Préface
PRÉFACE
DE LA NOUVELLE ÉDITION.
—Depuis le moment où parut cet ouvrage, jusqu’à ce jour, l’auteur ne l’a relu que pour faire les corrections nécessaires à cette nouvelle édition. Après examen, la critique l’a trouvé rempli de fautes de style, d’orthographe et de goût. Il espère avoir fait tous ses efforts pour réparer ces trois erreurs et que cet ouvrage est maintenant plus digne qu’autrefois de la faveur qu’il a obtenue.
L’auteur a peu de choses à dire relativement au sujet du roman. L’Amérique est un pays qui n’a presque pas de traditions ; le peu qu’il en existe est trop familier pour être converti en fiction. L’objet de l’ouvrage est de peindre des scènes maritimes, des usages et des caractères qui n’appartiennent qu’à la mer, et point du tout de raconter des événements réels. Il n’y eut jamais de flibustier du nom de notre héros, et ce nom est de pure invention comme le reste de l’ouvrage. Le but moral que l’auteur se proposait était de prouver que les hommes du plus beau caractère peuvent être égarés par leurs passions, et combien les bornes qui séparent le vice de la vertu sont faciles à franchir, lorsqu’une éducation négligée donne une fausse impulsion à des esprits qui portaient en eux le germe des belles actions. L’auteur a pensé aussi qu’il était utile de prouver qu’on peut donner au crime de brillantes apparences, et que d’un autre côté il ne faut pas appeler des monstres ceux qui ont avec raison perdu l’estime de leurs concitoyens ; car, en général, les déclamations de ceux qui sont placés par la fortune au-dessus des dangers et des tentations, sont aussi dangereuses que les exemples des criminels.
Londres, octobre 1833.
PREFACE
DE LA PREMIÈRE ÉDITION.
—L’auteur a déjà cru nécessaire, dans une autre occasion, de faire observer qu’en traçant ces tableaux de la vie maritime, il ne s’est pas cru obligé de tenir compte bien rigoureusement de l’ordre chronologique des perfectionnements que l’on a introduits dans l’art nautique. Mais il pense qu’on ne trouvera dans cet ouvrage aucun anachronisme trop grossier. Si pourtant quelque critique marin à l’œil pénétrant allait découvrir une corde égarée dans une fausse poulie, ou un terme estropié de manière à en altérer la véritable orthographe, on lui rappelle que la charité lui fait un devoir d’en accuser toute autre chose que l’ignorance, quand il s’agit d’un confrère. Il ne faut pas oublier qu’il y a proportionnellement moins d’hommes de mer que d’hommes de terre employés à la partie mécanique aussi bien qu’à la partie spirituelle de la composition d’un livre, et ce fait suffit pour expliquer les nombreuses imperfections qui viennent encore mettre obstacle à l’harmonie parfaite des diverses parties de la littérature. En temps convenable sans doute, on trouvera un remède à ce mal déplorable, et alors le monde pourra espérer voir régner un peu plus d’ensemble dans les différentes branches du métier. Il n’y aura de véritable âge d’or pour la littérature que lorsque les livres seront aussi corrects dans leur typographie qu’un livre de loch 1, et que le sens en sera aussi précis que celui d’un watch-bill 2.
Quant à l’article moins important des matériaux, dont l’auteur aurait pu tirer un meilleur parti dans cet ouvrage, il n’a point l’intention d’être très communicatif à cet égard.
Si la manière dont l’auteur a développé les événements de son récit n’en fait pas ressortir la vérité, il faut bien qu’il reste exposé à l’imputation de l’avoir défiguré par sa maladresse. Toutes les sortes de preuves qui existent peuvent se partager en trois classes : les preuves positives, les preuves négatives et les preuves circonstanciées. Le premier et le dernier genre de preuves sont généralement reconnus comme les plus recommandables, puisque le troisième ne peut être admis qu’en l’absence des deux autres. Quant à l’évidence positive de la vérité de ce que contient cet ouvrage, le livre lui-même la démontre d’une manière frappante. J’espère aussi qu’il ne manque point de détails propres à lui donner ce caractère désirable. Ces deux points préliminaires une fois accordés, l’auteur laisse à ceux qui voudraient chicaner encore, tout le plaisir de la négative, en leur souhaitant autant de succès qu’on peut en avoir en traitant une pareille question.
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1. Le registre-journal d’un navire.
2. Le livre de quart.