Chapitre V Les larmes sont mères des vertus, et le malheur est un marchepied pour s’élever vers le ciel. DE CHATEAUBRIAND. Déjà mes jeunes lectrices ont songé, sans doute, à toutes les peines que notre Emma allait avoir pour l’exécution de son projet. Pour en venir à bout, il fallait non seulement qu’elle coupât une grande quantité de joncs, mais il fallait aussi qu’elle sciât les arbres qui devaient former ses pieux, ses montants et ses traverses, qu’elle amincît les morceaux de bois par le bout, afin de pouvoir les clouer l’un sur l’autre, qu’elle fît ses nattes, qu’elle fabriquât des manches à plusieurs des outils qui devaient lui servir, et enfin qu’elle creusât la terre pour recevoir ses pieux. Ce n’était assurément pas en un jour que la pauvre petite pouvait remplir une tâche si d