III

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III Quand Iris Henley viendra à mourir, elle laissera, selon toute probabilité, des amis qui se la rappelleront et aimeront à en parler. Les femmes, en particulier, seront prises de curiosité en entendant discourir sur cette étrange créature, mais personne ne pourra leur en donner une idée nette et précise. Son charme principal consiste en une mobilité d’impression qui reflète toutes les sensations d’une nature féminine, délicate, douce, sensible, vague, flottante, ondoyante et diverse ! Par cela seul, il ne saurait exister la moindre ressemblance entre les différents portraits d’Iris Henley. Seuls, les amis intimes du peintre consentent, par condescendance pour son talent, à convenir de la ressemblance. À Londres et en province, on l’a photographiée en maintes occasions. Or, ces images, toutes dissemblables, ont l’insigne honneur de rappeler sous ce rapport, les portraits de Shakespeare, lesquels offrent cette particularité singulière, d’être tous absolument différents. Le souvenir qu’Iris laissera à ceux qui l’ont connue, sera de même rempli de contradictions. Quel charmant visage ! Somme toute, un peu banal. – Ah ! le joli ovale ! – Mais avec un teint médiocre, blafard et pourtant transparent, son regard trahissait une nature emportée, un cœur tendre, une volonté ferme, une sensibilité maladive, une bonne foi inébranlable, et hélas ! aussi, un entêtement phénoménal ! Elle était peut-être un peu brève de taille ? Non pas ; ni trop grande ni trop petite ; élégante, quoique habillée pauvrement. Dites plutôt, d’une simplicité voulue, recherchée, théâtrale parfois, avec l’intention visible de se distinguer toujours du commun des martyrs. Au demeurant, ce frêle spécimen des contradictions humaines excitait-il, oui ou non, la sympathie ? l’on pouvait répondre affirmativement au nom du s**e masculin, mais, toutefois, en faisant des réserves : lui témoigner plus d’affection eut été une conduite cruelle. Quand la pauvre enfant s’est mariée (s’est-elle réellement mariée ?) en est-il parmi nous à avoir assisté à la cérémonie ? non, pas un seul. Quand elle est morte, combien l’ont regrettée ? tous, sans exception. Quoi ! toutes les divergences d’opinion se sont-elles donc écroulées devant sa tombe ? Oui, et que Dieu en soit béni ! Retournons en arrière et laissons la parole à Iris, alors que, encore dans la fleur de l’âge, elle avait devant elle une carrière orageuse à fournir.
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