Chapitre 16 : Entre l'idée et la réalité

1375 Words
"Entre l'idée et la réalité, entre le mouvement et l'acte, il y a l'ombre. — Thomas Stearns Eliot Jean Je deviens fou, il faut que je sorte d'urgence de cet endroit, il faut que je voie Jade, que je la touche, que je l'embrasse, que je me perde en elle. — Jean ! Je te parle. — Je n'ai jamais vu mon père comme ça, comme si j'avais commis le pire des crimes. Et il a peut-être raison — Tu as envoyé à l'hôpital le fils de ton oncle Bastien qui, au cas où tu ne t'en souviendrais pas, est ton cousin et mon neveu. En plus de cela, tu as menacé le père de la petite amie de Thym avec une arme et comme si cela ne suffisait pas, tu l'as épousée en secret et tu as réussi à faire tout cela en moins de vingt-quatre heures. Mais à quoi tu pensais ? — Son cri me surprend, mon père déteste crier, c'est une sorte de phobie qu'il a. Je n'ai donc pas l'habitude de l'entendre parler comme ça. — Je pensais à elle, papa. Je pensais à Jade — Luka, mon père, qui se tient de l'autre côté de la table, soupire et s'assoit en face de moi, résigné. — Tu vis aux États-Unis, comment tu es tombé amoureux d'elle ? Parce que tu l'aimes, n'est-ce pas ? — Je raconte à mon père notre rencontre à l'aéroport et à son anniversaire, il y a trois ans. — Je ne pouvais pas l'oublier, papa, je ne pouvais pas supporter de la perdre et de la voir épouser Thym, cela signifierait que je devrais la voir aux fêtes de famille en sachant qu'elle ne serait jamais à moi et je ne pouvais pas le supporter — Il me regarde d'une manière étrange, je n'ai pas beaucoup de détails sur l'histoire d'amour de mes parents, mais je sais que lorsqu'ils se sont rencontrés, ils n'ont pas eu la vie très facile. — Jean, je te comprends. En réalité, je le fais ; cependant, vous savez très bien que ce n'était pas la bonne façon d'agir. — Mon père a raison et c'est pourquoi je suis allée rendre visite à Thym quand je suis arrivée des États-Unis. — J'ai essayé de faire changer Thym d'avis, papa. Je lui ai parlé avant qu'il n'aille à l'église — je lui ai demandé d'annuler son mariage ce jour-là, je lui ai dit que Jade n'était pas celle qu'il lui fallait, qu'ils ne seraient pas heureux ensemble et il m'a répondu que mettre fin à ma relation avec Elena m'avait bouleversé. Quelque chose hors contexte parce que je voulais juste qu'il comprenne que Jade était fait pour moi et que je ne l'autoriserais pas à l'épouser. — Thym s'est réveillé et se rétablit — me dit mon père, et je ressens un grand soulagement, parce que même si, pendant un moment, j'ai perdu la tête et n'ai pas pu me contrôler. Thym est mon cousin. — Est-ce que je vais pouvoir sortir ? — Cela fait un peu plus d'une semaine que je suis ici, ce n'est pas aussi grave que je le pensais, mais c'est assez long, je dois prendre ma femme et rentrer à Boston. — Thym a accepté d'abandonner les poursuites — me dit mon père d'un air très sérieux. Je lève les yeux, je ne pensais pas que cela arriverait, Thym ne m'a jamais semblé être le genre de personne calme et qui ne cherche pas à se venger. — Qu'a-t-il demandé en retour ? — Je pose la question. Mon corps se crispe immédiatement. — Jade — dit mon père. Je me lève violemment et frappe la table, me faisant mal, mais je m'en moque. Tout devient noir autour de moi, comme à chaque fois que je sens que je vais la perdre. — Il ne l'aura pas, il ne la touchera pas — je grogne mortellement, elle est à moi, ma femme. — Je ne pense pas que cela dépende de toi, Jean. Tu lui as pris sa copine, c'est logique qu'il veuille la récupérer. — Mon père parle doucement et continue de me regarder dans les yeux. Nous ne sommes pas à l'âge de pierre, même si, ironiquement, je me suis comporté comme un homme des cavernes en l'enlevant. Il ne peut pas me la réclamer en échange de mon départ, elle n'est pas une monnaie d'échange. — Non ! Il ne l'aura pas, c'est ma femme, ma femme. Je suis son mari, moi, pas lui. — Je crie et tape sur la table à plusieurs reprises, mon père me regarde sans se décourager. Les gardes arrivent et m'emmènent hors de l'endroit, je rentre dans ma cellule de détention provisoire et je continue, je frappe tout ce qui m'entoure, la fureur m'envahit. Je ne peux pas me contrôler et j'ai envie de faire du mal à tout ce qui m'entoure. Je passe la nuit à me souvenir de Jade, de ses lèvres et de sa bouche, de son corps contre le mien, de la façon dont elle gémit, de ses gestes à chaque o*****e et de la façon dont elle se mord les lèvres ; de sa peau cannelle nacrée par la sueur, bon sang ! L'avocat de mon père me sort de la cellule le lendemain matin et m'explique que mes parents m'attendent à Bruxelles et que je ne peux pas approcher mon cousin. Mais je ne pense qu'à retrouver Jade, je sais qu'elle a un appartement à Paris, alors je prends un taxi et je me dirige vers cet endroit. Pendant mon enfermement, j'ai refusé de la voir, je ne voulais pas garder le moindre souvenir de ma détention. Je ne sais pas ce que l'avocat lui a dit, mais j'ai réussi à l'empêcher de venir et à ne pas me retrouver dans un endroit aussi déprimant. Je suis donc impatient, je meurs d'envie de la voir et de la posséder, je n'aurais jamais cru pouvoir la désirer aussi intensément. Pendant trois ans, je me suis perdu dans les bras d'autres femmes en espérant ressentir quelque chose de semblable à ce que son toucher et sa proximité m'ont fait ressentir il y a trois ans, sans obtenir de réponse positive, et encore moins quelque chose de comparable à ce que j'ai ressenti le jour de notre mariage. Je veux la surprendre, je profite de l'ouverture de la porte d'entrée de l'immeuble par une vieille dame et je prends l'ascenseur jusqu'au penthouse, où se trouve son appartement. — Oh, m***e ! — J'entends la voix rauque et sulfureuse de Jade et le battement de mes tempes augmente. — Je t'ai demandé un peu de temps, Thym — dit-elle alors que la porte s'ouvre et que je la regarde en face de moi, vêtue d'un jogging et d'une chemise noire, les cheveux attachés sur le dessus de la tête par un ruban de différentes couleurs. Elle n'est pas maquillée, elle est si naturelle et si belle que mon corps réagit immédiatement — Jean ! — Elle soupire et me claque la porte au nez. Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? — Jade, ouvre la porte. — J'attends quelques secondes et la porte est toujours fermée. Qu'est-ce qui ne va pas chez elle ? Pourquoi Thym doit-il lui donner du temps ? Est-ce qu'elle lui parlait au téléphone ? Pourquoi diable lui parle-t-elle ? — Jade, ouvre cette f****e porte, je vais la défoncer et tu sais que j'en suis capable — je grogne d'impatience. La porte s'ouvre immédiatement et j'oublie la furie qu'il m'a fait ressentir il y a quelques secondes. Ses yeux bleus brillent d'intensité, ses seins se balancent au rythme de sa respiration rapide et ses tétons ressortent sous son tee-shirt, me montrant qu'elle ne porte rien. La regarder ainsi me fait perdre complètement le contrôle. — Je suis désolé, Jean. — Sans la laisser finir sa phrase, je me penche sur elle, je lui pince la nuque de ma main ouverte et j'approche mes lèvres des siennes. — Nena, plus tard. Dis-moi tout ce que tu veux plus tard — murmure-je contre ses lèvres, son corps pressé contre le mien, frémissant, et son gémissement rauque rend mon érection insupportable.
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