Chapitre 15 : Rien ne se passe comme ça

2390 Words
Jade — Tu dois te calmer, tu ne peux pas contrôler ses réactions, tu n'es pas sa mère — me dit mon frère Mathis en m'offrant un café. Je me suis rongé les ongles et je ne sais plus que faire. Je déteste les hôpitaux et cela fait une semaine que je viens ici tous les jours, que j'attends le réveil de Thym, que je subis les regards froids de M. Bastien et des frères de Thym. Je me sens extrêmement coupable, même si ce n'est pas moi qui l'ai frappé, mais j'ai accepté Jean et je n'ai pas mis fin à la relation avec Thym au bon moment, ce qui a aggravé la situation et influencé la relation de leurs familles. — Je suis une personne horrible, n'est-ce pas ? — Je me souviens encore de la façon dont Jean a frappé Thym, j'entends le bruit de ses os qui se brisent et je me sens mal de n'avoir rien fait pour l'aider. Pourtant, je n'ai jamais pensé que Jean pouvait être aussi v*****t, même s'il m'avait prévenue. — Ce n'est pas toi qui l'as frappé. — Je bois une gorgée de café et je regarde mon frère. Lui et Ambre ont été avec moi aujourd'hui et m'ont soutenu depuis que tout ce bordel est arrivé. Ce sont les meilleurs frères du monde ! Je n'ai pas dormi ni mangé correctement depuis que Thym a été hospitalisé et que Jean a été arrêté, je n'ai pas pu le voir ni parler à sa famille. — Non, physiquement, je ne l'ai pas fait. J'ai fait pire, j'ai fait traîner notre relation pendant trois ans, seulement pour épouser son cousin. — J'essuie les larmes qui glissent sur mes joues et je regarde Amber s'asseoir à côté de moi. — Là-dessus, je suis d'accord. — Elle dit et prend mon café, elle fait toujours pareil. — Quand on attend si longtemps pour se marier, c'est qu'on n'est pas amoureux. — Je me cogne doucement la tête contre le mur et je ferme les yeux. L'image de l'arrestation de Jean me revient sans cesse à l'esprit, comme elle l'a fait tous ces jours. — J'ai tout compliqué, n'est-ce pas ? — Je les regarde tous les deux. En fait, je ne sais pas ce que j'attends qu'ils me disent, Ambre a quinze ans et Mathis n'a jamais été amoureux, ils ne sont pas les mieux placés pour parler d'affaires de cœur. — Un peu, mais pas autant que ton mari, dont on ne sait toujours pas grand-chose — répond Amber. Le problème, c'est que j'en sais très peu moi-même. — Et apparemment, ton mec ne sait pas grand-chose de toi non plus. Jean Meyers ne s'est pas arrêté pour enquêter sur notre famille, il est parti du mauvais pied en t'enlevant — dit Mathis. Quand j'étais bébé, j'ai été kidnappée par l'ex-compagne de mon père et j'ai été éloignée de ma famille pendant plusieurs mois — et en plus, il bat son cousin devant notre mère. Même si elle déteste les hommes violents. Je suis désolée, ma sœur, ton mari a du mal, parce que ma mère ne te laissera pas partir tranquillement si elle a des doutes, et je suis d'accord avec elle — je sais, et je n'ai aucune idée de ce que nous pouvons faire, je ne veux pas être loin de ma famille. Mon père ne me parle pas, je suis allée à son bureau et hier, j'ai dîné chez lui et pourtant, il m'ignore complètement. La loi du silence me tue et il le sait. Il n'a jamais été aussi dur avec moi auparavant. — Je ne pense pas que tu aies beaucoup réfléchi, tu as agi de manière très impulsive. Mais si j'avais été à ta place, je l'aurais fait aussi sans réfléchir, parce qu'il a un corps incroyable, musclé et fort, avec ses longs cheveux indisciplinés et ses beaux yeux bleus. — Je regarde Amber avec étonnement, elle n'est pas très habituée à parler des hommes de cette façon. En fait, elle ne parle de rien. — Amber, concentre-toi — lui dit Mathis — et elle secoue la tête avec colère. — Ce que je voulais dire, c'est que tu as été très impulsive et que tu n'as pas pris en compte beaucoup de choses, comme le pays dans lequel tu vas vivre ? — Je n'ai vraiment rien pris en compte, Jean vit aux États-Unis, il y fait sa carrière et je ne pense pas qu'il ait l'intention de s'installer en Europe, du moins pas pour l'instant — Jade ! Rita arrive — La voix de ma sœur change et je me tourne vers Rita, la mère de Thym, mon ancienne belle-mère. — Bastien ne veut pas te voir, et si je suis honnête, j'aimerais bien t'arracher les yeux et les donner aux corbeaux, et je t'assure que je ne parle pas au sens figuré. Cependant, Thym s'est réveillé et veut te parler — je me lève extrêmement nerveux. Mes frères m'accompagnent à la porte de la chambre. J'ai la tête en vrac, je ne pense pas pouvoir le regarder dans les yeux et je ne sais pas quoi dire ni comment m'excuser. — Allez, ma sœur. Tu peux le faire — me dit Mathis et je souris tristement. Les yeux de Thym sont fermés et le voir, le visage tuméfié et si fragile, me donne l'impression d'être la pire personne au monde ; de ne pas avoir empêché cela. Pour ne pas avoir mis fin depuis longtemps à une relation qui n'allait nulle part, pas depuis que mon cœur s'est emballé au regard et au toucher de Jean, il y a trois ans. Je me sens horrible, pour avoir poursuivi un engagement et la réalisation d'un mariage qui n'avait ni queue ni tête. — Ma vie ! — La voix de Thym me donne des frissons, de la culpabilité, parce qu'il m'appelle encore ainsi. Parce qu'avant que Jean ne le frappe, Thym m'avait dit qu'il ne me pardonnerait pas de l'avoir trompé et que nous allions nous marier si c'était la dernière chose qu'il faisait. — Thym, je suis désolée. Je te jure que je ne pensais pas que Jean réagirait de manière aussi violente. — Thym lève les yeux et sourit. Comment peut-il me sourire après tout ce qui s'est passé ? — Je suis encore plus désolé, je ne me souviens pas de grand-chose, c'est vrai que nous nous sommes disputés à propos d'Elena le matin avant notre mariage, j'imagine que c'était lié à ça, je t'ai dit que Jean était un garçon particulier. Il a toujours cru que ses gènes étaient mauvais, comme ceux de sa mère biologique — je le regarde, impressionnée. Je ne savais pas que Thym et Jean s'étaient vus avant qu'il ne m'enlève et encore moins qu'ils s'étaient disputés à propos de cette fille — Viens, ma vie, donne-moi un b****r — Sa main tire la mienne et je tombe sur le lit. Je suis choquée, je ne sais pas quoi faire, il veut faire comme si de rien n'était ? J'essaie de me relever et Thym me donne un b****r qui cherche immédiatement à s'approfondir, je commence à trembler, je veux sortir d'ici immédiatement. — Thym a partiellement perdu la mémoire, il ne se souvient pas de ce qui s'est passé au cours des dernières heures — Rita, qui est entrée dans la pièce, m'explique laconiquement. — Quand avons-nous échangé les anneaux ? Ce lui est très simple, tu ne crois pas ? Je ne m'en souviens pas, mais si tu l'aimes, je ne dirai rien contre. Et la bague de ta fiancée, tu l'as oubliée ? — Je cache ma main, je ne peux pas lui dire que sa bague doit être perdue dans la boue d'un château lointain. — Thym, nous devons parler — je ne veux pas lui enlever son illusion et lui dire ce qui se passe vraiment, mais je dois le faire et maintenant, elle ne peut pas continuer à penser que tout va bien et je n'ai pas besoin de tout résoudre pour pouvoir aller voir mon mari qui, sûrement en ce moment, a besoin de moi beaucoup plus que lui. — Je sais que tu dois être en colère parce que nous n'avons pas pu partir en lune de miel, mais ne t'inquiète pas, ma vie, dès que je serai rétabli, nous partirons, je ne peux pas laisser ma femme sans sa nuit de noces. J'aurai le temps de m'en prendre à Jean pour nous avoir fait ça. — Je me tourne vers les parents de Thym, car Bastien est entré dans la pièce il y a quelques secondes. Pense-t-il réellement que je l'ai épousé ? — Thym, je crois que tu es un peu perdue, je... — Il faut le laisser se reposer, le médecin nous a dit qu'il ne fallait pas le stresser, alors on va attendre qu'il retrouve petit à petit la mémoire des heures qui lui manquent, tu auras le temps de discuter avec lui de tout ce que tu veux lui dire — La voix froide de Bastien me laisse sans voix. — Ma chérie, je t'assure que Jean va payer notre voyage de noces. Il a de l'argent, ce ne sera pas compliqué pour lui. Je n'aurais jamais imaginé qu'il se mette autant en colère à cause d'une remarque que je lui ai faite. Je ne sais pas si je t'ai dit que Jean avait une relation avec Elena et que maintenant, elle est avec son frère Jérémie, mais apparemment Jean n'arrive pas à s'en remettre, même si je comprends, ça doit être difficile de voir la femme qu'on aime dans les bras de son frère. — Il me dit et je le regarde abasourdi. De quoi parle-t-il ? — Thym, je ne pense pas que tu lui aies dit quelque chose d'aussi grave, qu'il te frapperait comme ça. — Je lui dis en essayant de retirer ma main et de me lever, mais Thym entrelace nos doigts et caresse mes phalanges et je me souviens immédiatement du geste de Jean quand il me tatouait. — Je ne me souviens pas des détails, mais tu ne connais pas Jean, il est impulsif, sauvage et vindicatif. Je ne sais pas pourquoi il n'a pas réagi lorsque nous nous sommes rencontrés le matin, mais apparemment, il a eu le temps d'accumuler sa rage et de la contrôler, et me voilà maintenant avec ma femme me tenant la main dans un hôpital, au lieu de profiter de notre lune de miel aux Fidji — Il me raconte et semble complètement convaincu de l'histoire qu'il est en train de raconter. Je suis sûre que je vais paniquer, je me tourne vers les parents de Thym à la recherche d'une réponse ou au moins d'une idée sur la façon d'agir, je dois lui dire que nous ne nous marierons pas, mais je ne veux pas le blesser. — Thym, je pense que nous devrions... — Je commence à parler, peut-être que je devrais tout lui dire en même temps, mais il se penche vers moi et m'embrasse à nouveau. — Je t'aime, ma chérie. Je suis si heureux que nous soyons enfin mariés — murmure-t-il avant de se tourner vers son père — Papa, peux-tu m'apporter mon alliance ? Ils ont dû me l'enlever quand je suis entré à l'hôpital, non ? — C'est fou, il faut que je lui dise ce qui se passe vraiment. Je ne peux pas continuer à prétendre que je suis sa femme, alors que tout ce que mon cœur désire, c'est retrouver Jean. — Je vais le chercher, Jade. Tu viens avec moi, s'il te plaît ? — Je ne veux pas l'accompagner, M. Bastien me déteste après ce que Jean et moi avons fait à son fils. Même si je n'ai pas envie de lui parler et que je veux juste quitter cet endroit, je sors de la chambre et le suis dans le couloir, M. Bastien est très sérieux et semble très en colère, ce qui est tout à fait normal, si j'étais à sa place, peut-être que je n'agirais pas aussi calmement. — Thym doit prendre les choses calmement, on ne peut pas le stresser ou le forcer à se souvenir de ce qui s'est passé — me dit M. Solaris lorsque nous arrivons dans le couloir de l'hôpital — je pense que le moins que tu peux faire pour lui est de l'accompagner dans ces moments de confusion, c'est le moins que tu puisses faire, si vous prenez en compte que tout cela est arrivé à cause de toi, tu as fait se battre deux cousins qui ont toujours eu une bonne relation. Jean est le fils de mon frère et j'ai juré de m'occuper de lui, mais en ce moment, je ne sais pas comment me sentir, tu as fait beaucoup de mal à notre famille — je déglutis difficilement, j'ai envie de crier que ce n'est pas ma faute, mais il a raison, j'ai transformé la vie de Thym en un enfer à cause de ma peur d'accepter mes sentiments et au passage, j'ai ruiné toute la famille — Jade, on ne peut pas le contrarier, alors je te demande de ne rien lui dire du tout, jusqu'à ce qu'il retrouve la mémoire — je le regarde sans croire à ce qu'il me demande. — Monsieur Solaris, vous me demandez de me faire passer pour la femme de votre fils jusqu'à ce qu'il se souvienne de ce qui s'est passé ? — Je lui demande, abasourdie par sa demande. Il est fou, cela, à mon avis, ne ferait qu'empirer les choses. — C'est le moins que tu puisses faire pour lui, après le sale coup que Jean et vous lui avez fait — Les larmes coulent sur mes joues, je sais que j'ai mal agi, mais je ne peux pas continuer cette farce — tu sais que j'ai raison et quoi qu'il en coûte, je ne te laisserai pas continuer à faire du mal à mon fils, alors en ce qui me concerne, jusqu'à ce que mon fils retrouve la mémoire, tu es sa femme — M. Solaris s'éloigne et me laisse seule dans le couloir, perdue et avec ma conscience qui me pique à l'intérieur.
Free reading for new users
Scan code to download app
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Writer
  • chap_listContents
  • likeADD