Chapitre Un-2

2625 Words
Mélodie Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas pensé au fait qu’Oleg n’aurait aucun moyen de rentrer chez lui. Il a laissé sa Denali au bar ! Évidemment. On dirait bien qu’il va devoir passer la nuit ici. Euh... bizarre. Je n’ai pas de regrets. J’ai déjà envisagé de le ramener chez moi. J’étais sûre et certaine qu’il accepterait, si je le lui demandais. C’est mon fan numéro un, après tout. Son regard me donne chaud. Il me protège comme si c’était mon garde du corps personnel et se dresse entre moi et les membres du public trop collants. Ça m’enthousiasme de jouer au Rue’s Lounge toutes les semaines en sachant que ce grand mec tatoué sera là pour me voir. Qu’il ne me quittera pas des yeux. Je crois que si je n’ai encore jamais rien tenté, c’est parce que cela mettrait un terme à ce que nous partageons. Cela deviendrait une histoire sans lendemain de plus, et nous ne retrouverions plus jamais notre relation d’avant. Et moi, j’aime bien avoir un garde du corps silencieux fan de moi. Et si nous couchions ensemble, et que nous détestions ça ? Il arrêterait de venir. Ça ferait de lui un gros con, bien sûr. Tant qu’il ne s’est rien passé, je peux continuer de fantasmer tranquille. Et s’il devenait flippant ? Je n’ai jamais eu l’impression que c’était son genre, mais je ne suis pas débile. Je sais que c’est une possibilité. Mais sans savoir pourquoi, je me sens en sécurité avec lui. Sans savoir pourquoi, j’ai l’impression qu’il ne me ferait jamais de mal. Mais par-dessus tout, je ne veux pas qu’il devienne comme les hommes avec qui je sors quelques mois et que je jette avant que les choses deviennent sérieuses entre nous. D’après ma petite sœur, je fais ça pour me protéger. Je les quitte avant qu’ils m’abandonnent. Elle a sans doute raison. Bref, tout ce que je sais, c’est qu’Oleg est différent de ces types. À part. Je réfléchis. Est-ce que je l’invite ? Ou je le remercie de m’avoir raccompagnée et je lui propose de lui appeler un taxi ? Je suis persuadée que si je choisissais la deuxième solution, il s’en irait sans rien tenter. Ça fait des mois qu’on se connaît, et il n’a jamais essayé de rentrer avec moi ou même de me fréquenter. Il ne m’a jamais demandé mon numéro et ne m’a jamais donné le sien. Il se contente de venir me voir. Toutes les semaines à la même heure. Plus fiable que tous les gens que je connais. Et oui, je sais qu’il ne peut pas parler pour m’inviter à sortir. Annie, la serveuse du Rue’s Lounge, me l’a dit après les premières visites d’Oleg. D’après elle, il passait commande en montrant la bière d’un autre client. Je ne savais même pas qu’il était Russe avant que ses amis l’accompagnent et nous présentent. Et c’est aussi ça qui me convainc qu’il n’est pas dangereux. Qu’il s’en ira sans broncher si je le lui demande. Qu’il me respectera. Je le sais, car je lui ai déjà grimpé dessus pendant certains concerts. C’est l’un des trucs que je préfère faire. Depuis la scène, je lui fais un signe du doigt, et il bondit de son siège pour venir se placer devant moi. Alors, je me jette dans ses mains comme dans Dirty Dancing. Ou alors je lui grimpe sur les épaules ou me laisse tomber dans ses bras comme une mariée. Je lui fais confiance pour me rattraper et me porter un peu partout pendant que je chante. Ça fait partie du numéro, désormais. Mes musiciens et mes fans s’y attendent. Je sais qu’Oleg ne me laisserait jamais tomber. — Viens, lui dis-je. Il hésite et me jette un regard tellement soupçonneux que j’éclate de rire. — Il faut que tu me raccompagnes jusqu’à ma porte. Ma voix me fait paraître plus saoule que je le suis vraiment. Je cligne des yeux. Un instant, il est à trois mètres de moi de l’autre côté du van, et le suivant, il est à mes côtés, à me tenir par le coude pour m’éviter de vaciller sur le trottoir. Je déverrouille la porte de l’immeuble. Oleg ne bouge pas. — Il faut que tu m’accompagnes jusqu’à mon appartement, lui dis-je. Et si quelqu’un essayait de m’agresser dans les escaliers ? Il fronce les sourcils. Bon, d’accord, je ne suis peut-être pas si sobre que ça. Je ne suis pas très convaincante. — Tu es mon garde du corps, affirmé-je. C’est une chose qu’il sait déjà, vu qu’il s’est lui-même donné ce rôle. Nous montons les trois volées de marches qui mènent à mon étage, et j’agite mes clés pour trouver la bonne. Quand j’ouvre la porte, Oleg fait un pas en arrière. Il a une stature impressionnante : épaules larges, torse musclé, des bras épais comme des troncs. Ses cheveux bruns sont coupés aussi ras que sa barbe. — Tu veux entrer ? Son regard brûlant aux iris marron parcourt mon corps, mais il secoue la tête. Je suis surprise d’être aussi déçue. Je crois que j’étais trop sûre de moi. Mais je n’ai quand même pas pu mal interpréter les choses à ce point, si ? Je me tourne vers lui et me penche en avant, debout sur la pointe des pieds pour me pendre à son cou et lever le menton vers lui. — Pourquoi ? Il se fige, et tout son corps devient rigide. Si je ne sentais pas son érection pressée contre mon ventre, je pourrais croire que je ne lui plais pas. Mais je lui plais. — Pourquoi tu te retiens ? susurré-je. Je tire sa tête vers moi et colle mes lèvres aux siennes pour le goûter. Il reste immobile une seconde. Deux secondes. — S’il te plaît. Je veux qu’il sache que j’en ai vraiment envie. Alors, il reprend vie. Mon dos se plaque au mur du couloir lorsqu’Oleg libère des mois d’attirance réprimée. Une main épaisse lisse sous mes fesses, l’autre derrière ma nuque, et il s’empare de ma bouche comme si elle était son oxygène. Je me mets immédiatement à mouiller. Je me frotte à la jambe qu’il a glissée entre mes cuisses, et je l’embrasse avec autant de passion que lui. Je ne sens pas sa langue, mais je me sers de la mienne ‒ sans doute un peu maladroitement. Il me pétrit les fesses et m’aide à me frotter à lui. Je tends la main pour ouvrir ma porte en grand, et je saisis Oleg par son tee-shirt noir ‒ celui qui moule ses épaules larges et ses abdos en béton ‒ pour essayer de l’entraîner dans mon appartement. Essayer, c’est le mot-clé. Car Oleg ne bouge pas. La pulsation entre mes jambes me rend impatiente. — Entre, l’encouragé-je. Il secoue la tête. Non mais... c’est quoi ce bordel ? — Oleg, entre, dis-je d’un ton autoritaire, cette fois. Je lui plais, après tout. Il va me donner ce dont j’ai besoin, non ? Il secoue à nouveau la tête et mime le fait de boire. Eh merde. Sérieux ? — Tu refuses de me toucher parce que j’ai bu ? Il hoche la tête. C’est vraiment un gentleman. — C’est... mignon. Très, très mignon. — Et embêtant. Oleg, tu ne peux pas me faire ça, ajouté-je en tirant sur son tee-shirt. Ce b****r qu’on vient de partager m’a mise dans tous mes états. Tu ne peux pas me laisser comme ça. Ce n’est pas juste. Il fronce de nouveau les sourcils. Serre les mâchoires. Il s’essuie le dessus de la lèvre avec le pouce, et ses yeux se posent sur ma bouche. Je vois bien qu’une lutte se joue en lui, entre l’homme qui me respecte et celui qui ne peut rien me refuser. Et puis l’homme qui souffrira du manque, lui-même. Parce que j’ai senti son érection et elle était dure comme du bois. Comme tout à l’heure, à l’instant où il prend sa décision, il bondit. Il me fait reculer dans mon petit deux-pièces, puis il ferme la porte d’un coup de pied et la verrouille. — Oui, Oleg. Je laisse tomber mon sac à main, me débarrasse de ma veste et me jette de nouveau sur ses lèvres. Nous nous embrassons comme si c’était un concours, à qui dévorera l’autre le premier. Toujours pas de coups de langue de sa part. Comme s’il était trop galant pour ça aussi. Il me soulève, son avant-bras sous mes fesses, et je passe les jambes autour de son torse épais. Il tourne sur lui même pour se repérer dans l’appartement, puis il choisit la bonne porte, celle de ma chambre, où il m’emmène avant de me poser au centre du lit. À l’instant où je me retrouve allongée, il tire sur le trou dans mes collants résille, comme s’il avait prémédité son crime, et il passe sa bouche ouverte sur l’intérieur de ma cuisse jusqu’à atteindre le haut du mini-short que je porte au-dessus de mes collants. Là, il mord le tissu et tire dessus, son souffle chaud contre mon centre. — Tu es impatient, hein ? demandé-je en riant. Pour toute réponse, il pousse un grognement. Et ça... bon sang, ça me fait mouiller. Je me dépêche de déboutonner mon short et de le faire glisser le long de mes hanches. Oleg prend le relais et me l’enlève, ainsi que les collants. Je ris lorsqu’il arrive à mes bottines. Avec un son désapprobateur, il défait mes lacets. En un instant, je suis déchaussée et nue sous la taille. Oleg me saisit les jambes et me tire au bord du lit. C’est un amant un peu brut ‒ très différent de ce que j’avais imaginé ‒, mais j’adore ça. Carrément. Il mordille et embrasse mon centre, mais étonnamment, il ne le lèche pas. Peut-être que ça le dégoûte de mettre sa langue là. Au lieu de cela, il fourre un gros doigt dans sa bouche pour l’humecter et caresse mon entrée. Je suis déjà trempée, et son doigt glisse en moi sans difficulté. D’habitude, je n’aime pas beaucoup être doigtée. Les doigts, c’est trop fin. Et pas assez doux. Trop pointu. Mais celui d’Oleg est énorme. Limite aussi gros que le pénis d’un type normal. Et bon sang, il sait s’en servir. Il l’enfonce en moi plusieurs fois avant d’en introduire un deuxième et de commencer à caresser ma paroi intérieure. J’ouvre la bouche de plaisir lorsqu’il trouve ce qui doit être mon point G. Mes cuisses tressaillent et se serrent contre ses épaules carrées. Il masse le petit amoncellent de nerfs jusqu’à ce que je tremble de partout, puis il se met à aller et venir vite et fort avec ses doigts. — Oh la vache, haleté-je. Je m’agrippe à son bras comme si j’étais sur des montagnes russes. Il glisse l’autre main sous mon débardeur et baisse la coque de mon soutien-gorge. Je suis surprise lorsqu’il pince l’un de mes tétons avec force. Je lève les hanches sur le lit pour le prendre plus en profondeur. Je laisse retomber ma tête sur le lit. L’o*****e est proche. Il lâche un son guttural et se met à aller et venir plus vite. À chaque passage, son pouce caresse mon c******s, et je réagis de façon explosive. Le plaisir m’envahit alors que je jouis pour la première fois grâce à des doigts seuls. — Oh la vache ! répété-je alors que mes muscles continuent de frémir et de se contracter. Je suis impressionnée. — C’était dingue. Trop bon. Je caresse la bosse de son sexe à travers son pantalon. — Je suis plus que prête. C’étaient les meilleurs préliminaires de ma vie. Mais Oleg recule en secouant la tête. — Oh non ! Sérieux ? Je descends du lit et le suis, à moitié nue. — Pourquoi ? Parce que j’ai bu ? J’ai dessaoulé. Ça me paraît fou de supplier quelqu’un de coucher avec moi. Ce n’est pas comme ça que ça se passe, d’habitude. Loin de là. Il sort de ma chambre pour rejoindre la pièce qui fait office de salon et de cuisine. Il ouvre les placards jusqu’à trouver un verre, qu’il remplit d’eau et me tend. Je lâche un petit son de protestation, mais j’accepte le verre parce que c’est extrêmement... gentil. Il est vraiment étonnant. Ses petites attentions contrastent avec son côté sauvage au lit, et je trouve ce mélange enivrant. Comme du chocolat aux cristaux de sel. Dit comme ça, ça paraît bizarre, mais quand on y goûte, on s’aperçoit que c’est délicieux et on regrette que tout ne puisse pas être aussi bon. J’ai envie de regoûter à Oleg. Je le veux tout entier. Il jette un regard au verre d’eau et lève le menton, avant de croiser les bras sur la poitrine. — Ta pose de mec autoritaire n’a pas d’effet sur moi, lui dis-je en ravalant un sourire. J’ai bien envie d’être exaspérée, mais je n’y arrive pas. Mon admirateur russe est aussi respectueux et protecteur que je l’avais imaginé. Je vide le verre d’eau d’un trait et le pose sur le plan de travail. Oleg hausse un sourcil comme pour dire « Tu vois ? » Je lève les yeux au ciel. — C’est bon ? Tu veux retourner dans ma chambre ? Il secoue la tête, mais s’approche de moi. Sa proximité me donne les jambes en coton. Puis il me jette sur son épaule et donne une tape sur mes fesses nues alors qu’il me porte vers la chambre. — Oh ! m’exclamé-je en riant. Oui, Maître, donnez-moi une fessée ! Il se penche pour tirer sur mes couvertures et m’allonge avec tant de douceur que j’en ai les nerfs à vif. Mes fesses fourmillent après sa fessée. Qui est ce type ? Pourquoi ne l’ai-je pas ramené chez moi plus tôt ? Il fait remonter les draps et me borde, avant de me caresser la joue du dos des doigts en me regardant d’un air aussi passionné que quand il assiste à mes concerts. Comme si j’étais la seule humaine de la planète. Quand je suis sur scène, cela m’encourage. Mais là, mon cœur bat la chamade. C’est trop intime. Un peu effrayant. Mais ce moment s’achève vite, car il s’en va. Je sais qu’il ne peut pas parler, mais il ne m’adresse même pas un hochement de tête ou un signe de la main. Il se contente de partir. J’entends la porte d’entrée s’ouvrir et se refermer. Je n’ai pas besoin de vérifier pour savoir qu’il a veillé à ce que la porte soit impossible à rouvrir de l’extérieur sans avoir la clé, pour s’assurer que je sois en sécurité. Je m’emmitoufle dans mes draps et me pelotonne contre mon oreiller. — Il est fou, ce Russe, murmuré-je, un sourire aux lèvres. Mon corps tout entier pétille après notre interlude. Je veux le revoir. En faire plus. Mais d’un autre côté, je suis déjà déçue que nous ayons sauté ce pas, car je sais d’expérience que ça ne durera pas. Je ne suis pas du genre à m’attarder. Dès que les choses deviennent sérieuses, je prends la fuite. L’angoisse monte en moi. Pour moi, c’est le signe que je dois rompre. Pour ne pas finir détruite par l’amour, comme ma mère l’était. Et l’est toujours. Cette amourette ne durera que quelques semaines, comme toutes mes relations, puis elle prendra fin. Et alors, je ne connaîtrai plus jamais le plaisir de donner un concert sous les yeux d’Oleg. De savourer la chaleur de son regard sur moi toute la soirée. Consciente qu’au moins une personne du public est folle de moi. Tant pis. J’en ai déjà bien profité.
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