CCCXLIVe nuit Sire, dit la sultane des Indes, voici en quels termes s’exprima l’aveugle devant le kalife Haroun Alraschild. HISTOIRE DE L’AVEUGLE BABA-ABDALLA Commandeur des croyants, je suis né à Bagdad, avec quelques biens dont je devais hériter de mon père et de ma mère, qui moururent tous deux à peu de jours près l’un de l’autre. Quoique je fusse dans un âge peu avancé, je n’en usai pas, néanmoins, en jeune homme, qui les eût dissipés en très peu de temps par des dépenses inutiles et dans la débauche ; je n’oubliai rien au contraire pour les augmenter par mon industrie, par mes soins et par les peines que je me donnais. Enfin, j’étais devenu assez riche pour posséder à moi seul quatre-vingts chameaux, que je louais aux marchands des caravanes, et qui me valaient de grosses sommes ch