Puis, pour rompre le charme : – Regardez ! – s’écria-t-elle en montrant du doigt une barque chargée qui venait lentement à leur rencontre. – Regardez vos grenades ! Mais sa voix était émue. Alors, dans le rêve crépusculaire, sur l’eau délicatement verte et argentée comme les jeunes feuilles du saule, ils regardèrent passer le bateau débordant de ces fruits emblématiques qui font penser à des choses riches et cachées, à des écrins en cuir vermeil surmontés de la couronne d’un roi donateur, les uns clos, les autres entrouverts sur les gemmes agglomérées. À demi-voix, la tragédienne rappela les paroles adressées par Hadès à Perséphone dans le drame sacré, au moment où la fille de Dêmêter goûte la grenade fatale : Quando tu coglierai il colchico in fiore sul mollePrato terrestre…– Ah ! Pe