QUATRIÈME LETTRE - Charles à Robert

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QUATRIÈME LETTRE Charles à RobertAu nom de Dieu, répondez-moi, mon ami. Voilà un an et plus que je ne reçois point de vos nouvelles. Sans nul doute, vous avez quitté Dinan depuis longtemps. C’est à peine si j’espère que cette lettre vous parviendra. Mettez fin, je vous supplie, à mes inquiétudes. Votre dernière lettre, qui a maintenant quatorze mois de date, et que je relis bien souvent, n’est pas faite pour me rassurer. Elle semble dictée par un esprit malade. Tout ce que j’ai pu comprendre, c’est que, à cette époque, vous étiez fort épris et fort malheureux. Ce n’est point ici le moment de vous demander la clef de vos romanesques mystères. Je vous connais, Robert ; lorsque cette merveilleuse beauté vous eut dit adieu, le charme se dissipa comme par magie. Vous n’êtes point de ceux qui pleurent fort longtemps la perte d’une idole, et je voudrais jurer que ce beau dessein de parcourir l’Angleterre en chevalier errant est encore à exécuter. Tant mieux ! c’eût été une folie de plus sur votre liste, qui n’a nul besoin de se voir allongée. Au lieu de cela, piqué par mes justes reproches, et n’ayant plus rien qui fit obstacle à votre grand voyage, vous avez pris le chemin de fer ou le paquebot, et vous courez encore. Bravo, mon ami, j’aime à vous voir cette ardeur ! Mais pourquoi ne m’avoir pas fait part de vos découvertes ? En quelque pays lointain que vous puissiez être, vous avez dû trouver quelques moyens de faire parvenir vos missives en France. Votre négligence est inexcusable, et vous devez penser qu’elle me chagrine vivement. Moi, je vous ai écrit nombre de fois ; j’ai été jusqu’à faire des démarches aux ministères, sans parler des notes que j’ai fait tenir à divers consulats. J’adresse un double de cette lettre à Buénos-Ayres, où quelques renseignements me portent à penser que vous pouvez être. En tous cas, je suppose, connaissant votre caractère, que vous voudrez revoir Dinan à votre retour en France. Vous y trouverez la collection de mes dépêches. Adieu, mon ami, répondez-moi, et faites que nous nous embrassions bientôt.
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