XLVIII Vers dix heures du soir, le même jour, Baccarat était seule rue Moncey ; ou plutôt la petite juive dormait paisiblement sur un divan, dans le boudoir de la pécheresse. Ni madame de Saint-Alphonse, ni le comte russe, ni M. de Manerve, ni tous les jeunes fous qui, quelques heures auparavant, avaient battu des mains à la rentrée dans le monde de la courtisane célèbre, ne l’eussent reconnue. Baccarat n’était plus Baccarat : ce n’était plus cette fille superbe, au regard hardi, à l’éclat de rire étincelant et moqueur, qui semblait faire métier de tromperie ; ce n’était plus la pécheresse si pleine d’audace, de raillerie, de cynisme. C’était madame Charmet ; madame Charmet, la pauvre femme courbée sous le poids du remords et du repentir, l’humble pénitente dont les yeux étaient sans ce