XII La lettre de Léocadie a fait bien du chemin. Elle est allée à Pétersbourg d’abord, traversant la république hanséatique, s’embarquant à Hambourg et remontant en traîneau des bords de la mer du Nord, sur la Néva glacée. Le prince n’est plus à Pétersbourg. La lettre se remet en route. Au traîneau de poste succède le traîneau de poste. À la plaine immense couverte de neige succède le steppe jaune qui semble borné par l’infini. Le traîneau court toujours, entraîné par ses trois chevaux aux colliers garnis de clochettes, emportant la lettre de Léocadie la Rousse. En vain, à chaque relai, le cri guttural stoy ! stoy ! qui veut dire arrête ! s’est-il fait entendre. Lettre et traîneau poursuivent leur course. Ils ont traversé la Crimée, ils remontent vers la mer d’Azof et la côtoient ;