son œil clair, jaune et dur tombait sur vous comme un rayon du soleil en hiver, lumineux sans chaleur, inquiet sans pensée, défiant sans objet. Sa bouche était violente et impérieuse, son menton était droit et long. Maigre et de haute taille, il avait l’attitude d’un gentilhomme appuyé sur une valeur de convention, qui se sait au-dessus des autres par le droit, au-dessous par le fait. Le laisser-aller de la campagne lui avait fait négliger son extérieur. Son habillement était celui du campagnard en qui les paysans aussi bien que les voisins ne considèrent plus que la fortune territoriale. Ses mains brunies et nerveuses attestaient qu’il ne mettait de gants que pour monter à cheval ou le dimanche pour aller à la messe. Sa chaussure était grossière. Quoique les dix années d’émigration et les dix années de l’agriculteur eussent influé sur son physique, il subsistait en lui des vestiges de noblesse. Le libéral le plus haineux, mot qui n’était pas encore monnayé, aurait facilement reconnu chez lui la loyauté chevaleresque, les convictions immarcescibles du lecteur à jamais acquis à la Quotidienne. Il eût admiré l’homme religieux, passionné pour sa cause, franc dans ses antipathies politiques, incapable de servir personnellement son parti, très capable de le perdre, et sans connaissance des choses en France. Le comte était en effet un de ces hommes droits qui ne se prêtent à rien et barrent opiniâtrement tout, bons à mourir l’arme au bras dans le poste qui leur serait assigné, mais assez avares pour donner leur vie avant de donner leurs écus. Pendant le dîner je remarquai, dans la dépression de ses joues flétries et dans certains regards jetés à la dérobée sur ses enfants, les traces de pensées importunes dont les élancements expiraient à la surface. En le voyant, qui ne l’eût compris ? Qui ne l’aurait accusé d’avoir fatalement transmis à ses enfants ces corps auxquels manquait la vie ? S’il se condamnait lui-même, il déniait aux autres le droit de le juger. Amer comme un pouvoir qui se sait fautif, mais n’ayant pas assez de grandeur ou de charme pour compenser la somme de douleur qu’il avait jetée dans la balance, sa vie intime devait offrir les aspérités que dénonçaient en lui ses traits anguleux et ses yeux incessamment inquiets. Quand sa femme rentra, suivie des deux enfants attachés à ses flancs, je soupçonnai donc un malheur, comme lorsqu’en marchant sur les voûtes d’une cave les pieds ont en quelque sorte la conscience de la profondeur. En voyant ces quatre personnes réunies, en les embrassant de mes regards, allant de l’une à l’autre, étudiant leurs physionomies et leurs attitudes respectives, des pensées trempées de mélancolie tombèrent sur mon cœur comme une pluie fine et grise embrume un joli pays après quelque beau lever de soleil. Lorsque le sujet de la conversation fut épuisé, le comte me mit encore en scène au détriment de monsieur de Chessel, en apprenant à sa femme plusieurs circonstances concernant ma famille et qui m’étaient inconnues. Il me demanda mon âge. Quand je l’eus dit, la comtesse me rendit mon mouvement de surprise à propos de sa fille. Peut-être me donnait-elle quatorze ans. Ce fut, comme je le sus depuis, le second lien qui l’attacha si fortement à moi. Je lus dans son âme. Sa maternité tressaillit, éclairée par un tardif rayon de soleil que lui jetait l’espérance. En me voyant, à vingt ans passés, si malingre, si délicat et néanmoins si nerveux, une voix lui cria peut-être : Ils vivront ! Elle me regarda curieusement, et je sentis qu’en ce moment il se fondait bien des glaces entre nous. Elle parut avoir mille questions à me faire et les garda toutes. – Si l’étude vous a rendu malade, dit-elle, l’air de notre vallée vous remettra. – L’éducation moderne est fatale aux enfants, reprit le comte. Nous les bourrons de mathématiques, nous les tuons à coups de science, et les usons avant le temps. Il faut vous reposer ici, me dit-il, vous êtes écrasé sous l’avalanche d’idées qui a roulé sur vous. Quel siècle nous prépare cet enseignement mis à la portée de tous, si l’on ne prévient le mal en rendant l’instruction publique aux corporations religieuses ! Ces paroles annonçaient bien le mot qu’il dit un jour aux élections en refusant sa voix à un homme dont les talents pouvaient servir la cause royaliste : – Je me défierai toujours des gens d’esprit, répondit-il à l’entremetteur des voix électorales. Il nous proposa de faire le tour de ses jardins, et se leva. – Monsieur… lui dit la comtesse. – Eh ! bien, ma chère ?… répondit-il en se retournant avec une brusquerie hautaine qui dénotait combien il voulait être absolu chez lui, mais combien alors il l’était peu. – Monsieur est venu de Tours à pied, monsieur de Chessel n’en savait rien, et l’a promené dans Frapesle. – Vous avez fait une imprudence, me dit-il, quoique à votre âge !… Et il hocha la tête en signe de regret. La conversation fut reprise. Je ne tardai pas à reconnaître combien son royalisme était intraitable, et de combien de ménagements il fallait user pour demeurer sans choc dans ses eaux. Le domestique, qui avait promptement mis une livrée, annonça le dîner. Monsieur de Chessel présenta son bras à madame de Mortsauf, et le comte saisit gaiement le mien pour passer dans la salle à manger, qui, dans l’ordonnance du rez-de-chaussée, formait le pendant du salon. Carrelée en carreaux blancs fabriqués en Touraine, et boisée à hauteur d’appui, la salle à manger était tendue d’un papier verni qui figurait de grands panneaux encadrés de fleurs et de fruits ; les fenêtres avaient des rideaux de percale ornés de galons rouges ; les buffets étaient de vieux meubles de Boulle, et le bois des chaises, garnies en tapisserie faite à la main, était de chêne sculpté. Abondamment servie, la table n’offrit rien de luxueux : de l’argenterie de famille sans unité de forme, de la porcelaine de Saxe qui n’était pas encore redevenue à la mode, des carafes octogones, des couteaux à manche en agate, puis sous les bouteilles des ronds en laque de la Chine ; mais des fleurs dans des seaux vernis et dorés sur leurs découpures à dents de loup. J’aimai ces vieilleries, je trouvai le papier Réveillon et ses bordures de fleurs superbes. Le contentement qui enflait toutes mes voiles m’empêcha de voir les inextricables difficultés mises entre elle et moi par la vie si cohérente de la solitude et de la campagne. J’étais près d’elle, à sa droite, je lui servais à boire. Oui, bonheur inespéré ! je frôlais sa robe, je mangeais son pain. Au bout de trois heures, ma vie se mêlait à sa vie ! Enfin nous étions liés par ce terrible b****r, espèce de secret qui nous inspirait une honte mutuelle. Je fus d’une lâcheté glorieuse : je m’étudiais à plaire au comte, qui se prêtait à toutes mes courtisaneries ; j’aurais caressé le chien, j’aurais fait la cour aux moindres désirs des enfants ; je leur aurais apporté des cerceaux, des billes d’agate ; je leur aurais servi de cheval ; je leur en voulais de ne pas s’emparer déjà de moi comme d’une chose à eux. L’amour a ses intuitions comme le génie a les siennes, et je voyais confusément que la violence, la maussaderie, l’hostilité ruineraient mes espérances. Le dîner se passa tout en joies intérieures pour moi. En me voyant chez elle, je ne pouvais songer ni à sa froideur réelle, ni à l’indifférence que couvrit la politesse du comte. L’amour a, comme la vie, une puberté pendant laquelle il se suffit à lui-même. Je fis quelques réponses gauches en harmonie avec les secrets tumultes de la passion, mais que personne ne pouvait deviner, pas même elle, qui ne savait rien de l’amour. Le reste du temps fut comme un rêve. Ce beau rêve cessa quand, au clair de la lune et par un soir chaud et parfumé, je traversai l’Indre au milieu des blanches fantaisies qui décoraient les prés, les rives, les collines ; en entendant le chant clair, la note unique, pleine de mélancolie que jette incessamment par temps égaux une rainette dont j’ignore le nom scientifique, mais que depuis ce jour solennel je n’écoute pas sans des délices infinies. Je reconnus un peu tard là, comme ailleurs, cette insensibilité de marbre contre laquelle s’étaient jusqu’alors émoussés mes sentiments ; je me demandai s’il en serait toujours ainsi ; je crus être sous une fatale influence ; les sinistres évènements du passé se débattirent avec les plaisirs purement personnels que j’avais goûtés. Avant de regagner Frapesle, je regardai Clochegourde et vis au bas une barque, nommée en Touraine une toue, attachée à un frêne, et que l’eau balançait. Cette toue appartenait à monsieur de Mortsauf, qui s’en servait pour pêcher. – Eh ! bien, me dit monsieur de Chessel quand nous fûmes sans danger d’être écoutés, je n’ai pas besoin de vous demander si vous avez retrouvé vos belles épaules ; il faut vous féliciter de l’accueil que vous a fait monsieur de Mortsauf ! Diantre, vous êtes du premier coup au cœur de la place. Cette phrase, suivie de celle dont je vous ai parlé, ranima mon cœur abattu. Je n’avais pas dit un mot depuis Clochegourde, et monsieur de Chessel attribuait mon silence à mon bonheur. – Comment ! répondis-je avec un ton d’ironie qui pouvait aussi bien paraître dicté par la passion contenue. – Il n’a jamais si bien reçu qui que ce soit. – Je vous avoue que je suis moi-même étonné de cette réception, lui dis-je en sentant l’amertume intérieure que me dévoilait ce dernier mot.
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