Ce soir-là, comme on se trouvait en été, saison où tout abonde, il avait eu du mal à enfler l’addition. Le menu, arrêté dès la veille, fut pourtant remarquable : un potage crème d’asperges, puis des petites timbales à la Pompadour ; deux relevés, une truite à la genevoise et un filet de bœuf à la Chateaubriand ; deux entrées, des ortolans à la Lucullus et une salade d’écrevisses ; enfin comme rôt un cimier de chevreuil, et comme légumes des fonds d’artichaut à la jardinière, suivis d’un soufflé au chocolat et d’une sicilienne de fruits. C’était simple et grand, élargi d’ailleurs par un choix de vins vraiment royal : madère vieux au potage, château-filhot 58 aux hors-d’œuvre, johannisberg et pichon-longuevine aux relevés, château-lafite 48 aux entrées, sparling-moselle au rôti, rœderer frap