La messe fut terminée après un bon moment qui fut pour moi une éternité. Rester là, assise puis me lever pour dire des mots que je ne comprenais pas, pouvaient parfois m'ennuyer.
De plus, je ne voyais pas un grand amour ni une satisfaction attirante en ma mère, lorsqu'elle faisait danser ses lèvres aux rythmes des mots qu'elle répétait.
Je m'inspirais conséquemment sûrement d'elle.
Des fois, j'avais même l'impression qu'elle partait dans la maison d'une personne qu'elle prétendait connaître, mais qu'en réalité, ne connaissait pas.
Et comme elle ne pouvait pas nous Le présenter, elle nous forçait nûment à la suivre. J'en suis certaine. Si maman avait pu nous affirmer qui est Christ, nous L'aurions aimé depuis bien longtemps.
Il est écrit dans le livre de Matthieu 11:28-30 LSG.
Cependant, que faire des personnes telles que ma mère qui fermait les yeux sur ses fardeaux et hypocritement les reniait devant les multitudes ?
Pouvons-nous réellement nourrir une relation avec quelqu'un qui nous demande d'être sincère avec Lui, alors que nous Lui fermons la porte de nos cœurs ?
En effet, ma mère refusait d'avouer que rien allait dans sa vie. Elle refusait de penser de quelqu'un d'autre pouvait mieux prendre soin d'elle qu'elle-même.
Elle n'était qu'une femme blessée qui avait choisi l'orgueil plutôt que l'humilité.
Il n'y avait pas que ça, après la messe de onze heures, maman passait toujours un long moment à discuter avec des gens de l'église qu'elle appelait 'des connaissances.'
Pourtant, ces connaissances-là comptaient assez pour la pousser à contredire un des commandements de Dieu, et cela, juste après la prière.
« C'est pourquoi, ayant dépouillé le mensonge, parlez la vérité chacun à son prochain » (Éphésiens 4:25)
Le mensonge. Elle s'inventait une vie heureuse et épanouie dans son mariage et son foyer, qu'elle n'avait pas.
Elle prétendait que son époux, mon père, voyageait beaucoup et était souvent obligé de fréquenter différentes églises, qu'il pouvait trouver sur ses déplacements.
Puis, quand dans la ville, on le croisait, elle protestait qu'il venait de rentrer. Seulement, ajoutait-elle, il était beaucoup trop fatigué pour se réveiller tôt le matin et aller prier Celui qui nous fait grâce de vivre. Celui qui n'a point de repos.
Celui qui ne dort point et garde Ses yeux remplis d'amour sur nous.
D'ailleurs, heureusement pour elle, mon père ne sortait pas beaucoup. Son but dans la vie semblait être de rester toute la journée à la maison à nous pourrir la vie.
Ainsi, ce jour-là, le chemin du retour fut bien silencieux, car je ne posais aucune question, afin de ne pas oublier celle que je tenais à poser à mon père.
Or, lorsqu'on arriva enfin, à peine la porte fermée sur nous, ce dernier, énervé, se mit à crier, 'Tu es sortie sans cuisiner ?'
Et notre mère mit les mains sur la tête, comme si un grand malheur venait de frapper, 'Chéri, je suis désolée. Je… '
'Chut… ' il s'approcha d'elle et sous nos regards traumatisés, la gifla. 'Dorénavant, personne ne remettra les pieds dans ces endroits-là… '
Mes frères et sœurs qui voyaient un poids retiré de leurs épaules, restaient tout de même choqués par la scène. Sous silence, ils se retirèrent de la pièce, y compris ma sœur qui me tira pour m'emmener dans sa chambre.
'Elena ?' L'appelai-je là-bas, la voyant concentrée sur l'écran de son téléphone alors que j'étais assise à même le sol.
'Ne t'inquiète pas... quand tu seras grande, tu comprendras.' Me disait-elle, avant même que ma question ne sorte.
D'une voix nouée, je lui demandais ainsi, 'Pourrais-je aller jouer dans la cour ?' Éprouvant un besoin d'être seule.
Mon chemin vers la solitude commençait donc à un bien jeune âge et personne ne m'y retenait. En effet, Éléna me donnait la permission en me disant, 'Bien sûr.' Et je courais vers l'extérieur.
Oui, une fois acceptée, je courais vers ma maison de poupée dans le jardin. De nouveau, à huit ans, je me retrouvais à faire couler des larmes cachées.
Je me cachais dans le but de pleurer. Parce que j'avais toujours observé ma mère le faire. À cause d'elle, je me disais que personne ne devait aussi voir mes larmes.
Je me convainquais que pleurer c'était une nudité et qu'on devait recouvrir notre visage et le cacher jusqu'à ce que sèchent les vagues de nos yeux.