Le tisserand, le tailleur et le berger Baptiste était fils de Bénot le tisserand ; il n’avait point appris l’état de son père ; mais il était platineur, c’est-à-dire qu’il confectionnait cette pièce du fusil qu’on appelle platine. C’est une des industries de notre pays de montagnes, où la terre ne peut occuper tout le monde. Et Baptiste y était habile, car c’était un garçon plein d’intelligence et bon travailleur. Il aimait depuis longtemps la fille aux Chérin, Mélie, une des plus braves et des plus jolies qu’il y eût alors dans le pays. Ces deux jeunes gens s’étaient fiancés, comme on fait souvent chez nous, par le seul fait du cœur, et de l’amitié qui les portait l’un vers l’autre. Sans savoir comment cela avait commencé (ils ne se le rappelaient point eux-mêmes) on les voyait toujours