La vie, après cela, fut pendant une semaine comme un rêve agité. Le jour suivant, elle n’apparut à la cantine qu’au moment où il la laissait. Le coup de sifflet avait déjà retenti. Ses heures de travail avaient peut-être changé. Ils se croisèrent sans un regard. Le deuxième jour, elle était à la cantine à l’heure habi- tuelle, mais avec trois autres filles, et immédiatement sous un télécran. Puis, pendant trois horribles jours, elle n’apparut pas du tout. Il sembla à Winston qu’il souffrait, d’esprit et de corps, d’une insupportable sensibilité, d’une sorte de transparence qui faisait de chaque mouvement, de chaque son, de chaque contact, de chaque mot qu’il devait prononcer ou écouter une agonie. Même en dormant, il ne pouvait échapper complètement au visage de la fille. Ces jours-là, i