CHAPITRE PREMIER - Vie en commun avec Albertine-15

3571 Words

Laissant ces pensées, maintenant qu’Albertine était sortie, j’allai me mettre un instant à la fenêtre. Il y eut d’abord un silence, où le sifflet du marchand de tripes et la corne du tramway firent résonner l’air à des octaves différents, comme un accordeur de piano aveugle. Puis peu à peu devinrent distincts les motifs entrecroisés auxquels de nouveaux s’ajoutaient. Il y avait aussi un nouveau sifflet, appel d’un marchand dont je n’ai jamais su ce qu’il vendait, sifflet qui, lui, était exactement pareil à celui d’un tramway, et comme il n’était pas emporté par la vitesse on croyait à un seul tramway, non doué de mouvement, ou en panne, immobilisé, criant à petits intervalles comme un animal qui meurt. Et il me semblait que si jamais je devais quitter ce quartier aristocratique – à moins q

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