Chapitre 10. Adieu, Chérie ! La voix de Frédéric se perdait dans le tumulte croissant. Il faut non-seulement la force d’âme, mais encore la vigueur physique pour dominer la tempête des passions révoltées, et Frédéric s’affaiblissait. Cet instant de répit que lui donnait la fièvre touchait à son terme. Il sentait lui-même ses yeux se voiler, et sa pensée vacillait dans sa cervelle vide. Les paroles de la jeune fille avaient été pour lui un coup de massue. Jusqu’alors, il n’avait eu que ces vagues désespoirs des jeunes cœurs qui aiment trop et doutent d’eux-mêmes. Ce nuageux malaise qui est au fond de toute nature allemande, cette inquiétude, ce chagrin, cette maladie de terroir, le tourmentaient et le faisaient malheureux, mais il n’eût point su assigner de cause réelle à sa détresse. Ju