Préface
Le Mythe de Tristan et Iseut est l'un des plus fascinants du monde occidental.
Valérie Lackovic nous indique que cette mythologie était très vivante dans toute la Grande-Bretagne bien avant l'invasion normande. Essentiellement orale, elle n'est plus attestée que par des vestiges comme une pierre datée du Vème siècle et portant l'inscription « DRVSTANVS » (Tristan) ou la mention au Xème siècle , d'un lieu dit Cornouaillais appelé « Gué d'Iseut ».
Le roman de Tristan, lui, date du douzième siècle. De nombreuses versions ont existé : plusieurs ont disparu (notamment celle de Chrétien de Troyes et celle de La Chièvre avant 1170) ; d'autres ne nous sont parvenues que par fragments (Béroul et Thomas). Ce sont les textes de ces deux auteurs qui font référence aujourd'hui.
Du roman en vers de Béroul (entre 1150 et 1190), ne subsiste qu'un fragment d'environ 4000 vers. Mais il y manque le début et la fin . Il n'a été conservé qu'une copie unique de ce manuscrit. La version de Béroul débute par la scène du grand pin (lorsque le roi Marc vient se cacher près du grand pin, pour surprendre le rendez-vous clandestin de Tristan et Iseut) et se termine lorsque Tristan et Iseut se séparent (Tristan offrant à Iseut son chien Husdent, tandis qu'Iseut donne à son amant son anneau de jaspe vert)
Le Tristan de Thomas d'Angleterre date de 1173 . Plusieurs versions ont été conservées qui restituent plusieurs fragments de l'histoire. Mystérieusement les fragments restant de l'œuvre de Thomas débutent par une scène de séparation (légèrement contradictoire avec celle de Béroul, mais qui permet toutefois d'enchaîner les deux récits) et nous offrent la fin du roman; épilogue mythique qui a contribué à bâtir la légende éternelle des amants maudits.
On a souvent comparé les styles de Béroul et Thomas d'Angleterre. Comme l'écrit Anne Berthelot, « traditionnellement, on a tendance à dire que Béroul, sans doute un peu plus ancien, se fait l'écho d'une version “primitive” de la légende, plus violente et sauvage que celle de Thomas, qui au contraire adapterait son matériau de base aux exigences nouvelles de l'idéologie à la mode, à savoir “la courtoisie”. » La version de Béroul est donc plus réaliste que la version de Thomas, mais l'on n'y trouve guère de traces de l'amour courtois qui domine l'œuvre de Thomas.
C'est au début du vingtième siècle (entre 1900 et 1905) que Joseph Bédier, spécialiste médiéval, a rassemblé ces différents textes , auxquels il a ajouté d'autres fragments (Eilhat d'Oberg, fragments anonymes...) pour constituer un récit faisant aujourd'hui référence.
Les 19 chapitres du Roman de Tristan et Iseut de Joseph Bédier :
Les Enfances de Tristan : Anonyme
Le Morholt d'Irlande : Eilhat d'Oberg
La belle aux cheveux d'Or : Eilhat d'Oberg
Le Philtre : Eilhat d'Oberg
Brangien livrée aux cerfs : Eilhat d'Oberg
Le Grand Pin : Béroul
Le Nain Frocin : Béroul
Le saut de la chapelle : Béroul
La forêt de Morois : Béroul
L'Ermite Ogrin : Béroul
Le gué aventureux : Béroul
Le jugement par le fer rouge : Anonyme
La Voix du Rossignol : Anonyme
Le grelot merveilleux : Anonyme
Iseut aux blanches mains : Thomas d'Angleterre
Kaherdin : Thomas d'Angleterre
Dinas de Lidan : Thomas d'Angleterre
Tristan fou : Thomas d'Angleterre
La Mort : Thomas d'Angleterre