XXXIII Lorsque Fatima avait repoussé don José, lorsqu’elle s’était enfuie, c’est qu’elle avait eu peur d’elle-même. Son amour et sa fureur avaient alors atteint leur paroxysme. Mais quelques minutes suffirent à lui rendre son calme et sa raison. La fille des bohémiens, l’implacable gitana n’aimait déjà plus don José, elle le haïssait mortellement, et elle le condamna ce soir-là, comme il l’avait condamnée lui-même. Le sourire revint bientôt à ses lèvres, son cœur cessa de battre avec violence. – Oh ! don José, pensa-t-elle, j’ai vécu six années ensevelie dans mon amour pour toi, je vais vivre désormais enveloppée dans ma haine jusqu’au jour où je pourrai voir ma rivale appuyée sur ton bras. Ce jour-là tu mourras !... Et elle leva la main pour donner plus de solennité à son serment. Elle