IMarina était plus frêle un peu et plus pâle que les nymphes brunes de Saint-Angel ; plus fière aussi, quoiqu’elle fût douce comme ses seize ans, et aussi plus jolie. Le château des Pisani avait été ruiné dans les guerres du quinzième siècle. Il s’élevait, solitaire et mélancolique, parmi les frênes et les hauts peupliers, à mi-côte d’une colline fertile qui restait sans culture. Marina était née dans ces nobles ruines. Autour de son berceau, tout parlait de la grandeur passée. Le sol de la pauvre chambre où filait sa nourrice était de marbre, et les murailles lézardées avaient des fresques signées par des maîtres. Il y avait des domaines immenses qui portaient le nom de son père ; le Rubicon coulait pendant des lieues entre deux rives qui avaient été possédées par ses aïeux. Rives dés