Elle inclina une nouvelle fois la tête. Elle aurait aimé lui parler, mais elle n’osa pas ou peut-être ne le pouvait-elle pas. Comme avec Aubin, les mots se bousculaient dans son esprit sans franchir la barrière de ses lèvres. Si seulement elle pouvait revenir en arrière, retourner à Antan. Elle avait cru choisir sa voie et chaque jour qui passait lui prouvait un peu plus qu’elle ne maîtrisait pas sa destinée. C’était comme si la vie l’entraînait malgré elle, sans tenir compte du mal qu’elle suscitait. La combattante n’était plus qu’un pantin dont chacun tirait les ficelles à sa guise… Le reste de la tablée arriva et Aila s’installa. Elle se coupa du monde qui l’entourait, refusant de voir les regards noirs de son frère, rejetant la mine morose d’Hubert et les coups d’œil inquiets d’Avelin.