12.
Il était 22h à ma montre, Chris venait de rentrer me laissant avec une dernière part de pizza, j’avais apprécié notre soirée ciné elle aurait pu continuer d’ailleurs mais j’avais jugé bon qu’il prenne congé, je me recroquevillais sous ma couette devant l’écran et augmentait le volume, Yannick n’arrêtait pas de m’écrire et à vrai dire je n’avais pas envie de l’écouter mais ça faisait des heures qu’il me harcelait là encore mon
téléphone sonnait et c’était lui
-Yannick dis-je au bout du fil
-c’est maintenant que tu as décidé de me répondre ?
-peu importe que veux-tu ?
-te parler est-ce trop demander ?
-il est 22h il fait assez tard pour te laisser passer chez moi
-je ne sais pas si tu as remarqué mais j’ai fait l’effort de venir vers toi sans t’énerver alors pourquoi n’essais-tu pas de faire comme moi ?
-je n’ai jamais dit que j’avais envie de faire des efforts
-enfin bref à ce rythme-là on ne va jamais avancer, je passe chez toi ne serait-ce que 30 minutes c’est largement suffisant pour moi
-humm
-Cassie ?
-bon d’accord attends je te passe l’adresse
-merci
-je te préviens tu as dit 30 minutes pas plus
-exact
-bien…
Clic
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J’avais accepté de le voir il disait vouloir me parler alors pourquoi pas ?
Il était devant chez moi et j’hésitais à ouvrir, mais pourquoi ai-je accepter qu’il vienne chez moi ?
-Bonsoir dis-je en ouvrant la porte
-Salut
Il entra et se leva dans le salon
-prends place où tu veux
Il examina le salon avec attention comme s’il cherchait quelque chose
-quoi ? lui demandais-je alors tu cherches quelque chose ?
-non… c’est beau chez toi
-ah oui ? donc les villageoises aussi ont du goût hein mais tu dois être choquée on dirait
-je n’ai rien dis de tel je constate juste que tu as bon goût
-bon écoute on va pas y passer la nuit assied-toi qu’on en finisse je suis fatiguée
Il prit place sur l’autre canapé et resta un muet un moment avant de commencer
-bon je suis désolé pour tout ce qui s’est passé jusque -là je réalise qu’on a été présenté dans de mauvaises conditions et au mauvais moment
-…
-comme tu as pu le constater toi autant que moi avons été surpris de cette situation, je ne savais pas que j’étais marié du coup quand je t’ai vu j’ai déversé toute ma colère sur toi
-non mais dites-moi que je rêve lui lançais-je je ne sais pas si tu es conscient mais à la base c’est moi qui suis la plus souffrante dans cette histoire
-je sais
-non tu ne sais pas je t’explique, j’étais célibataire et j’avais des projets, des tas de projets et de tous ces projets je n’avais pas prévu me marier en tout cas pas dans un futur proche, mais il s’est avéré que mon père m’a fait doté alors que je n’étais qu’une enfant, j’ai accepté et toi tu arrives sous tes grands airs à me faire le mec au niveau supérieur et tu crois que je vais rire avec toi ?
-comme tu as pu le constater je tenais à te parler en partie pour m’excuser, les mots que j’ai sorti tout ce temps ont dépassé ma pensé par moment
-parce que me répéter que je suis une villageoise c’est aussi dépasser ta pensée ? ou encore me répéter que les femmes noires c’est juste pas possible pour toi c’est aussi dépasser ta pensée ? tu veux que je continue ? parce que la liste est très longue
-pas la peine je sais tout ce que j’ai dis
-bien !
Il marqua une pause se gratta la tête et me refixa d’un air peu détendu
-à la base je suis déjà marié tu comprends ? et ma femme n’a aucune idée de ce qui se passe en ce moment, je lui ai dit que je rentrais pour affaire familiale mais elle ne se doute pas que j’ai une autre femme ici
-ah mais il faut lui dire alors
-je ne peux pas
-pourquoi ? je suis réelle hein c’est pas comme si tu rêvais
-je sais mais comprends moi c’est ma femme légitime
-on a payé la dote pour moi donc je suis aussi ta femme, la seule différence ici c’est que je ne veux pas de ce mariage et comme on est deux donc ça va
-je dois… on doit trouver une solution pour mettre fin à cet arrangement, j’ai déjà une vie de couple avec toi ce ne sera pas facile, je vais devoir avoir une vie et ici et à paris et ça sincèrement c’est pas possible
-je l’écoutais encore et encore, il avait beaucoup réfléchi avant de venir ici je pense parce que le calme avec lequel il me parlait me dépassait, on dirait que mes menaces avaient fonctionné il ne me criait plus dessus et il ne me disait plus de mots méchants, après tout on ne trouverait pas de terrain d’entente en nous crions dessus
Il regarda dans ma direction et s’aperçu que j’avais un verre de vin et un carton de pizza
-tu bois du vin ? me demanda-t-il alors
-de temps en temps
-et tu le bois seule ?
-non j’avais de la compagnie avant que tu ne viennes ici
-un amant ?
-pourquoi toutes ces questions c’est ma vie je te signale
-je sais je demandais juste
-un ami dis-je alors
-tu prends du vin avec un ami à pareille heure ?
-et alors
-je dis juste qu’il devrait savoir que tu es mariée
-aucune importance c’est un mariage qui ne compte pas puisque toi comme moi voulons nous séparer à l’amiable en plus tu es déjà marié donc je peux faire ce que je veux
-peut-être mais je pense que tu devrais attendre qu’on ne soit plus marié
-c’est trop loin pour rien je ne fais rien de mal je passe juste du temps avec un homme qui m’aime bien
-qui t’aime bien ?
-beh oui si toi tu penses que la femme noire c’est une catastrophe, sache que pour certains la femme noire a de l’importance
-je vois…
-je crois que tu devrais y aller, il fait vraiment tard on parlera une autre fois si tu veux mais là j’ai sommeil
-d’accord
Il se leva et réajusta sa veste, je l’accompagnais jusqu’à la porte et restait sur le pas
-encore désolé de t’avoir dérangé
-ce n’est pas grave
-bonne nuit…
Il s’éloigna et je refermais la porte…
Finalement ce n’était pas si mal qu’il décide de me parler, on était vraiment partie du mauvais pied alors je trouvais courageux qu’il vienne s’excuser mais je devais me méfier quand même, je rangeais mes affaires et me dirigeais dans la chambre j’enfilais un pull et restait debout un moment devant le miroir, je me regardais et je réalisais que j’avais maigri, cette histoire m’avait fait du mal en si peu de temps, j’en était vraiment affectée mais je devais rester forte jusqu’à ce que tout soit plus clair, je me glissais dans mon lit et me couvrait…
Demain était un autre jour…