Explique-moi!

Quand on est tout petit, la vie nous semble si longue, si interminable. Qu'on s'amuse comme des fous et que l'on ne se rend pas compte que le temps passe. Quand on est Ado, la vie semble si ridicule que l'on fait toutes les bêtises possibles. Quand on arrive à l'âge de l’inconscience. Celle où l'on sort la nuit. Pour aller danser. Pour aller faire la fête jusqu'à petit matin. Ont ce dit que la vie est juste géniale, que rien ne peut nous arriver. C'est-ce que j'ai vécu avec mon frère jumeau. Lui et moi étions comme les. Notre permis de conduire. Les sorties en boîte de nuit, où l'on faisait l’abstinence d'alcool chacun notre tour. Un coup, il ne buvait pas. Un coup, je ne buvais pas. Et ce soir, c'est à lui de ne pas boire.   _ Hey, vous deux ! N'oubliez pas d'être prudent sur la route. _ Mais oui maman, t'inquiète. Ana prend mon téléphone dans le salon s'te plaît. _ Ouais, bonne nuit maman. À demain. _ Envoyez-moi un SMS dès que vous arrivez à la boîte et... Quand vous y repartez aussi. _ Maman, je ne vais pas te réveiller à 4 heures 30 du matin. _ Tu peux bien faire ça pour rassurer ta mère. _ OK. Dans ce cas, je te réveillerais avec un SMS. _ Amusez-vous bien.   On embrasse notre mère et parton cherché les copains, puis direction la boîte de nuit. L'ambiance bat son plein. Je rigole. Je danse. Je m'éclate. Mon frère s'amuse autant que nous. Même si lui ne boit que du coca toute la soirée. Il reste sérieux. Et il s'amuse autant que nous. Il se fout de ma gueule et prend des photos. On ne voit pas le temps passer et vers 4 h 30, Nathan me tapote l'épaule pour me dire que c'est l'heure du retour. Et comme convenu. Je l'attends à l'entrer le temps qu'il rassemble les potes. Quand ont est tous près à rentrer, Nathan envoie le SMS à maman, puis démarre. Sur le retour, on est toujours dans notre délire de cette sortie. On rigole, on plaisante. L'ambiance est cool. Nathan reste concentré sur la route, donc je ne m'inquiète pas. Mon frère est là pour nous... Sauf que l'on n'avait pas prévu l'autre voiture...   Maintenant, je ne vois que des gyrophares, des gens qui ne sourient pas. J'essaye de regarder autour de moi. Les pompiers me demandent de me calmer, de ne pas bouger. Quand j'arrive à apercevoir Nathan, je suis choqué. Il ne bouge pas, la tête posée sur le volant.   _ Nathan !!!!.... Nathan !!!!   Je crie de douleur, de peur... Les pompiers me mettant une atèle au cou et m'extirpent du véhicule. Moi, je ne veux que mon frère. Je hurle son prénom. Mais il ne me répond pas. Petit à petit, le lieu de l'accident est vidé des différents blessés. Je vois certains de mes amis emmener dans d'autres camions de pompiers. Mon frère et lui aussi emmener. Je tente d'avoir des nouvelles de lui. Résistant au voile qui cherche à me faire sombrer... Les secouristes ne me disent rien. Se concentrent sur moi. À l'hôpital, tout se passe très vite. Nous sommes emmenés dans différentes pièces. Je veux voir Nathan. Les pompiers expliquent leur rapport au docteur qui nous prend en charge. Les policiers sont là eux aussi, il tente de savoir ce qui s'est passé. Moi, je veux savoir si Nathan va bien... L'un des policiers vient vers moi et me questionne. Je réponds du mieux que je le peux. Mais ma tête me tourne de plus en plus. Je ne me sens pas bien. Les docteurs leur disent qu'ils m'ont injecté un clament pour m'aider à dormir... Dormir ? Mais je ne veux pas dormir ! Je veux voir mon frère ! Je veux Nathan !! Je sombre dans le brouillard et ne vois plus rien. Le sommeil m'emporte contre ma volonté... Et c'est le visage de Nathan que je vois en premier. Je ne vois que lui, dans un sommeil agité... Mon frère, ma moitié, mon tout...   Je m'habille en noir... Je suis en mode pilote automatique. Je ne sais même pas comment je parviens en bas de l'escalier pour rejoindre ma mère qui est en pleure... Le lendemain de l'accident, ma mère était à mes côtés. Et son visage triste et rouge m'a tout de suite fait comprendre. Je l'entends encore prononcer ses mots..." Nathan est... Il n'a pas survécu à l'accident...". Elle a fondu ensuite en larmes, tout comme moi. Je me souviens avoir entendu un cri de douleur. Si intense. Si puissant... Et je n'ai réalisé que plus tard que ce cri, c'est moi qui le poussais. J'ai hurlé ma douleur à l'entente de cette nouvelle. Je ne voulais pas croire que mon frère était... Je ne l'ai pas cru, j'ai hurlé son nom dans les couloirs de l'hôpital à sa recherche. Les médecins sont intervenus. Ils ont dû me donner un sédatif... Ma mère a pleuré de plus belle. Et aujourd'hui, je dois marcher droite devant son cercueil... Je dois marcher droit aux côtés de mes parents... Je dois regarder mon frère disparaître à jamais... Quand des hommes s'apprêtent à le faire descendre dans le caveau, je craque et pleure en retenant le cercueil... Suppliant mon frère de ne pas partir. Le suppliant de rester avec moi. Je sens des bras me tirer en arrière et je me serre contre le torse de mon père... Moi, je ne veux pas vivre sans lui... Je hurle son prénom en larmes. Sous le regard triste de mes amis. De ses amis et de notre famille... Je veux mon frère... Je veux être avec lui... Comment je vais faire sans lui ? Comment je vais survivre à l'université sans lui ? Comment je vais survivre à la fin du lycée ? Comment je vais faire pour vivre sans lui ?   Je me pose ses questions en regardent le cercueil disparaître à jamais de ma vue. Je ne l'entendrai plus jamais rire. Je ne l'entendrai plus jamais me taquiner. Je n'aurais plus son soutien. Je ne verrais plus ses yeux me regarder d'admiration quand je lui demandais son avis ou quand je lui montrais mon travail. Ses mêmes yeux que je possédais, mais qui ne seraient jamais les siens...