II Lusance, 9 août. Pendant le déjeuner, j’eus mainte occasion d’apprécier la conversation de madame de Gabry, qui m’apprit que le château était hanté par des fantômes et notamment par la Dame « aux trois plis dans le dos », empoisonneuse de son vivant et âme en peine désormais. Je ne saurais dire combien elle sut donner d’esprit et de vie à cette vieille histoire de nourrice. Nous prîmes le café sur la terrasse, dont les balustres, embrassés et arrachés à leur rampe de pierre par un lierre vigoureux, restaient pris entre les nœuds de la plante lascive, dans l’attitude éperdue des femmes thessaliennes aux bras des centaures ravisseurs. Le château, en forme de chariot à quatre roues, flanqué d’une tourelle à chaque angle, avait, par suite de remaniements successifs, perdu tout caractère.